MANIFESTATIONUne foule dense contre l’antisémitisme malgré les tensions politiques

Marche contre l’antisémitisme : Malgré les tensions politiques, une foule dense de 100.000 personnes a défilé à Paris

MANIFESTATIONSelon la police, les participants à la « grande marche » contre l’antisémitisme étaient dimanche 105.000 à Paris, 7.500 à Marseille ou encore 3.000 à Lyon et Strasbourg
Marche contre l'antisémitisme : « Pas beaucoup de jeunes, c'est regrettable »
20 Minutes avec AFP

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L'essentiel

  • Le ministère de l’Intérieur a totalisé dimanche 182.000 participants, dans plus de 70 villes, à la « grande marche » contre l’antisémitisme
  • A Paris, un carré de personnalités politiques, dont les deux têtes du Parlement, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, à l’initiative de cette marche, Elisabeth Borne, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont pris la tête du cortège.
  • Verts, PS et PCF ont eux choisi de s’afficher derrière une banderole commune « contre l’antisémitisme et tous les fauteurs de haine et de racisme » dans une démarche de « cordon républicain » face au RN, qui a défilé en queue de cortège.
  • Tout en déplorant « l’insupportable résurgence d’un antisémitisme débridé », Emmanuel Macron a, lui, décidé de ne pas défiler. LFI, accusée d’ambivalences sur l’antisémitisme, boycottait pour sa part la manifestation du fait de la présence du RN.

En présence d’une bonne partie de la classe politique, mais sans le chef de l’Etat ni l’opposition de gauche radicale, de nombreux Français ont voulu dimanche envoyer un signal clair contre l’antisémitisme. Plus de 100.000 personnes ont défilé à Paris et des dizaines de milliers d’autres partout en France pour la « grande marche ».

« Pour la République, contre l’antisémitisme » : derrière ce mot d’ordre, la tête du cortège s’est élancée depuis le parvis de l’Assemblée nationale avant de s’arrêter à plusieurs reprises pour entonner la Marseillaise. Peu de pancartes ou de banderoles, mais les drapeaux tricolores étaient de sortie.

Gérard Larcher prône un « sursaut citoyen »

L’esplanade des Invalides, point de départ de la marche, est restée longtemps emplie d’une foule compacte. Les manifestants étaient précisément 105.000 à Paris, selon la police, mais aussi 7.500 à Marseille ou encore 3.000 à Lyon et Strasbourg. Au total, le ministère de l’Intérieur a totalisé en fin de journée 182.000 participants, dans plus de 70 villes.

Un carré de personnalités politiques, au premier rang desquelles les deux têtes du Parlement, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, à l’initiative de cette marche, ainsi que la Première ministre Elisabeth Borne, les ex-présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande, et le président du Crif Yonathan Arfi. « On est heureux et rassurés que les Français aient répondu présents », a dit Yaël Braun-Pivet. « Notre ordre du jour, c’est la République », a résumé son homologue du Sénat, prônant un « sursaut citoyen » face à l’explosion du nombre d’actes hostiles aux juifs depuis les massacres du Hamas en Israël le 7 octobre et la riposte militaire massive qui a suivi.

Cette augmentation est un des signes d’une importation redoutée du conflit. C’est une cause pour laquelle « tout le monde devrait se sentir concerné », a jugé le grand rabbin de France Haïm Korsia, regrettant que le sujet ait tourné au pugilat politique, « une honte ».

Le soutien inattendu d’Edouard Philippe au RN

« Les postures n’ont pas leur place » dans cette manifestation, a mis en garde Elisabeth Borne dimanche matin, ciblant à la fois LFI dont « l’absence parle d’elle-même », et le Rassemblement national dont « la présence ne trompe personne ». « Nous sommes exactement là où nous devons être », a rétorqué Marine Le Pen quelques heures plus tard depuis les Invalides, fustigeant la « petite politique politicienne » de ses détracteurs qui soulignent depuis plusieurs jours le passé antisémite de son parti.

Elle a d’ailleurs reçu un soutien inattendu d’Edouard Philippe, qui, tout en combattant le RN, ne fait « pas le tri des bonnes volontés qui veulent lutter contre l’antisémitisme ». La présence du RN était cependant source de quelques tensions dans le défilé. Un groupe de militants juifs de gauche a ainsi brièvement essayé de s’opposer à sa participation au début de la manifestation.

Verts, PS et PCF unis sans LFI

Les partis de gauche Europe Ecologie-Les Verts, PS et PCF ont eux choisi de s’afficher derrière une banderole commune « contre l’antisémitisme et tous les fauteurs de haine et de racisme » dans une démarche de « cordon républicain » face à l’extrême droite, qui a défilé en queue de cortège.

Emmanuel Macron, lui, a décidé de ne pas défiler. Le président s’est adressé aux Français samedi soir, par le biais d’une lettre dans le journal Le Parisien. Il y a déploré « l’insupportable résurgence d’un antisémitisme débridé ». « Une France où nos concitoyens juifs ont peur n’est pas la France », a-t-il écrit, en lançant un appel à l’unité du pays derrière « son universalisme ». Mais la France insoumise manquait à l’appel. Le parti de gauche radicale, accusé d’ambivalences sur l’antisémitisme, boycottait la manifestation du fait de la présence du RN. Jean-Luc Mélenchon a affirmé en fin de journée que les organisateurs avaient « échoué à reproduire les mobilisations générales du passé ».

Les responsables musulmans étaient par ailleurs divisés, plusieurs organisations ayant déploré que l’appel à manifester ne comporte « pas un mot sur l’islamophobie » et pointé « les amalgames » entre islam et antisémitisme.