Mouvement de fouleMort d’une trentaine de jeunes dans une bousculade au Congo, enquête ouverte

Congo : Enquête ouverte après la mort d’une trentaine de jeunes dans une bousculade

Mouvement de fouleUne opération de recrutement de l’armée a tourné au drame
Les partisans du président congolais réélu Denis Sassou Nguesso se massent devant le siège du parti présidentiel du Parti congolais du travail (PCT) à Brazzaville, au Congo, le 23 mars 2021. (PHOTO D'ILLUSTRATION)
Les partisans du président congolais réélu Denis Sassou Nguesso se massent devant le siège du parti présidentiel du Parti congolais du travail (PCT) à Brazzaville, au Congo, le 23 mars 2021. (PHOTO D'ILLUSTRATION) - ALEXIS HUGUET / AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Une trentaine de jeunes sont morts lundi dans une bousculade lors d’une opération de recrutement de l’armée au Congo. Mardi, une enquête a été ouverte sur ce drame, survenu dans la capitale de Brazzaville. Le bilan de la tragédie a été revu à la baisse par les autorités. Le porte-parole du gouvernement congolais, Thierry Moungalla, a annoncé mardi soir devant la presse que 31 personnes avaient péri dans la bousculade et 145 avaient été blessées.

Un précédent bilan provisoire diffusé par la cellule de crise mise en place par le Premier ministre faisait état de 37 morts. Selon des agents chargés de sécuriser le site, les jeunes candidats au recrutement étaient plusieurs milliers. Certains ont forcé le portail, d’autres ont sauté par-dessus un mur. De nombreuses images, partagées sur les réseaux sociaux et dont certaines ont été authentifiées par l’AFP, montrent des dizaines de corps sans vie déposés à la morgue municipale, ainsi que des blessés admis au centre hospitalier universitaire (CHU) de Brazzaville et à l’hôpital militaire.

« On ne pouvait pas tous entrer à la fois »

Dans au moins deux vidéos tournées à l’intérieur de la morgue, les dépouilles de jeunes hommes gisent à même le sol, certains sont torse nus, d’autres en short et t-shirt. « Il y avait trop de monde, on ne pouvait pas tous entrer à la fois », raconte un survivant de 24 ans sous couvert d’anonymat. « Des personnes sont tombées et d’autres leur ont marché dessus », poursuit-il.

« Il y a eu des blessés plus graves que moi, moi j’ai un déboîtement au niveau du pied droit », explique le jeune homme. Un autre rescapé raconte que devant lui un premier rang de candidats est tombé, puis il est tombé sur eux et « d’autres amis sont venus tomber sur nous ». Il explique ne pas se souvenir de la suite et s’être « réveillé dans une ambulance ».

Des blessés en état grave

Dans une vidéo partagée sur Facebook, André Ngakala Oko, procureur de la République, qui s’est rendu sur le lieu du drame, affirme avoir ouvert une enquête « en procédure de flagrance » pour établir les responsabilités. Accompagné de responsables militaires chargés de la sécurité du site, le procureur a indiqué ensuite se rendre dans les trois structures hospitalières où les blessés sont pris en charge.

L’armée congolaise a annoncé la semaine dernière le recrutement dans ses rangs de 1.500 jeunes de 18 à 25 ans. Lundi, tard dans la nuit, des candidats ont forcé le portail du stade Michel d’Ornano, où se déroule le recrutement, dans le centre-ville de Brazzaville. Une bousculade s’est ensuivie, où de nombreuses personnes sont tombées et ont été piétinées, ont raconté des habitants. Certains blessés sont dans un état grave, selon les témoignages de proches.

« Le désarroi d’une jeunesse sacrifiée »

« Les opérations de recrutement sont suspendues à Brazzaville jusqu’à nouvel ordre », selon une annonce du commandement de l’armée congolaise, diffusée à la télévision d’Etat. Ce drame traduit « le désarroi d’une jeunesse sacrifiée » dans un pays où « les Forces de défense et de sécurité sont devenues les principaux pourvoyeurs d’emploi », a dénoncé l’ONG congolaise de défense des droits humains CAD (Centre d’action pour le développement).

« La responsabilité du gouvernement doit être directement engagée, parce qu’il n’a pas évalué les risques de son action », a déclaré son directeur exécutif Trésor Nzila, appelant à « une enquête exhaustive ». De son côté, la Fédération de l’opposition congolaise (FOC), qui soutient le général en prison Jean-Marie Michel Mokoko, a fustigé « le chômage, la misère et la précarité (…) imposés à la jeunesse » par l’échec des politiques économiques du camp du président Sassou Nguesso.