Un piano SVPLe gros succès du prêt d'instruments de musique à la bibliothèque

Parfois méconnu, le prêt d’instruments de musique à la bibliothèque marche pourtant « très fort »

Un piano SVPEmprunter une guitare ou un djembé à la médiathèque, c’est possible. Et la demande est forte dans les bibliothèques, de plus en plus nombreuses, qui proposent ce service
La médiathèque Jacques-Ellul de Pessac possède une cinquantaine d'instruments
La médiathèque Jacques-Ellul de Pessac possède une cinquantaine d'instruments - Médiathèque Ellul de Pessac / Médiathèque Jacques Ellul de Pessac
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • En plus des livres, des films ou des revues, de plus en plus de bibliothèques municipales proposent un service de location d’instruments de musique, comme à Nantes à partir de ce samedi.
  • Une offre qui ne cesse de s’étoffer pour répondre à la forte demande, avec pour objectif le développer la pratique artistique amateur.

«A partir du 18 novembre, empruntez un instrument de musique à la bibliothèque ! » Il devrait y avoir du monde ce samedi à la médiathèque Jacques-Demy de Nantes. Car en plus des nombreux films, livres ou revues déjà disponibles sur place, il sera désormais possible de repartir chez soi avec une guitare électrique, un djembé ou un ukulélé. Il suffit d’être inscrit à la bibliothèque pour pouvoir bénéficier de ce prêt, sans supplément, pour une durée de quatre semaines. Une nouveauté qui devrait plaire alors que de plus en plus de bibliothèques municipales s’y mettent, d’Amiens à Toulouse en passant par Rennes, et rencontrent un succès fou.

A 350 km de là, à Pessac, près de Bordeaux, il n’y a en ce moment plus qu’un seul instrument de disponible (une basse) sur la cinquantaine du parc. Lancé il y a près de deux ans à la médiathèque Jacques-Ellul, le service a déjà conquis 350 familles, pour près de 800 prêts, ici de trois semaines. « Ça marche très fort, dès qu’un instrument est rendu il ressort, confirme Fabien Lespinasse, le référent musique. On a des grands classiques comme des claviers, des guitares, et plus récemment des vents, mais aussi des instruments plus originaux comme le cajon, qui vient de Cuba ou le tongue drum, qui n’a pas besoin de technicité. L’objectif est de rendre la culture accessible au plus grand nombre, mais même les instruments sur lesquels on n’aurait pas parié, comme le violon électrique, sont très demandés. La preuve, on a dû en racheter un ! »

A Lyon, la bibliothèque municipale de la Part-Dieu dispose d'une centaine d'instruments
A Lyon, la bibliothèque municipale de la Part-Dieu dispose d'une centaine d'instruments - Bibliothèque municipale de la Part Dieu

« Les familles qui hésitent à investir »

Alors que les départements musiques commençaient à être désertés, avec un déclin du CD au profit du streaming, les responsables ont décidé de réagir, pour rester en accord avec les aspirations des usagers. A la bibliothèque municipale de la Part-Dieu, à Lyon, on ne regrette pas de s’être lancé début 2023 dans ces prêts d’un nouveau genre, tellement demandés qu’il a déjà fallu doubler le nombre d’instruments disponibles : « On a beaucoup de débutants qui viennent s’essayer à de nouveaux instruments, pour éventuellement passer ensuite à l’achat, rapporte Cyrille Michaud, responsable du département musique. Il y a les familles qui hésitent à investir pour leur enfant ou leur ado, des pratiquants adultes qui veulent découvrir d’autres sonorités… La dernière fois, on a eu un compositeur de musique électronique qui est venu louer un balafon [une sorte de xylophone] pour enregistrer un sample. »

Comme ce sera le cas à l’instrumenthèque de Nantes, les accessoires (housse, sangle…) et une petite notice d’utilisation, voire des tutoriels, sont habituellement fournis. Car l’objectif est « d’enlever toutes les barrières possibles », poursuit Cyrille Michaud. A Lyon, « on ne demande pas de caution, on ne fait pas signer de charte, on n’affiche pas non plus la valeur de l’instrument pour éviter de faire peur aux gens et de les freiner. » A Pessac aussi, une trompette est considérée « comme un document comme un autre ». Seul un petit formulaire est à remplir, signifiant à l’usager que sa responsabilité est engagée en cas de dégradations. « Mais on n’a jamais eu aucun problème en deux ans, à part quelques cordes cassées, ce qui peut arriver », souligne Fabien Lespinasse. A leur retour, les instruments sont nettoyés et réaccordés, et envoyés en révision régulièrement.

« Le public grossit »

Ce qui implique des frais pour les médiathèques qui se lancent dans l’aventure. « C’est sûr qu’il y a une incidence budgétaire, avec une réflexion collégiale en amont à chaque achat », poursuit Fabien Lespinasse. La question du stockage est aussi à prendre en compte, tout comme celle de la formation des agents, qui doivent savoir s’approprier toute la panoplie d’instruments disponibles pour assurer ensuite la médiation. Des bouleversements qui valent le coup, semble-t-il. « Le public de la bibliothèque grossit, il y a un renouvellement avec des personnes qui se sont inscrites exprès, se félicite Cyrille Michaud. Même si la liste d’attente est toujours trop longue pour certains instruments, c’est très positif et la pratique artistique amateur se développe. »