trajetsWayfe, l’appli qui veut « sécuriser » le piéton face au risque d’agression

Agressions : Wayfe, l’appli qui veut « sécuriser » les piétons dans leurs sorties

trajetsL’application mobile propose l’itinéraire jugé « le plus sécurisé » pour se déplacer à pied en ville, de même que le suivi de proches à distance, ou le déclenchement d’alertes
L'application recommande un itinéraire empruntant, notamment, des rues passantes et éclairées.
L'application recommande un itinéraire empruntant, notamment, des rues passantes et éclairées. - F. Brenon / 20 Minutes / 20 Minutes
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Wayfe est une application pour téléphones portables qui vise à « renforcer le sentiment de sécurité » des piétons se déplaçant en ville.
  • L’application existe pour le moment à Nantes et à Lille. Elle prévoit de débarquer à Bordeaux avant la fin d’année.
  • Elle est accessible en deux versions : une gratuite et une autre formule payante. Cette dernière propose le déclenchement automatique d’alerte en cas de danger.

Elle doit son nom à la contraction de way (chemin en anglais) et safe (sûr). Et assume sa ressemblance avec Waze, la fameuse application collaborative de navigation « devenue une référence, un modèle qui inspire ». Lancée à Nantes il y a six mois, une ville qui a été confrontée, comme d’autres, à une médiatisation importante des faits de délinquance, l’application mobile Wayfe est accessible depuis ce mercredi à Lille. Une « nouvelle étape » avant un déploiement à Bordeaux et Poitiers avant Noël, puis Lyon, Marseille et Toulouse en janvier. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Conçue par deux jeunes entrepreneurs, Wayfe vise à « renforcer le sentiment de sécurité » lors des déplacements à pied en milieu urbain. Grâce à la géolocalisation et aux calculs d’un algorithme, elle affiche en temps réel l’itinéraire considéré « le plus sécurisé », c’est-à-dire celui où le risque d’agression paraît le plus faible pour un piéton.

« L’appli va privilégier les rues éclairées, les grands boulevards où il y a du passage et les lieux où se trouvent des caméras de vidéosurveillance, explique Marius Bouffant, cofondateur de Wayfe avec Valentin Bernier. Elle va aussi tenir compte d’éventuels événements dangereux signalés par les utilisateurs, de même que la présence des autres utilisateurs. On se sent en effet davantage en sécurité lorsqu’on n’est pas isolé. » Autre fonctionnalité de Wayfe : informer à distance un cercle de connaissances préenregistré du déplacement de l’utilisateur. « Cela permet de veiller sur un proche en temps réel. C’est rassurant pour les deux parties. Certains utilisateurs ont recours principalement à cette fonction-là », indique Marius Bouffant.

Un système d’alerte automatique

L’outil propose aussi de déclencher une alerte à ses proches et au 112 (numéro européen d’urgence) en cas de problème, que ce soit une chute ou un acte de violence. « Le déclenchement peut se faire manuellement, ou de manière automatique si la technologie décèle un mouvement anormal (course, immobilisme). Si l’utilisateur ne répond pas au bout de dix secondes, l’alerte est transmise avec la localisation de l’appareil. Cette fonctionnalité n’a, heureusement, pas vocation à servir souvent. Depuis notre lancement, si on élimine les déclenchements tests, c’est arrivé deux fois. L’alerte a, notamment, permis à deux jeunes femmes qui avaient été prises à partie sur l’île de Nantes de recevoir de l’aide. »

L'application mobile Wayfe propose l'itinéraire piéton qu'elle considère « le plus sécurisé ».
L'application mobile Wayfe propose l'itinéraire piéton qu'elle considère « le plus sécurisé ». - F.Brenon/20Minutes

Pour l’heure, 15.000 personnes ont déjà téléchargé Wayfe à Nantes. Elles seraient 5.000 à l’utiliser au moins une fois par semaine. Un démarrage « encourageant », à l’image des « nombreux retours reçus », selon les responsables de l’appli, malgré quelques critiques jugeant cette dernière trop « anxiogène » ou « gadget ». « Une majorité de nos utilisateurs sont des utilisatrices mais, pour autant, ce n’est pas un outil pensé pour les femmes, insiste Marius Bouffant. On s’adresse à tous les profils, tout le monde peut potentiellement éprouver un sentiment d’insécurité. Nous-mêmes nous nous sommes rendu compte que nous adaptions nos sorties. La sécurité peut avoir un impact significatif sur notre quotidien. »

Bientôt 100.000 utilisateurs ?

L’application mobile se décline en une version gratuite, donnant accès aux fonctions de base, ou en version payante (2,99 euros par mois), avec toutes les options, notamment l’alerte automatique. Son modèle économique passe également par des abonnements payants destinés spécifiquement aux salariés d’entreprise ou aux établissements du secteur de l’hôtellerie-restauration. Wayfe, qui a reçu le soutien du syndicat professionnel GHR, s’engage en contrepartie à donner de la visibilité aux partenaires.

Basée à Nantes, la société emploie cinq salariés. Un effectif qui pourrait rapidement grossir si le développement suit le rythme ambitieux envisagé. « Nous souhaitons atteindre les 100.000 utilisateurs d’ici un an et passer les 500.000 sous deux ans, confie Marius Bouffant. On aimerait nous aussi devenir une référence en étant disponible dans toute la France, même dans les villes moyennes si possible. Ce serait pertinent. »