ICI ET AILLEURSLes marches contre l’antisémitisme ou pour Gaza, qui va marcher où ?

Marche contre l’antisémitisme : Qui va marcher où, et pourquoi ?

ICI ET AILLEURSUne revue (non exhaustive) des milles et une positions concernant les différentes marches prévues ce week-end en France
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et le président du Sénat, Gérard Larcher, mercredi soir, sur TF1.
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et le président du Sénat, Gérard Larcher, mercredi soir, sur TF1. - Ludovic Marin / AFP
Rachel Garrat-Valcarcel

Rachel Garrat-Valcarcel

L'essentiel

  • L’appel des présidents des deux chambres du Parlement à marcher contre l’antisémitisme ce dimanche ne fait pas l’unanimité.
  • C’est la présence du RN qui indigne, à gauche et dans la majorité.
  • Alors, qui va où, et quand ? On fait le point.

Depuis l’appel de Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher à une marche pour la République et contre l’antisémitisme, dimanche, à Paris, la polémique n’en finit pas. Faut-il y participer alors que le Rassemblement national, parti leader de l’extrême droite en France et qui a plus que des racines antisémites, a annoncé sa participation ? Même si le débat fait surtout rage à gauche, le malaise est aussi perceptible dans la majorité. On fait le point sur qui va marcher ? Où ? Et surtout pourquoi ?

Dans la majorité

Malgré le malaise qu’ont certains à manifester avec le RN, parmi les élus contactés, on compte peu de désistements. Au gouvernement, Élisabeth Borne va faire le déplacement et elle ne devrait pas être la seule ministre. Emmanuel Macron ne devrait pas en être, d’après la communication faite vendredi soir par l’Elysée. Chez Renaissance, on appelle à manifester mais « pas derrière la même banderole que le Rassemblement national ». Stéphane Séjourné, le secrétaire national du parti, devrait être à Paris. A titre indicatif, Mathieu Lefèvre, député du Val-de-Marne, président du groupe d’amitié France Israël, sera aussi à Paris. Tout comme Pieyre-Alexandre Anglade (Français de l’étranger), Patrick Vignal (Hérault) ou Maud Bregeon (Hauts-de-Seine). Violette Spillebout (Nord), sera, elle, à Lille.

Au MoDem, François Bayrou préfère le rassemblement devant la préfecture de Pau, ville dont il est le maire. L’Association des maires de France a en effet lancé son propre appel contre l’antisémitisme devant les préfectures. Mais le président du groupe MoDem à l’Assemblée, Jean-Paul Mattei, lui aussi élu béarnais, reviendra à Paris pour la marche « officielle », tout comme l’élu breton Erwan Balanant, par exemple. Chez Horizon, le patron du parti, Edouard Philippe, n’en sera pas, il est en déplacement en Martinique. Contacté, le président du groupe à l’Assemblée, Laurent Marcangeli, élu de Corse, n’a pas répondu.

Parti socialiste, Parti communiste, Europe Écologie Les Verts, Générations

Les trois partis de gauche seront à la marche de dimanche entre l’Assemblée et le Sénat, ensemble, voulant faire un cordon sanitaire avec le reste du cortège et le RN. Olivier Faure, le patron du PS, qui avait lui-même appelé à une marche transpartisane contre l’antisémitisme dimanche dernier, en sera, tout comme le chef des députés et députées socialiste, le landais Boris Vallaud. Le député Philippe Brun, élu de l’Eure, ira au rassemblement prévu à Evreux. Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, élu du Nord, ne pourra pas être à la marche parisienne pour des raisons matérielles.

Les choses sont un peu plus complexes chez les écologistes, où le cas de conscience à manifester dimanche contre l’antisémitisme avec l’extrême droite semble très répandu. Cas d’école : la présidente du groupe à l’Assemblée, Cyrielle Châtelain, sera dans sa circonscription en Isère ce week-end et a « besoin d’encore un peu de réflexion pour prendre sa décision », car elle « regrette l’instrumentalisation de la marche par celles et ceux qui ont propagé l’antisémitisme ». Elle espère un appel à manifester par exemple à Grenoble qui exclurait explicitement l’extrême droite, comme il en existe ailleurs.

