entretienTickets-restaurants, inflation, JO 2024… En voiture avec Olivia Grégoire

Titres-restaurants, inflation, JO 2024… On a passé une heure en voiture avec Olivia Grégoire

entretienLa ministre déléguée chargée des PME, du Commerce et du Tourisme a répondu aux questions de « 20 Minutes » à l’occasion d’un déplacement en Indre-et-Loire pour le lancement des « Rencontres de la simplification »
Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme.
Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme. - Romuald Meigneux / SIPA / SIPA
Jean-Loup Delmas

Jean-Loup Delmas

L'essentiel

  • A l’occasion d’un déplacement en Indre-et-Loire pour le lancement des « Rencontres de la simplification », 20 Minutes a pu s’entretenir durant une heure avec la ministre déléguée chargée des PME, du Commerce et du Tourisme, Olivia Grégoire.
  • L’occasion pour la ministre de revenir sur l’actualité brûlante de son portefeuille, le « titres-restaurants gate », l’inflation qui dure et le mécontentement des Français.
  • Mais la ministre s’étend aussi sur l’avenir, avec la perspective des Jeux olympiques 2024 et une réforme plus profonde des titres-restaurants.

Elle s’acharne sur son briquet, lutte avec le vent et la pluie battante, finit par demander de l’aide à quelqu’un. Sous la météo affreuse de novembre, Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME, du Commerce et du Tourisme, galère à allumer sa cigarette. Son rayon, c’est plutôt d’éteindre les incendies en pleine tempête médiatique. Dernier numéro de pompier de service en date : son intervention mardi soir sur M6, pour déminer le dossier explosif des titres-restaurants. L’amendement de l’été 2022 – qui permet de payer toutes ses courses alimentaires par ce biais, pour lutter contre l’inflation – arrivait à échéance au 31 décembre 2023.

Problème, si l’inflation alimentaire a reculé, elle reste importante, concède la ministre ce jeudi, lors du trajet retour que nous passons avec elle après son déplacement en Indre-et-Loire pour les « rencontres de la simplification ». A donc été décidé la prolongation du système actuel pour un an, jusqu’au 31 décembre 2024. De quoi s’éviter une nouvelle polémique majeure façon APL ? « La différence, c’est que la décision était déjà prise pour les APL et qu’il fallait l’assumer. Là, on a pu arbitrer rapidement sur un sujet fiévreux, rassurer les Français et dissiper les malentendus ».

Est-ce seulement un sursis jusqu’à l’année prochaine ? « C’est toujours plus facile d’ouvrir une dérogation que de la fermer, c’est sûr », admet Olivia Grégoire. « Les restaurateurs se font entendre et nous allons discuter avec eux dans le cadre d’une réforme globale que je suis en train de mener pour 2025-2026, afin de moderniser le titre-restaurant ». Elle donne son opinion personnelle sur le sujet : « Je suis libérale, assez favorable à ce qu’on enquiquine le moins possible les salariés, notamment avec les titres-restaurants, et qu’on leur laisse la liberté de les utiliser autrement dans une période où l’inflation reste encore élevée même si elle reflue ».

« En politique, tu ne peux pas gagner sur le pouvoir d’achat »

Cette satanée hausse des prix colle à la peau de Bercy, comme les gouttes de pluie sur les vitres de la voiture. Le ticket de caisse, combat perdu d’avance pour le gouvernement ? « Il faut être très lucide et humble sur ce sujet quand on fait de la politique : on ne peut pas gagner politiquement sur le pouvoir d’achat, car les gens ont toujours le sentiment de ne pas en avoir assez, et c’est normal. »

Le temps bien capricieux de la journée est l’occasion d’une nouvelle métaphore : « En politique comme dans la vie, c’est toujours le ressenti qui prime : si la météo annonce qu’il fait 14 °C mais que le ressenti est de 6 °C, alors vous portez une doudoune. On a beau faire toutes les actions du monde, si les Français ne ressentent pas leurs effets, alors c’est qu’il faut changer l’action publique. »

« Les Français ne sont pas ingrats, ils sont très exigeants »

Pourtant, l’exécutif empile bouclier tarifaire, chèque énergie, extension des titres-restaurants… « Les Français ne sont pas ingrats, ils sont très exigeants, et ils ont raison de l’être », démine-t-elle de suite, comme à son habitude. Et ce n’est pas la comparaison avec les autres pays européens, où l’inflation a été en moyenne (bien) plus forte en 2022, qui vont satisfaire la population. La ministre, qui en a vu d’autres en politique, le sait bien : « Ça ne sert à rien de dire que c’est pire en Espagne ou en Angleterre, les Français sont étanches à ces arguments. On n’aime pas trop se comparer en France, ça fait aussi notre charme.  »

Une lutte à la Sisyphe donc. Mais à l’image de son chauffeur, la ministre est bien décidée à braver la tempête : « Je suis entrée en politique en 2002, juste après l’échec de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle. Pour moi, il a perdu notamment sur son aveu d’échec : "on a tout essayé contre le chômage". Je me suis construite après ça. Ça m’a donné la conviction qu’il fallait toujours se battre, jamais renoncer. Sur l’inflation on tente, on innove, on propose, et on n’arrêtera pas de le faire. »

Les JO 2024, une perspective enfin heureuse

Un poste où il faut sans cesse rebondir sur les crises, comme avec son ancienne casquette de porte-parole du gouvernement. L’occasion de dresser des fleurs à son successeur, Olivier Véran : « C’est un homme politique avec beaucoup d’expérience. Il a été un ministre de la Santé exemplaire pendant la crise du Covid-19, et il porte la parole du gouvernement avec courage et clarté, même dans les moments difficiles. » Moments difficiles qu’elle sait nombreux : « On sous-estime à quel point ces deux quinquennats sont des quinquennats de crise. »

Un bout de ciel va-t-il percer la grisaille ? Place à un dernier sujet, une perspective plus enthousiasmante. Les Jeux olympiques de Paris en 2024. « On n’a pas accueilli de JO d’été depuis un siècle ! On va vivre un moment exceptionnel, de grand bonheur et de ferveur nationale. » Un incendie médiatique éteint, une cigarette allumée, et une flamme olympique.