FOOTBALLUn premier succès de l’OL en Ligue 1 pourrait-il vraiment tout débloquer ?

Ligue 1 : « Une libération mentale »… Un premier succès de l’OL pourrait-il vraiment tout débloquer ?

FOOTBALLDerniers du championnat, avec sept points de retard sur le premier non relégable, l’Olympique Lyonnais se déplace ce dimanche (17h05) à Rennes. Au vu du criant manque de confiance affiché, une victoire en Ligue 1 serait-elle à coup sûr un déclic ?
Alexandre Lacazette, Mahamadou Diawara et Saël Kumbedi, ici lors du nul (1-1) concédé dimanche dernier contre le FC Metz : les têtes baissées ne manquent pas cette saison du côté lyonnais.
Alexandre Lacazette, Mahamadou Diawara et Saël Kumbedi, ici lors du nul (1-1) concédé dimanche dernier contre le FC Metz : les têtes baissées ne manquent pas cette saison du côté lyonnais. - Laurent Cipriani/AP/SIPA / SIPA
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • Lanterne rouge de la Ligue 1 après dix matchs disputés, l’Olympique Lyonnais (4 points sur 30) va tenter d’obtenir, ce dimanche (17h05) à Rennes, son premier succès de la saison.
  • Pas du tout programmés à lutter pour leur maintien dans l’élite cette saison, les partenaires d’Alexandre Lacazette espèrent surtout que cette première victoire qui se fait tant attendre aura valeur de déclic sur un groupe souffrant d’un criant manque de confiance.
  • 20 Minutes a interrogé Olivier Quint, Sandy Paillot, Adrien Regattin et David Linarès, qui ont tous été confrontés durant leur carrière à une interminable série de matchs sans victoire en Ligue 1.

«Trust the process. » L’OL est-il capable de se hisser au niveau des Sixers de Philadelphie et de l’Estac Troyes 2015-2016 ? Cancre absolu de l’histoire de la NBA à l’époque, Phily (sans Joel Embiid blessé) avait alors enquillé 18 défaites de rang en début de saison, avant de remporter son premier match contre les Lakers de Kobe Bryant. De leur côté, les Troyens avaient éclaté les records en signant leur premier succès de la saison lors de la 22e journée de Ligue 1 (oui oui, en phase retour donc !), le 23 janvier 2016 à Lille (1-3). En quête désespérée d’une victoire depuis le 17 mai, les supporteurs lyonnais croisent les doigts pour que la série noire (quatre nuls et six défaites, sept points de retard sur le premier non relégable) s’arrête à la 12e journée, ce dimanche (17h05) à Rennes.

De-ci de-là, les plus optimistes quant au sort de l’actuelle lanterne rouge du championnat s’appuient principalement sur une théorie : « Le plus dur est de gratter une première victoire qui fera office de déclic. A partir de là, cette équipe a assez de qualité pour se sauver haut la main ». Non, il ne s’agit pas des mots de John Textor après l’un des plus célèbres naufrages du début de saison lyonnais contre Clermont (1-2) mais cette petite musique est l’un des seuls moyens de croire en une non-relégation de l’OL, le 18 mai 2024 à 23 heures. Alors, y a-t-il du vrai là-dedans : à quel point un premier succès peut-il tout changer dans une dynamique de groupe ?

« Il y a une part de fantasme dans cette première victoire de la saison », estime David Linarès. Ancien champion de France avec l’OL en 2002, celui-ci a été en 2020-2021 l’entraîneur de Dijon, qui a attendu la 12e journée de Ligue 1 pour enfin gagner un match (1-3 à Nice). « Ce qu’il faut vraiment pour se créer une nouvelle dynamique, c’est une série positive, poursuit l’ex-milieu de terrain. Le maintien est une course d’endurance. D’ailleurs, le contenu des matchs est aussi important que le résultat brut. Il ne faut pas se dire qu’une première victoire va tout déclencher. »

Grenoble attaque une saison de Ligue 1… avec onze défaites de rang

David Linarès en sait quelque chose : remonté à la place de barragiste en décembre 2020, son DFCO a par la suite enchaîné une invraisemblable série de 12 défaites consécutives enterrant tout espoir de maintien dès l’arrivée du printemps (dernier avec 21 points au final). Avec dans ses rangs l’actuel attaquant lyonnais Mama Baldé (tiens tiens).

Témoin privilégié d’un autre épisode marquant des séries de lose en Ligue 1, l’ancien défenseur Sandy Paillot, formé à l’OL, n’a pas oublié les 11 défaites du Grenoble Foot 38… lors des 11 premières journées. Titulaire dans cette équipe iséroise ayant bouclé une saison maudite avec 23 points au compteur, celui-ci se penche sur la dimension mentale de l'immense galère avant d'enfin remporter un match officiel (le 6 décembre 2009, à la 15e journée de Ligue 1, dans le cas de Grenoble).

