BatailleTout comprendre à cette bataille autour du fleuve Dniepr, en Ukraine

Guerre en Ukraine : Que se passe-t-il autour du fleuve Dniepr ?

BatailleL’Ukraine a annoncé une avancée de ses troupes sur la rive gauche du Dniepr, occupée par l’armée russe
Un militaire ukrainien saute d'un zodiac sur la rive du fleuve Dniepr, sur la ligne de front près de Kherson, en Ukraine, dimanche 15 octobre 2023.
Un militaire ukrainien saute d'un zodiac sur la rive du fleuve Dniepr, sur la ligne de front près de Kherson, en Ukraine, dimanche 15 octobre 2023. - Mstyslav Chernov/AP/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Après des mois d’une contre-offensive ukrainienne poussive, Kiev s’est félicité d’avoir fait des avancées sur la rive gauche du Dniepr, dans le sud de l’Ukraine. Mais de quoi s’agit-il ? Pourquoi c’est important ? 20 Minutes fait le point pour vous sur la situation de ce fleuve et ces alentours.

Que se passe-t-il autour du fleuve Dniepr ?

L’Ukraine a annoncé une avancée de ses troupes sur la rive gauche du Dniepr occupée par l’armée russe, une réussite après des mois de contre-offensive infructueuse. Kiev a affirmé dimanche avoir repoussé l’armée russe « de 3 à 8 km » en profondeur du côté gauche du fleuve Dniepr, devenu une ligne de front dans le sud de l’Ukraine, sans préciser si ses troupes contrôlaient entièrement cette zone de la région de Kherson (sud).

Le dirigeant de la partie occupée de la région de Kherson, Vladimir Saldo, a reconnu qu'« environ une compagnie et demie » de soldats ukrainiens, soit plusieurs dizaines ou centaines d’hommes, avait réussi à ancrer des positions aux abords du village de Krynky, tout en en minimisant l’importance. Moscou a remplacé fin octobre le commandant du groupe militaire russe « Dniepr » opérant dans la zone, en raison de la difficulté de la situation selon les analystes.

Que dit la Russie ?

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a assuré mardi que son armée repoussait « toutes les opérations de débarquement ukrainiennes » sur la rive occupée du fleuve Dniepr. « Toutes les tentatives des forces armées ukrainiennes de mener une opération de débarquement dans la direction de Kherson ont échoué », a affirmé le ministre, en référence au nom de la région méridionale de l’Ukraine où le Dniepr constitue la ligne de front.

Les déclarations de Sergueï Choïgou sont toutefois contredites par des blogueurs spécialisés russes, ainsi que par des experts militaires. Selon eux, l’armée ukrainienne a bien réussi à ancrer plusieurs positions depuis fin octobre sur cette rive du Dniepr.

Pourquoi c’est important ?

Si cette avancée se confirmait, ce serait la plus grosse poussée de l’armée ukrainienne face aux Russes depuis la reprise du village du Robotyné dans la région de Zaporijjia en août, alors que la contre-offensive a été lancée en juin.

« L’Ukraine dispose d’une tête de pont assez étendue sur la rive gauche. Les Russes y subissent des pertes car la rive droite, contrôlée par les forces armées ukrainiennes, est située sur une colline et il leur est beaucoup plus facile de tirer sur les troupes russes à partir de là », selon le commentateur et journaliste russe basé à Vilnius Michael Nacke, condamné en Russie par contumace à onze ans de prison pour des propos sur l’armée russe.

D’après l’expert militaire français Michel Goya, l’opération ukrainienne est « assez limitée, assez symbolique », mais elle « permet de proclamer de petites victoires après l’échec de l’offensive principale ». La prise de positions en profondeur pourrait permettre à Kiev de lancer un assaut plus important vers la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en 2014. Mais pour y parvenir, les experts estiment qu’il faudrait des milliers d’hommes et des véhicules lourds.

Pourquoi l’absence de pont est-elle un point crucial ?

Pour parvenir à lancer un assaut vers la Crimée, « des ponts au-dessus du Dniepr sont nécessaires, or tout ponton serait vulnérable à la puissance de feu aérienne et terrestre de la Russie, qui n’a pas été totalement supprimée », et notamment aux drones, estime Mykola Bielieskov, analyste militaire ukrainien.

Seuls les ponts, existants ou à construire, permettent de faire « passer des équipements lourds et de la logistique. Si on veut avancer à plusieurs dizaines de kilomètres en profondeur, il faut aussi faire avancer son artillerie, sinon on se retrouve coupé de tout appui », explique Michel Goya. « Les Ukrainiens qui ont franchi sont des fantassins et des commandos de la marine [en zodiacs]. Ils ont quelques véhicules mais restent dans l’ensemble très légers. Ils sont surtout protégés par leur artillerie restée de l’autre côté du fleuve », relève le colonel français en retraite.