AnimauxLille assume le gazage des pigeons pour en réguler la prolifération

Lille assume le gazage des pigeons pour en réguler la prolifération

AnimauxMontrée du doigt par plusieurs associations de défense des animaux, la mairie de Lille reconnaît néanmoins que l’euthanasie est un « un outil complémentaire nécessaire » pour endiguer la prolifération des pigeons
A l'instar de nombreuses métropoles, Lille lutte contre la surpopulation de pigeons (illustration).
A l'instar de nombreuses métropoles, Lille lutte contre la surpopulation de pigeons (illustration). - Vladimir Smirnov/TASS/Sipa USA/S / SIPA
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Les pigeons sont considérés comme nuisibles dans certaines villes françaises en raison de leur prolificité et des risques sanitaires liés à leurs déjections.
  • La mairie de Lille fait appel à un prestataire pour capturer et euthanasier les pigeons par gazage, une méthode dénoncée comme cruelle par l’association Paz.
  • Le président de la LPO préconise l’installation de pigeonniers sélectifs et contraceptifs, estimant que l’on peut apprendre à vivre avec les pigeons même s’ils posent problème.

On ne va pas se mentir, les pigeons ne sont pas vraiment en odeur de sainteté dans les métropoles. D’aucuns les qualifient même de « rats des airs », au regard de la frénésie avec laquelle ils se reproduisent et de leur capacité à se nourrir de tout et n’importe quoi. Et que dire de leurs fientes, un fertilisant certes efficace, mais qui n’a aucune autre utilité en ville que de pourrir les bâtiments et abîmer la peinture des voitures. Alors, quand les populations de ces volatiles deviennent vraiment trop nombreuses, certaines municipalités sortent les grands moyens pour s’en débarrasser. C’est le cas notamment à Strasbourg ou Lille.

Bien malin celui qui saura dénombrer les pigeons à Lille. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’ils sont nombreux, très nombreux, trop nombreux même selon la mairie. La municipalité déplore une « surpopulation de pigeons, dont la régulation est rendue nécessaire », explique-t-on à 20 Minutes. Et cela pose plusieurs problèmes, « notamment pour les risques infectieux liés à leurs déjections ou pour favoriser la biodiversité ». Alors oui, la ville paye un prestataire pour capturer et euthanasier les pigeons par gazage.

La même méthode que dans les abattoirs à volailles

Une méthode « efficace » et « nécessaire », dénoncée par l’association Paz pour sa cruauté. « Rappelons que le gazage est une méthode cruelle : la mort est longue et douloureuse », affirme l’association dans le texte accompagnant sa pétition pour l’arrêt des campagnes de capture des pigeons, mis en ligne en janvier dernier.

Sur son site internet, la société prestataire de la mairie de Lille ne développe pas la partie euthanasie, et encore moins de la méthode « d’élimination » employée. Néanmoins, contrairement aux affirmations de Paz, les pigeons capturés ne sont pas gazés dans des caissons à CO2. Selon nos informations, les oiseaux sont d’abord étourdis par électronarcose, puis ils sont gazés à l’argon. « L’électronarcose est une méthode utilisée dans les abattoirs à volailles qui permet de les endormir et de leur éviter de souffrir », affirme à 20 Minutes un vétérinaire lillois.

« Que serait Venise sans ses pigeons ?, lance à 20 Minutes Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO. On peut aussi apprendre à vivre avec, même s’il faut reconnaître que cela peut poser un certain nombre de problèmes. » L’euthanasie, il ne faut pas lui en parler : « cruelle » estime-t-il aussi. « Certaines villes ont opté pour des pigeonniers sélectifs et contraceptifs et cela fonctionne très bien, même si ça demande en effet un peu plus de temps », insiste Allain Bougrain Dubourg.

De son côté, la mairie de Lille affirme qu’elle « explore diverses options disponibles comme les pigeonniers contraceptifs ». La ville encourage aussi l’installation de faucons pèlerins « afin de mieux occuper l’espace aérien et d’éviter trop de confort à l’installation de pigeons nouveaux venus ». Un important travail est aussi fait auprès de la population pour éviter le nourrissage des pigeons. Sauf qu’en l’état, cela ne suffit pas, nous explique-t-on, « la capture et l’euthanasie de pigeons sont donc des outils complémentaires nécessaires ».