Drame« Une ville meurtrie… » Il y a vingt ans, la catastrophe du « Queen Mary 2 »

Saint-Nazaire : « Comme s’il y avait eu un bombardement… » Il y a vingt ans, la catastrophe du « Queen Mary 2 »

DrameL’effondrement d’une passerelle reliant le paquebot « Queen Mary 2 » avait provoqué la mort de 16 personnes le 15 novembre 2003 aux Chantiers de l’Atlantique. Des commémorations sont organisées ce mercredi à Saint-Nazaire
Le président de la République Jacques Chirac et le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur les lieux du drame, le 16 novembre 2003, à Saint-Nazaire.
Le président de la République Jacques Chirac et le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur les lieux du drame, le 16 novembre 2003, à Saint-Nazaire.  - F.Perry/AFP / AFP
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Le 15 novembre 2003, une passerelle desservant le paquebot Queen Mary 2 s’effondra à Saint-Nazaire.
  • Le bilan fut terrible : 16 morts et 29 blessés. Des milliers de personnes, dont le président de la République, étaient venues ensuite leur rendre hommage.

«Toute la région a été touchée par ce drame. Saint-Nazaire, le lendemain, c’était une ville meurtrie, comme s’il y avait eu un bombardement. Tout le monde a un proche, un ami, un voisin qui travaille aux Chantiers », raconte Daniel Bartolomé, qui a perdu son épouse et son beau-père dans la catastrophe. C’était il y a vingt ans, jour pour jour. Le 15 novembre 2003, à 14h22, la passerelle reliant le quai au paquebot en construction Queen Mary 2 s’effondrait subitement, entraînant 45 personnes dans une chute d’une vingtaine de mètres.

Positionné dans son immense cale sèche en béton, le prestigieux navire (c’était à l’époque le plus grand paquebot au monde) construit par les Chantiers de l’Atlantique au profit de l’armateur britannique Cunard était alors ouvert aux visites des salariés et d’invités, juste avant sa livraison. Malgré l’intervention rapide d’un énorme déploiement de secours, seize personnes trouvèrent la mort dans l’accident, 29 autres furent blessées.

Les pompiers et secouristes dans la cale sèche du « Queen Mary 2 », le 15 novembre 2003.
Les pompiers et secouristes dans la cale sèche du « Queen Mary 2 », le 15 novembre 2003. - F.Perry/AFP

Ce mercredi, deux cérémonies auront lieu à Saint-Nazaire pour célébrer ce souvenir. Des proches de victimes, réunis en association, seront notamment présents. « Tous les ans on dépose une gerbe, explique Daniel Bartolomé, président de l’association des familles de victimes. Il y en a certains parmi nous qui voudraient qu’on arrête de commémorer. Mais ce vingtième anniversaire, on sent que ça compte. C’est forcément particulier. Ce sera aussi un moment difficile. »

« Il s’est avéré qu’elle y était… »

Aujourd’hui âgé de 75 ans, cet ancien enseignant se souvient « précisément » de la façon dont il avait appris la terrible nouvelle. « J’écoutais la radio et ils ont annoncé qu’il y avait eu un accident. Au départ, je n’ai pas réalisé. Je ne m’inquiétais pas car ma femme ne devait pas s’y trouver à cette heure-là. Finalement, il s’est avéré qu’elle y était. Je l’ai su en allant sur place… »

Près de 3.000 personnes rassemblées le 17 novembre 2003, après le drame à Saint-Nazaire.
Près de 3.000 personnes rassemblées le 17 novembre 2003, après le drame à Saint-Nazaire. - F.Perry/AFP

L’enquête avait démontré l’existence d’un défaut de conception et de montage de la passerelle métallique. Les Chantiers de l’Atlantique et la société Endel, constructeur de la passerelle, avaient été condamnés à 225.000 euros d’amende en appel, tandis que deux salariés d’Endel ont écopé d’une peine de prison avec sursis.

« Ce montant de 225.000 euros, ça représente une heure de travail aux Chantiers de l’Atlantique peut-être, c’est une goutte d’eau, regrette Daniel Bartolomé. On attendait autre chose. Pratiquement toutes les victimes gardent du ressentiment après les décisions de justice. On ne voulait pas une revanche mais simplement une reconnaissance envers les disparus et les survivants. »

Le Queen Mary 2 avait quitté Saint-Nazaire le 22 décembre 2003. En juin 2017, il était revenu dans la cité portuaire dans le cadre de l’événement franco-américain The Bridge. « Ça avait réveillé des souvenirs, c’est sûr, évoque Daniel Bartolomé. Mais les choses avaient été faites de manière très humaines et respectueuses. Je me rappelle en particulier du capitaine du Queen Mary 2, il était venu nous saluer et présenter ses excuses au nom de sa majesté. C’était fort. »