COUP DE POKERSam Altman contre OpenAI, une partie d’échecs gagnée par Microsoft

Sam Altman contre OpenAI : Une partie d’échecs gagnée par Microsoft

COUP DE POKERMicrosoft a remis de l’ordre chez son partenaire OpenAI et a prouvé que cette big tech avait tous les pouvoirs
Sam Altman, PDG d'OpenAI, l'entreprise derrière ChatGPT, a été viré par con conseil d'administration avant de retrouver son poste initial, grâce à Microsoft, quatre jours plus tard.
Sam Altman, PDG d'OpenAI, l'entreprise derrière ChatGPT, a été viré par con conseil d'administration avant de retrouver son poste initial, grâce à Microsoft, quatre jours plus tard.  - Yassine Mahjoub/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L'essentiel

  • Sam Altman a vécu une folle semaine qui s’est soldée par un retour à la case départ, c’est-à-dire à la tête d’OpenAI.
  • A travers cette partie d’échecs, Microsoft a montré qu’il n’y a pas d’OpenAI sans l’appui massif de Microsoft.
  • Ces quelques jours de séisme dans la Silicon Valley prouve que c’est toujours la big tech qui sort gagnante.

Il n’aura fallu que quelques jours à Microsoft pour reprendre en main OpenAI, l’entreprise à l’origine de ChatGPT. Sam Altman, superstar de l’intelligence artificielle, a vécu quatre jours de rebondissements un peu fous. Viré par son conseil d’administration vendredi dernier, il a été embauché ce lundi par Microsoft avant d’être finalement réinstallé à la tête d’OpenAI mardi avec un conseil d’administration remanié. La preuve éclatante du pouvoir des géants de la tech face aux velléités d’indépendance des start-up, même les plus célèbres.

Satya Nadella, PDG de Microsoft, a joué un coup de maître lundi en annonçant embaucher Sam Altman, à peine évincé d’OpenAI. Le conseil d’administration de l’organisation pensait visiblement pouvoir s’affranchir de son partenaire Microsoft, qu’il n’a même pas averti de ce limogeage. Grave erreur, selon les analystes. L’époque où un ingénieur dans un garage pouvait bâtir seul un géant mondial, comme Steve Jobs et Bill Gates, semble révolue.

« Microsoft a tous les droits »

Pendant deux jours, Microsoft, qui mise beaucoup sur la vente des produits d’OpenAI pour se relancer, a rappelé qui détient le pouvoir. Dans une interview mardi soir avec la journaliste star Kara Swisher, Satya Nadella a été très clair. « Il n’y a pas d’OpenAI sans l’appui massif de Microsoft. Nous adorons leur indépendance, mais… nous avons tous les droits de propriété. Si, demain, OpenAI disparaît, aucun de nos clients ne doit s’inquiéter, nous avons tous les droits pour continuer les innovations et pas seulement les distribuer. Tout ce que nous faisons en partenariat avec OpenAI, nous pouvons le faire nous-mêmes. Nous avons l’informatique, les données, les gens. Nous avons tout. Nous sommes autosuffisants » en IA, a-t-il énuméré.

Et d’avertir que si Sam Altman revenait à la tête de la société, ils « [s’assureraient] qu'[ils ne reviendraient] jamais à une telle situation, où [ils auraient] de telles surprises », assurant que leurs « intérêts étaient solides ». « Comme je l’ai dit, nous avons tous les droits », a-t-il insisté. « C’est ce que le conseil d’administration d’OpenAI n’a pas compris. Il est stupide de penser qu’une entreprise avec un peu de technologie peut faire toute la différence », a-t-il glissé, toujours en souriant.

Microsoft plus puissant qu’OpenAI

Microsoft se retrouve dans une position bien plus forte que la semaine passée vis-à-vis d’OpenAI, avec lequel sa relation semblait floue, sans que l’on sache lequel dépendait de l’autre. En sept ans, le géant américain y a en effet injecté des milliards de dollars (10 à 13 milliards, selon la presse), largement sous forme de crédits pour utiliser ses supercalculateurs. Puis a commencé à commercialiser les produits d’OpenAI, dont ChatGPT, en les intégrant dans ses logiciels (Word, Excel, son moteur de recherche Bing, Outlook, etc.)

En commercialisant ChatGPT dans ses propres logiciels, Microsoft est en réalité devenu si puissant qu’il concurrence son propre partenaire, lié par un contrat à long terme exclusif. Résultat : OpenAI est encore loin d’engranger un bénéfice, tandis que Microsoft a vu au troisième trimestre les recettes de son cloud Azure bondir de près de 30 %.

« Avec le retour de Sam Altman et ce conseil d’administration, c’est Microsoft qui va posséder OpenAI », estime Dan Ives, du fonds Wedbush Securities, dans une interview. « C’est nettement positif, pour Microsoft », renchérit Frederick Havemeyer, du groupe financier Macquarie Group : « Nadella a excellemment joué. Il continuera d’avoir accès à la propriété intellectuelle d’OpenAI avec un conseil d’administration plus ouvert à la commercialisation et à l’accélération de l’innovation. En IA, Microsoft prend la tête de la meute, face aux autres grands groupes de cloud, Google et Amazon, qui cherchent tous à développer l’IA. »

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