EMPLOIEn quête de saisonniers, mer et montagne veulent jouer groupés

En quête de saisonniers, mer et montagne veulent jouer groupés

EMPLOILa compagnie bretonne Brittany Ferries lance un dispositif permettant à des candidats de travailler une saison à bord de ses ferries et une saison en Haute-Savoie
La compagnie Brittany Ferries propose aux candidats de faire une saison à bord de ses navires et une saison à la montagne.
La compagnie Brittany Ferries propose aux candidats de faire une saison à bord de ses navires et une saison à la montagne.  - Patrick Siccoli / Sipa / Canva / 20 Minutes
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

L'essentiel

  • A la mer comme à la montagne, les acteurs du tourisme sont confrontés à une pénurie de travailleurs saisonniers.
  • Pour capter des candidats et les fidéliser, la compagnie maritime Brittany Ferries leur propose de passer une saison à bord de ses navires et une saison à la montagne.
  • Dix saisonniers viennent pour l’heure d’intégrer ce dispositif qui pourrait donner des idées à d’autres acteurs.

Au bord des pistes ou au bord de mer, c’est partout la même galère. Pour les acteurs du tourisme, qu’ils soient à la montagne ou sur le littoral, le recrutement de saisonniers est devenu un vrai casse-tête. Le phénomène s’est encore accentué depuis la crise sanitaire pour les hôtels et restaurants qui emploient chaque année environ 300.000 saisonniers en été et 100.000 en hiver, selon les chiffres de l’Observatoire des métiers de l’hébergement et des restaurations. Mais faute de candidats, ce ne sont pas moins de 65.000 postes qui n’ont pu être pourvus l’an dernier, plongeant de nombreux établissements dans la déprime.

Chacune ayant sa saison, la mer et la montagne ont bien tenté d’allier leurs forces pour trouver des candidats. « Des communes ont essayé de se jumeler mais cela n’a jamais vraiment fonctionné », indique Frédéric Sévignon, directeur régional de Pôle Emploi Bretagne. Basée en Bretagne, la Brittany Ferries avait également engagé des discussions avec la Compagnie des Alpes, qui exploite une dizaine de domaines skiables, sans que le projet ne voit le jour. Pas froissée, la compagnie maritime est repartie en quête de partenaires montagnards, avec l’aide de Pôle Emploi. Et cette fois, la piste vient de se concrétiser avec le lancement du dispositif « Une saison sur les ponts, une saison sur les monts. »

Fidéliser les travailleurs saisonniers

Présenté mardi à Saint-Malo, à bord du ferry Le Bretagne qui assure les liaisons vers Portsmouth (Angleterre), il va permettre à une dizaine de saisonniers de travailler tout au long de l’année. D’avril à octobre, ils embarqueront ainsi à bord des ferries de la compagnie bretonne. Et quand l’hiver pointera son nez, direction la montagne pour travailler dans des hôtels et restaurants partenaires en Haute-Savoie. « Cela doit nous permettre de fidéliser nos employés saisonniers, souligne Jean-Luc Vigouroux, directeur des relations humaines de Brittany Ferries. C’est un enjeu pour nous car s’ils reviennent chaque année, on n’a pas besoin de les former. Et ils acquièrent aussi d’autres compétences à la montagne. »

Originaire des Pays-de-la-Loire, Wendy, 29 ans, a été séduite par le projet. Après une saison l’été dernier comme hôtesse sur un navire de la Brittany Ferries, elle suit actuellement une formation de six semaines sur le campus de Groisy à Annecy, entièrement financée par Pôle Emploi. « Je n’ai pas beaucoup d’expérience dans le service donc je me forme aux techniques », indique la jeune femme, qui rejoindra pour la saison hivernale un établissement haut de gamme en Haute-Savoie.

Les saisonniers nourris et logés

Un job saisonnier où elle sera nourrie et logée, comme à bord des navires de la Brittany Ferries. « Les employeurs ont pris conscience qu’il était impossible d’embaucher s’ils ne fournissaient pas de logement », souligne Marie-Claude Frossard, directrice territoriale déléguée de Pole Emploi dans le secteur Annecy-Léman. Caroline, 27 ans, posera également bientôt ses valises à la montagne et traversera la France, comme d'autres saisonniers le font déjà à titre individuel. « J’ai l’habitude de faire les saisons à la Brittany, indique la jeune Brestoise. Pour cet hiver, j’avais commencé à faire quelques recherches à la montagne. Mais là tout est cadré et pris en charge (hormis le transport - NDLR) donc je n’ai pas hésité. »

Recrutant chaque année un millier de travailleurs saisonniers, la compagnie maritime a bien conscience que ce dispositif ne réglera pas toutes ses difficultés de recrutement. Et que tous ces saisonniers n’accepteront pas de partir l’hiver à la montagne. « Mais c’est le début de quelque chose », estime Jean-Luc Vigouroux. Un début de partenariat mer et montagne qui pourrait en effet donner des idées aux acteurs du tourisme. « Il faut juste trouver le bon modèle et le dupliquer », assure Frédéric Sévignon.