sensationsBriefés par Thomas Pesquet, on a décollé pour la Lune, collés à notre siège

Briefés par Thomas Pesquet, on a décollé pour la Lune et on est restés collés au siège

sensationsA l’heure où la Nasa et l’Europe repartent pour la Lune avec le programme Artemis, la Cité de l’Espace dégaine son nouvel équipement immersif. On a testé pour vous cette centrifugeuse géante qui procure les sensations d’un décollage spatial
LuneXplorer possède dix modules comme celui-ci, où quatre passagers peuvent embarquer.
LuneXplorer possède dix modules comme celui-ci, où quatre passagers peuvent embarquer. - Pierre Carton / Cité de l'Espace
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • La Cité de l’Espace inaugurera le 14 novembre son LuneXplorer, un équipement immersif qui permet de vivre quasiment en conditions réelles un décollage et un alunissage.
  • On a testé pour vous cette centrifugeuse géante, « unique au monde », encaissé les G, freiné à reculons et accompli la mission, parfois le cœur au bord des lèvres mais sans scaphandre.
  • Cinq minutes d’adrénaline au milieu d’un bain de culture spatiale, typique du parc scientifique qui a même entraîné de vrais astronautes dans l’aventure.

«Bon voyage ! » L’invitation, lancée sur un ton enjoué et dégagé par l’hôtesse, prépare plutôt mal à la suite. Mieux vaut se fier à son insistance à vérifier que votre banane ou votre sac à main sont bien calés sous le siège et qu’aucun téléphone portable ne traîne à l’air libre. Parce que, quand la Cité de l’Espace de Toulouse vous promet la Lune, du moins le voyage qui y mène, elle n’exagère pas. Vous encaissez 2 G, soit deux fois votre poids, voire 3 G et vous restez collé à votre siège, à tenter en vain de lever votre bras pour presser le bouton vert qui clignote sur la console.

C’est l’effet LuneXplorer, une centrifugeuse géante, dont les dix modules, cosy à première vue, peuvent accueillir chacun quatre passagers en route pour l’astre de la nuit. L’équipement – qui a coûté 16 millions d’euros, demandé la construction d’un nouveau bâtiment (à la place du Terradome pour les habitués) – est de loin le plus spectaculaire jamais mis en service par le parc scientifique. Ce dernier se refuse à parler « d’attraction » mais les parcs à sensations peuvent aller se rhabiller. « Ce qui est proposé est tout simplement une première mondiale », souligne d’ailleurs Jean-Claude Dardelet vice-président de Toulouse métropole en charge de l’Espace. L’adrénaline est garantie mais avec ce gros supplément d’âme propre au lieu qui consiste à décrypter l’actualité spatiale et à bombarder les visiteurs de connaissances. Pas question de pénétrer dans LuneXplorer sans avoir révisé, de façon ludique, ses missions Apollo, sans avoir balayé le travail du Cnes pour habiter la Lune en guise d’entraînement pour atteindre Mars et donc sans avoir mis à jour ses connaissances sur le programme Artemis qui prévoit d’ici une grosse année, l’alunissage probable de la première femme astronaute.

Des instructeurs de classe planétaire

L’aventure est aussi excellente pour l’estime de soi. Puisque le briefing avant l’embarquement est assuré, excusez du peu, par les trois seuls astronautes européens qui peuvent nourrir l’espoir de faire réellement le voyage à court terme : Thomas Pesquet, l’Italienne Samantha Cristoforetti et l’Allemand Matthias Maurer. Certes, les instructeurs ont enregistré les consignes depuis centre d’entraînement de l’Agence spatiale européenne (ESA) à Cologne mais ils jouent le jeu. En plus, sans vous vanter, vous faites en cinq minutes un périple qui leur prendra quatre jours, sans avoir à enfiler de scaphandre et sans passer par la case impesanteur.

Le LuneXplorer ouvrira au public le mardi 14 novembre. Il faudra mesurer plus d’1,30 m pour s’y frotter et il sera interdit aux personnes cardiaques ou aux femmes enceintes. Après l’avoir testé, on ne saurait trop vous conseiller un repas ou un petit-déjeuner frugal avant de vous y aventurer. Et de patienter à la cafèt ou à la boutique en attendant que votre famille revienne de la Lune si vous vivez déjà mal les décollages en avion.

Si vous embarquez et que vos mains pèsent une tonne, vous pouvez toujours essayer de piloter avec vos pieds. L’astronaute Jean-François Clervoy, qui s’y connaît en centrifugeuses, conseille aussi de ne pas trop bouger la tête et de bien observer la Terre à l’envers, vu que vous allez vous poser sur le pôle Sud de la Lune. Enfin, ça, c’est si vous avez le temps de penser. Et, franchement, l’alunissage, même au bord d’un cratère, c’est du gâteau.

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