succèsIl cumule les millions de vues avec ses vidéos sur les champignons

« Je ne m’y attendais pas… » Il cumule les millions de vues avec ses vidéos sur les champignons

succèsSamir Hocine diffuse depuis deux ans des contenus pédagogiques consacrés à la nature et, plus particulièrement, aux champignons. Sa principale motivation : apprendre à distinguer les espèces comestibles et toxiques
Samir Hocine se met en scène sur les réseaux sociaux avec ses vidéos consacrées à la nature, en particulier aux champignons.
Samir Hocine se met en scène sur les réseaux sociaux avec ses vidéos consacrées à la nature, en particulier aux champignons. - F.Brenon/20Minutes / Youtube
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Samir Hocine, 33 ans, est un influenceur qui vit en Mayenne, passionné de plantes et de mycologie.
  • Il propose des vidéos sur les réseaux TikTok, Instagram, Facebook et, depuis peu, sur Youtube.
  • Des adolescents, adultes et retraités le suivent pour éviter les pièges et glaner des conseils.

Bien qu’un peu chamboulée par la météo, la saison des champignons bat son plein en ce moment. Et si la cueillette attire toujours des milliers d’amateurs un peu partout en France, l’un des plus passionnés, l’un des plus célèbres surtout, se trouve sur Internet. Samir Hocine, 33 ans, se fait remarquer depuis près de deux ans par ses vidéos pédagogiques regroupées sous le titre « La nature et ses secrets ». Au programme : des courtes présentations de plantes, d’arbres, de fleurs et, le plus souvent, de champignons, filmés dans leur environnement, généralement une forêt de l’ouest de la France, le terrain de jeu favori de ce Mayennais barbu. Et le succès est au rendez-vous : plus de 440.000 personnes le suivent aujourd’hui sur TikTok, 135.000 sur Facebook, 105.000 sur Instagram.

« C’est valorisant, ça montre que mes contenus plaisent, apprécie Samir Hocine. Surtout que je ne pensais pas du tout en être là au départ. J’avais pris l’habitude de partager sur ma page Facebook mes photos de cueillette mais ça n’intéressait pas grand monde au-delà de mon entourage, et encore. Et puis, un jour, ma sœur, qui est elle-même influenceuse, m’a conseillé de me lancer sur TikTok. Elle était convaincue qu’il pouvait y avoir un public en recherche de vidéos sur ce thème. A mon grand étonnement, ça a très vite décollé. Mais ce n’est encore que le début je pense. Il y a une grosse marge de progression. »

« Enormément de personnes commettent des erreurs »

Certaines vidéos, comme celles consacrées à l’amanite vireuse, à l’amanite tue-mouche, à l’amadouvier ou au polypore du bouleau, avoisinent le million de vues sur TikTok. Sa séquence consacrée aux champignons toxiques tutoie même les 4 millions de visionnages. Pas étonnant. Permettre aux gens de « ramasser en toute sécurité » en sachant « distinguer les espèces comestibles des dangereuses », c’est là la motivation première de Samir Hocine.

« Je me rends compte qu’énormément de personnes commettent des erreurs. Elles peuvent ramener des champignons toxiques, parfois mortels, à la maison, en donner à leurs enfants. Il y a vraiment une éducation à faire là-dessus. Il y a beaucoup de mycologues qui donnent d’excellents conseils mais qui n’ont pas de visibilité et n’atteignent pas suffisamment de personnes. Il y a aussi le réseau des pharmaciens mais tous ne sont pas très bien formés et, au moindre doute, ils conseillent de jeter tout le panier. C’est dommage. »

Samir Hocine, ici avec son fils, effectue régulièrement des sorties dans les forêts de l'ouest de la France.
Samir Hocine, ici avec son fils, effectue régulièrement des sorties dans les forêts de l'ouest de la France. - S.Hocine

Il faut dire qu’avec plus de 3.000 espèces de champignons recensées rien qu’en France, être sûr de son diagnostic n’est pas donné à tout le monde. « Les comestibles ont quasiment tous leur sosie vénéneux, expose Samir Hocine. Je peux citer l’exemple des agarics aux lamelles roses, qui ne sont pas forcément des rosés-des-prés, ou des lépiotes, dont les formes toxiques se confondent très facilement avec des coulemelles. Même des personnes habituées, convaincues de savoir, peuvent se tromper. Et il y a malheureusement chaque année des accidents graves. »

« J’aimerais bien pouvoir en vivre »

Le Lorrain d’origine, qui a récemment quitté son job de vendeur de produits de bien-être, n’est pourtant pas un scientifique de formation. Ses connaissances, il les tient de l’observation répétée de la nature, une « passion » développée dès l’enfance. « A chaque sortie, je ramenais trois espèces que je ne connaissais pas et j’allais questionner des mycologues. Au fur et à mesure, je me suis spécialisé. Encore aujourd’hui je lis énormément sur le sujet, je regarde des émissions, je fais de la microscopie, j’échange avec des mycologues et des passionnés… »

La production de ses vidéos lui prend également de plus en plus de temps. Samir en publie une par jour en moyenne. « Au cours d’une sortie en forêt de 8 heures, je peux en tourner jusqu’à dix. Ça dépend vraiment de ce que je vais trouver. Il n’y a pas de secret véritable, il faut se balader et ouvrir l’œil. » Le profil de son public serait « très large », de l’adolescent curieux jusqu’aux retraités expérimentés. « Il y a un peu plus de femmes qui regardent les vidéos sur les plantes et une majorité d’hommes pour les champignons. J’ai beaucoup d’adultes qui me contactent pour des conseils, des scolaires qui préparent un exposé. J’essaie de répondre à chaque fois. Parfois la discussion se poursuit en privé. Voir qu’il y a autant de personnes qui s’intéressent à la nature, c’est vraiment rassurant. »

Malgré les audiences grandissantes, ce père de famille ne gagne pas sa vie avec ses contenus. « Je reçois quelques produits gratuits via des partenariats mais c’est tout. C’est difficile de monétiser ses vidéos sur les réseaux. J’aimerais bien pouvoir en vivre. C’est pour ça que j’essaie de me développer désormais sur YouTube. » En parallèle, Samir Hocine réfléchit à ouvrir une boutique de produits en lien avec la nature. Et ne rate jamais une occasion de découvrir de nouveaux terrains de jeu. « Dès que je vais voir des amis ou des proches ailleurs en France, j’essaie d’en profiter pour faire une sortie, sourit-il. Ça me permet d’ouvrir mes horizons. C’est ma passion. »