« Attendre aussi longtemps une première victoire, c’est très très dur. Tant que tu es embourbé dans une mauvaise série, avec des défaites où ça ne se joue à rien, c’est hyper frustrant. Je le vivais mal personnellement : tout le monde nous parlait sans cesse du besoin de gagner un match, il y avait beaucoup de pression sur les épaules de tous les joueurs. Mais il faut rester stimulé et garder espoir car on sent que ça peut bien s’enchaîner une fois que ce premier succès arrive. Même s’il est moche, il faut surfer dessus. C’est là qu’on voit à quel point la confiance est hyper importante car on avait quand même une belle équipe, avec Ljuboja, Matsui, Batlles, et une fois qu’on a gagné ce premier match (1-0 contre Toulouse), on se sentait vraiment bien. On pouvait exploser tout le monde. » »

Le défenseur grenoblois Sandy Paillot (à gauche), ici au duel avec le Marseillais Brandao, avait entamé une incroyable série de onze revers de rang en Ligue 1 contre l'OM (0-2), en août 2009.
Le défenseur grenoblois Sandy Paillot (à gauche), ici au duel avec le Marseillais Brandao, avait entamé une incroyable série de onze revers de rang en Ligue 1 contre l'OM (0-2), en août 2009. - FRANCOIS MORI/AP/SIPA

« Si tu ne penses qu’à gagner enfin un premier match, ça te bouffe… »

Dans les faits, l’équipe de Sandy Paillot a certes « explosé » Auxerre (5-0) et le PSG (4-0) au Stade des Alpes, mais elle n’a remporté que cinq matchs dans toute sa saison de Ligue 1. Preuve que le précieux succès face à Toulouse n’a pas eu un effet miraculeux sur un groupe ayant fini à 17 points du premier non relégable. Pour trouver trace d’un (rarissime) cas d’entame de saison cata ayant débouché sur un maintien tranquille, il faut remonter au début du siècle. Alors champion de France en titre, et donc clairement pas programmé (tout comme cet OL 2023-2024) à passer toute la phase aller dans la zone rouge, le FC Nantes (10e au final) avait attendu la 12e journée pour lancer sa saison en championnat (comme Dijon en 2020, et les Lyonnais à Rennes ce dimanche ?).

« La grande différence que je vois avec l’OL actuel, c’est que si on n’y arrivait pas en Ligue 1, on s’aérait la tête en gagnant des matchs de Ligue des champions la semaine, note Olivier Quint, milieu offensif des Canaris de 2001 à 2006. La Coupe d’Europe nous a dans ce sens beaucoup aidés car on a jamais douté. Si tu ne penses qu’à gagner enfin un premier match, ça te bouffe… Et puis avant d’être champion en 2001, il ne faut pas oublier que le FC Nantes s’était maintenu à la dernière journée la saison précédente. Plusieurs de nos joueurs étaient déjà au club alors et ça nous a aidés : il n’y avait pas de panique quant au risque de descente. » Même si les hommes de Raynald Denoueix (limogé à la trêve hivernale) avaient surclassé le PSV Eindhoven (4-1) et la Lazio Rome (3-1) en septembre 2001 à la Beaujoire, le premier succès en Ligue 1 était très attendu.

Malheureux en Ligue 1 durant toute la phase aller de la saison 2001-2002, le FC Nantes d'Olivier Quint était par contre dans le même temps capable de battre le PSV Eindhoven et la Lazio Rome sur la scène européenne.
Malheureux en Ligue 1 durant toute la phase aller de la saison 2001-2002, le FC Nantes d'Olivier Quint était par contre dans le même temps capable de battre le PSV Eindhoven et la Lazio Rome sur la scène européenne. - DUSAN VRANIC/AP/SIPA

« Ça va recommencer, on va encore galérer »

« Oui, l’emporter à Sochaux (0-1 le 27 octobre 2001) était une libération mentale car on traînait cette série comme un boulet, reconnaît Olivier Quint. Mais une première victoire ne garantit rien : c’est un petit déclic qui redonne le sourire. Mais le plus dur est de faire une série à partir de là. » Cette fameuse série qu’on imagine mal la bande à Fabio Grosso capable d’effectuer entre les prochaines affiches contre Rennes, Lille, Lens, Marseille, Toulouse, Monaco et Nantes d’ici Noël. Mais après tout, qui aurait imaginé que le TFC de Pascal Dupraz allait sauver sa place dans l’élite en 2015-2016 ? Et ce malgré deux séries de treize puis de neuf matchs sans la moindre victoire.

« Quand tu gagnes après une longue série noire, c’est une délivrance, raconte l’ancien milieu offensif toulousain Adrien Regattin. Tu rentres chez toi soulagé mais il faut faire bien attention à ne pas s’enflammer. Selon moi, le match d’après est le plus important. Si tu enchaînes, là tu pars vraiment sur une spirale positive. Si tu perds en revanche, c’est très, très dur, tu peux replonger. Tu te dis : "ça va recommencer, on va encore galérer". Il y a un côté mental très important dans le foot. Quand tu n’es pas bien, un poteau est souvent sortant par exemple. » »

Adrien Regattin et Pascal Dupraz avaient contribué au miraculeux maintien dans l'élite du TFC en 2016.
Adrien Regattin et Pascal Dupraz avaient contribué au miraculeux maintien dans l'élite du TFC en 2016. - Pascal Pavani / AFP

Désormais milieu offensif d’Eyüpspor, leader de D2 turque, Adrien Regattin se souvient de « l’électrochoc » provoqué par l’arrivée de Pascal Dupraz sur le banc du TFC, à dix journées de la fin de cette saison 2015-2016. Même si les partenaires de Wissam Ben Yedder s’en étaient surtout sortis grâce à un impensable sprint final (cinq victoires et trois nuls lors des dix dernières journées), le joueur de 32 ans prévient l’OL : « Il ne faut pas que Lyon se dise qu’il lui reste du temps. C’est bientôt la trêve et le championnat ne compte désormais que 18 équipes. Quand tu es dans cette situation, les semaines s’écoulent à une vitesse incroyable ». Et même le bilan de dix victoires des Sixers de 2015-2016 (en 82 matchs !) suffira tout juste pour le maintien lyonnais d’ici mai prochain.