COMPTE RENDULes républicains débattent et se déchirent pendant que Trump s’amuse

Présidentielle américaine 2024: Les républicains débattent et se déchirent pendant que Trump s’amuse

COMPTE RENDUSur la scène de Miami, mercredi soir, les attaques ont fusé tandis que Donald Trump a, une nouvelle fois, organisé une contre-programmation
Les candidats à la primaire républicaine Nikki Haley, Ron DeSantis et Vivek Ramaswamy lors du débat télévisé organisé par la chaîne NBC News à Miami, le 8 novembre 2023.
Les candidats à la primaire républicaine Nikki Haley, Ron DeSantis et Vivek Ramaswamy lors du débat télévisé organisé par la chaîne NBC News à Miami, le 8 novembre 2023. - JOE RAEDLE / AFP / GETTY IMAGES NORTH AMERICA
Philippe Berry

Philippe Berry

L'essentiel

  • Le troisième débat télévisé de la primaire républicaine s’est tenu mercredi soir à Miami.
  • Les cinq républicains présents ont canardé à tout-va, sur Donald Trump pour commencer, puis les uns sur les autres.
  • Largement favori des sondages, l’ancien président américain organisait en même temps un meeting « MAGA » pour se concentrer sur son probable duel face à Joe Biden.

Une primaire en écran splitté. Cinq candidats républicains à la présidentielle américaine de 2024 se sont affrontés mercredi lors d’un nouveau débat télévisé tendu où les coups – parfois très bas – ont fusé. A 20 km de là, Donald Trump, qui fait l’impasse sur les débats vu son avance dans les sondages, s’en est donné à cœur joie avec un meeting MAGA sans risque, au lendemain d’élections locales où les démocrates ont marqué des points et à deux mois du premier scrutin républicain dans l’Iowa.

Union presque sacrée contre Trump pour commencer

Alors qu’ils comptent entre 45 et 50 points de retard dans les sondages de la primaire sur Donald Trump, Ron DeSantis, Nikki Haley, Vivek Ramaswamy, Tim Scott et Chris Christie ont d’abord tiré sur le grand absent. « Donald Trump vous doit des comptes », a commencé le gouverneur de Floride, citant en vrac « le mur pour lequel le Mexique n’a pas payé, la dette, le swamp (les lobbyistes de Washington) que Donald Trump n’a pas vidé ». « J’en ai assez que les républicains perdent », a insisté DeSantis, après les défaites des conservateurs aux midterms de 2022 et à plusieurs élections locales ce mardi, qu’il impute à l’ancien président.

« Quiconque va passer la prochaine année et demie à essayer d’éviter la prison et les tribunaux ne peut pas diriger ce parti ou ce pays », a embrayé l’ex-gouverneur du New Jersey Chris Christie. Même Vivek Ramaswamy, 38 ans, qui se qualifie volontiers de « Trump 2.0 », a assuré que l’heure était venue pour « la nouvelle génération » de prendre la relève.

Clashes et coups bas

Mais l’union n’a pas duré. Nikki Haley et Vivek Ramaswamy, qui s’étaient déjà clashés lors des précédents débats, ont remis ça. Le jeune entrepreneur a d’abord qualifié le président ukrainien Volodymyr Zelensky de « nazi en pantalon cargo ». Puis Nikki Haley, fervente soutien de l’Ukraine, de « Dick Cheney en talons de 7 cm », en référence à l’ancien vice-président néoconservateur. La riposte de l’ex-ambassadrice américaine à l’ONU a fait mouche : « Déjà ce sont des talons de 12 cm. Ce n’est pas pour le style, ce sont des armes. »

Critiqué par Haley au précédent débat pour avoir rejoint TikTok, qu’elle considère comme un cheval de Troie de Pékin, Ramaswamy a ironisé, assurant que la fille de son adversaire avait « longtemps utilisé l’appli », oubliant une des règles non négociables en politique : on ne touche pas aux enfants. « Leave my daughter out of your voice ! » (Laisse ma fille en dehors de ça), s’est énervée l’ex-gouverneure de Caroline du Sud, reprenant presque la formule de Will Smith sur sa femme aux Oscars. Avant de conclure par une insulte : « You’re just scum » (à mi-chemin entre « tu n’es qu’une ordure » et « une merde »).

Le débat a également été marqué par des échanges tendus entre Haley et DeSantis sur le fracking, la première accusant le second d’avoir changé de position. « Ce n’est pas vrai », a répondu DeSantis dans un rire crispé.

L’avortement plombe les républicains

Depuis que la Cour suprême est revenue sur l’arrêt Roe v. Wade en juin 2022, les républicains se font punir par les électeurs, y compris dans des Etats conservateurs. Mardi, l’Ohio a choisi d’inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution de l’Etat, pour une sixième victoire consécutive à un tel référendum.

Pas vraiment à l’aise sur la question, Ron DeSantis a défendu ses positions « pro-life », assurant que les républicains avaient besoin de « devenir meilleurs sur ces référendums ». Vivek Ramaswamy, lui, a plaidé pour « davantage de responsabilisation des pères ». C’est Nikki Haley qui a été la plus chaleureusement applaudie par le public, en prônant une approche mesurée. « Je suis pro-life mais je ne juge personne pour être pro-choice (favorable à l’IVG). Les électeurs ont le pouvoir ». Elle a rappelé qu’il n’y aurait jamais 60 sénateurs sur 100 pour interdire l’avortement au niveau fédéral et plaidé pour un compromis national sur une durée maximale, concluant : « Nous devons arrêter de diviser l’Amérique sur cette question ».

Donald Trump en roue libre

A moins de 20 km de là, Donald Trump n’a pris aucun risque avec un meeting politique presque à domicile, qu’il a terminé en dansant. « Il reste quoi, six ou sept candidats ? Je crois qu’ils sont à un débat ce soir, mais personne ne regarde », a-t-il ironisé. L’ancien président s’est gargarisé de ses sondages, se moquant de Nikki Haley « qui avait juré qu’elle ne serait jamais candidate contre moi avant de changer d’avis trois mois plus tard ».

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Il a réservé l’essentiel de ses attaques à Joe Biden, « qui n’est pas trop vieux mais trop incompétent » pour être président. Avant de se lancer dans une imitation de Biden « cherchant son chemin à la fin d’un discours ». Prochaines hostilités télévisées le 6 décembre, normalement toujours sans Donald Trump.