Récit« J’étais en panique, j’ai cru mourir », raconte la députée Sandrine Josso

Affaire Joël Guerriau : « J’étais en panique, j’ai cru mourir », raconte la députée Sandrine Josso

RécitLe sénateur Joël Guerriau a été mis en examen. Il est suspecté d’avoir administré de la drogue à la députée Sandrine Josso dans le but d’une agression sexuelle
La députée (MoDem) de Loire-Atlantique, Sandrine Josso.
La députée (MoDem) de Loire-Atlantique, Sandrine Josso. - A. Jocard / AFP / AFP
Frédéric Brenon

F.B.

L'essentiel

  • Sandrine Josso, 48 ans, accuse le sénateur Joël Guerriau de lui avoir administré une drogue à son insu en vue de commettre une agression sexuelle.
  • Joël Guerriau, 66 ans, conteste les accusations. Il affirme avoir offert par erreur une coupe de champagne contenant une drogue.
  • Joël Guerriau a été mis en examen le 17 novembre.

«J’ai cru mourir d’une crise cardiaque. J’ai cru mourir car je pensais qu’il allait abuser de moi. » La députée Sandrine Josso, qui accuse le sénateur Joël Guerriau de l’avoir droguée en vue de l’agresser sexuellement, a pris la parole pour la première fois publiquement ce lundi soir dans l’émission C à vous sur France 5, disant être encore « en post-trauma ». Elle a, notamment, fait le récit de ce qu’elle a vécu le soir du 14 novembre dans le logement parisien du parlementaire de Loire-Atlantique.

« Je suis allée en toute amitié, en confiance, fêter la réélection de ce sénateur que je connais depuis dix ans, raconte Sandrine Josso, députée de la 7e circonscription de Loire-Atlantique. Il m’a servi une coupe de champagne. Je n’ai pas vu les verres avant qu’il les apporte sur la table. J’ai bu une première gorgée et j’ai trouvé que le champagne n’avait pas le même goût que d’habitude. On a trinqué une deuxième fois, puis une troisième fois, je trouvais ça bizarre. Au bout de quinze minutes j’ai commencé à avoir des palpitations, des sueurs. Ça a continué, c’était même pire, je ne comprenais pas bien ce qui m’arrivait. Lui, il insistait, il a repris mon verre pour me servir du champagne, je ne comprenais pas son insistance. Il changeait l’intensité de la lumière avec son variateur, je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Les médecins m’ont dit plus tard que c’était pour augmenter l’efficacité de la drogue au niveau des pupilles. »

« Ce fléau est partout dans notre société »

Sandrine Josso poursuit son récit : « A un moment, il était dans la cuisine, je le vois remettre un sachet blanc dans un tiroir. Et là je comprends. J’étais déjà sous l’effet de la drogue, mes jambes tremblaient. J’ai pris mon téléphone et appelé un taxi avec l’appli. Je ne voulais pas montrer que j’étais mal, je voulais sortir vite. Il m’a suivi jusqu’au taxi, j’étais en panique. » Les analyses ont démontré que la députée avait ingéré de l'ecstasy. Un sachet de cette même substance a été trouvé par les enquêteurs au domicile de Joël Guerriau, dans le tiroir désigné par Sandrine Josso.

« On peut tous subir ce que j’ai subi », a ajouté Sandrine Josso sur France 5, estimant que son « devoir est de sensibiliser » sur « le fléau » de la soumission chimique. « Les infirmières m’ont dit que des cas comme moi, il y en avait tous les jours. Ce n’est plus possible. Ce fléau est partout dans notre société. »

« On n’a jamais parlé de ça lors de la soirée »

Joël Guerriau a été mis en examen le 17 novembre pour « administration d’une substance de nature à altérer le discernement ou le contrôle des actes, afin de commettre un viol ou une agression sexuelle et détention et usage de substances classés comme stupéfiants ». Selon sa version, le sénateur aurait servi par erreur à la députée un verre contenant une drogue.

Il se serait procuré la veille des faits un « euphorisant » pour sa propre consommation afin de faire face à ce qu’il décrit comme des épreuves personnelles. Il aurait été perturbé par la mort de son chat et la rencontre avec un ami malade du cancer, a rapporté son avocat, Remi-Pierre Drai. « On n’a jamais parlé de ça lors de la soirée », assure Sandrine Josso, ne croyant pas à cette version.