Pour autant, Marine Tondelier, la secrétaire nationale, se rendra à la marche de dimanche, après s’être rendue à celle de samedi, de République à Nation, pour la libération des otages et le cessez-le-feu à Gaza. Sandrine Rousseau (Paris) sera à la marche de dimanche après-midi mais ne pourra faire celle de samedi « pour des raisons matérielles ». Beaucoup d’écologistes feront les deux manifs. Côté maires, celui de Grenoble, Éric Piolle, ne pourra se rendre à Paris, mais soutien le cordon sanitaire des partis de gauche. Grégory Doucet, le maire de Lyon, se rendra à la marche citoyenne de sa ville.

Beaucoup de cas de conscience sur la manifestation de dimanche après-midi aussi côté communiste. Fabien Roussel (Nord), le secrétaire national du parti, fera comme Marine Tondelier les deux marches de samedi et dimanche après-midi à Paris. Côté Générations, qui laisse libre les siens d’aller à la marche qui leur convient le mieux ( « pas d’injonction, pas d’instrumentalisation »), Arash Saedi, co-coordinateur du mouvement, et Benjamin Lucas, députés des Yvelines, seront à Berlin, pour un voyage prévu de longue date. Dimanche, ils se rendront au mémorial de la Shoah.

A la France insoumise

C’est le gros morceau. Le mouvement refuse de se mêler à la marche de dimanche après-midi avec le RN. Le mouvement a déjà manifesté lors d’un rassemblement en mémoire de la Nuit de cristal, jeudi soir, à Paris, dans le 11e arrondissement.

On se rendra plutôt à l’appel des organisations et syndicats de jeunesse pour un rassemblement contre l’antisémitisme et l’extrême droite, dimanche matin, au mémorial de la rafle du Vel d’hiv, à Paris. La présidente du groupe insoumis Mathilde Panot (Val-de-Marne) en sera, en compagnie de Manuel Bompard (Bouches-du-Rhône), Hadrien Clouet (Haute-Garonne), Paul Vannier (Val-d’Oise), Sophia Chikirou (Paris), Louis Boyard (Val-de-Marne), Aurélie Trouvé ou Thomas Portes, tous deux élus de Seine-Saint-Denis. L’eurodéputée Manon Aubry y sera aussi.

Plusieurs députés et députées insoumises se rendront aussi à des manifestations en région, où les mots d’ordre excluent clairement l’extrême droite. C’est le cas à Strasbourg, où on retrouvera François Ruffin (Somme), Alexis Corbière (Seine-Saint-Denis), Raquel Garrido (Seine-Saint-Denis), en compagnie du local de l’étape Emmanuel Fernandes. Idem à Nantes, où en plus du député local Andy Kerbrat, on pourrait retrouver Clémentine Autain, mais ce n’est pas encore certain.

Enfin, plusieurs députées et députés insoumis devraient aussi aller à la manifestation de samedi pour la libération des otages et le cessez-le-feu à Gaza, dont Mathilde Panot, Nadège Abomangoli (Seine-Saint-Denis), Aurélie Trouvé, Paul Vannier ou Louis Boyard. Thomas Portes, Antoine Léaument (Essonne) et Carlos Martens Bilongo (Val-d’Oise) seront eux à Lyon dans une manifestation contre l’extrême droite.

A l’extrême droite

Marine Le Pen a demandé à tous les électeurs et électrices du Rassemblement national de se rendre à la marche citoyenne organisée par Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher dimanche. Elle-même devrait s’y rendre, comme une bonne partie de l’état-major du parti dont son président, Jordan Bardella. Jean-Philippe Tanguy, élu de la Somme, président délégué du groupe RN à l’Assemblée, sera par exemple lui aussi à la manifestation parisienne.

Le parti Reconquête d’Éric Zemmour appelle lui aussi à suivre le mouvement. Marion Maréchal, ancienne députée du Vaucluse et tête de liste du parti pour les élections européennes, y sera.

Chez Les Républicains

Le parti de droite appelle sans bémol à manifester à l’appel des présidents des deux chambres à Paris, ou de l’Association des maires de France en régions. Il n’y a donc que peu d’enjeux sur la présence des élus LR. Éric Ciotti, le chef du parti, qui sera à Paris, appelle même le président de la République a se rendre lui-même à la marche parisienne de dimanche après-midi. A titre indicatif, notez que le député Aurélien Pradié sera retenu au salon du libre de Brive, l’un des plus importants du pays, mais tentera de marcher dimanche dans le Lot, son département d’élection.