désistementUn festival « antiwokisme » néonazi annulé après une enquête de Mediapart

Lyon : Un festival de rock « antiwokisme », accueillant des groupes néonazis, annulé

désistementUne enquête de Mediapart a révélé qu’un festival clandestin intitulé « rock antiwokisme » avec cinq groupes néonazis s’organisait près de Lyon. Après la publication, le propriétaire de la salle privée a annulé la réservation
D'après l'organisateur du festival « rock antiwokisme », entre 100 et 200 spectateurs et spectatrices étaient attendus pour l'événement (Illustration)
D'après l'organisateur du festival « rock antiwokisme », entre 100 et 200 spectateurs et spectatrices étaient attendus pour l'événement (Illustration) - Pixabay / Pixabay
Elise Martin

E.M.

La soirée n’aura pas lieu. Prévu samedi soir, au sein d’un domaine privé situé entre le département de la Loire et du Rhône, le festival « rock antiwokisme » aurait dû accueillir cinq groupes néonazis et entre 100 et 200 personnes. Mais une enquête de Mediapart et Rue89 Lyon a eu « l’effet d’une bombe », dixit l’organisateur de l’événement Renaud Mannheim qui a dû l’annuler.

Il a expliqué au média d’investigation que le propriétaire des lieux avait « purement annulé [sa] réservation ». Le responsable de la salle a indiqué à Mediapart qu’il ne souhaitait pas « entacher [son] établissement ». « Quatre groupes conviés se sont également désistés », a ajouté Renaud Mannheim en évaluant ses pertes à « 3.500 euros non remboursables ». L’organisateur de l’événement, également chanteur du groupe Match Retour, a assuré qu’il n’avait pas de solution de remplacement.

Des morceaux à la gloire des cadres nazis

La préfecture du Rhône a tout de même pris un arrêté pour interdire le concert « dans l’ensemble du département » afin de « prévenir efficacement et de manière proportionnée les troubles à l’ordre public ». L’interdiction « apparaît adaptée et nécessaire », conclut-elle.

En effet, dans l’arrêté, les services de l’Etat ont noté, entre autres, « que la tête d’affiche, Bunker 84, est connue pour ses morceaux à la gloire du troisième Reich ». Ce groupe a notamment des morceaux intitulés Mein Kampf, Nacht and Nebel ou Victimes des démocraties qui encensent les crimes de ces cadres nazis et prônent un révisionnisme historique. Les autres groupes, comme le niçois Fraction, ont également dans leur répertoire des titres antisémites, islamophobes et suprémacistes.

La préfecture a également considéré que ce festival, dont l’affichette indiquait « white lives matters » – voulant remplacer le slogan antiraciste « Black Lives Matter », était « susceptible de donner lieu à des propos incitant à la haine raciale et à la violence à l’encontre de certains groupes de personnes ». Elle a rappelé dans cette mesure, que l’organisation, Renaud Mannheim était « bien connu », étant « clairement affilié à l’ultra-droite lyonnaise ». Il est un ex-membre de la section « Troisième Voie » et participants assidus au réseau de promotion de musique néonazie « Blood and Honour », dissous en juillet 2019 par décret ministériel.

Comme le rappelle Mediapart, de nombreuses soirées clandestines néonazies sont organisées partout en France. Plusieurs d’entre elles ont été interdites grâce à des arrêtés, ou des enquêtes journalistiques.