DroitUn pédophile multirécidiviste change de nom pour échapper à son passé

Un pédophile multirécidiviste change de nom pour échapper à son passé

DroitCondamné en 2009 pour le viol d’un enfant de 5 ans, Francis Evrard a demandé à prendre le nom de sa mère en vue de la fin de sa période de sûreté et de sa possible libération dans quatre ans
Francis Evrard, l'agresseur du petit Enis, quittant le Palais de Justice de Lille, le 17 août 2007.
Francis Evrard, l'agresseur du petit Enis, quittant le Palais de Justice de Lille, le 17 août 2007. - BAZIZ CHIBANE/SIPA / Sipa
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • En août 2007, alors qu’il est sorti de prison six semaines plus tôt, Francis Evrard a enlevé, séquestré et violé un enfant de 5 ans à Roubaix, dans le Nord.
  • En 2009, il est condamné à trente ans de prison, dont vingt ans de sûreté. C’est la huitième condamnation pour de tels faits de ce pédophile multirécidiviste.
  • En vue d’une possible libération conditionnelle, qu’il pourra demander en 2027, Francis Evrard a changé de nom pour porter désormais celui de sa mère et tenter « d’échapper à son passé ».

Francis Evrard, c’est un patronyme qui fait froid dans le dos, à l’image du passif de l’homme qui le porte, un pédophile multirécidiviste condamné à huit reprises pour des viols sur mineurs. Et c’est justement de ce passif que cet individu, un Roubaisien aujourd’hui âgé de 77 ans, souhaite se détacher en changeant de nom. Selon nos confrères de RTL, Francis Evrard a abandonné le nom de son père pour porter désormais celui de sa mère en prévision de sa sortie de prison.

Le 15 août 2007, un enfant de 5 ans, le petit Enis, a été enlevé à Roubaix, devant le domicile de ses parents. Le dispositif « Alerte enlèvement » avait été déclenché et l’enfant avait pu être retrouvé, dix heures plus tard, dans un garage qui faisait office d’habitation d’un certain Francis Evrard. Non seulement les investigations ont permis d’établir que le petit Enis a été violé, mais il s’est avéré que le suspect avait été libéré de prison, six semaines plus tôt, après une condamnation à vingt-sept ans de prison pour les viols de deux garçons de 7 et 8 ans.

Libérable dans quatre ans sous un nouveau nom

Cette dernière information a suscité l’effarement général et une immense polémique sur la récidive. Parce que Francis Evrard a reconnu, lors de son procès, en 2009, entre quarante et cent relations sexuelles avec des mineurs. Parce que sa condamnation à trente ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Douai pour le viol d’Enis est la huitième pour des faits similaires. Il n’empêche que le multirécidiviste arrive au bout de sa période de sûreté de vingt ans et qu’il sera libérable dans quatre ans.

Libérable, en théorie. Parce que le moment venu, et même s’il remplit certains critères pour demander une libération conditionnelle, notamment l’accomplissement de sa période de sûreté et son âge, le tribunal de l’application des peines peut refuser s’il estime qu’il y a un « risque grave de récidive » ou que cela « peut causer un trouble grave à l’ordre public ».

Dans le doute, Francis Evrard a tout de même anticipé sa sortie en demandant à bénéficier de la loi Dupond-Moretti de 2022 qui permet à « toute personne majeure […] une fois dans sa vie [d']accéder à une procédure simplifiée pour changer de nom ». A nos confrères de RTL, l’avocat de la famille du petit Enis, maître Emmanuel Riglaire, a déploré que le pédophile, désormais porteur du nom de sa mère, trouve grâce à cette loi une « possibilité d’échapper à son passé, de retrouver un anonymat alors que c’est un homme que l’on sait extrêmement dangereux ».