Faits diversUn homme tué dans son lit après des tirs près d’un point de deal à Dijon

Dijon : Un homme tué dans son lit, victime collatérale de tirs parce qu’il habitait « au-dessus d’un point de deal »

Faits diversVers 0h30, des individus circulant à bord d’un véhicule ont fait feu vers des immeubles et un homme a été mortellement blessé par un des tirs alors qu’il se trouvait à son domicile
La police judiciaire est chargée de l'enquête. (illustration)
La police judiciaire est chargée de l'enquête. (illustration) - Mourad ALLILI/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Un homme a été tué dans la nuit de samedi à dimanche à Dijon, alors qu’il dormait dans son appartement, après plusieurs rafales de coups de feu tirés sur la façade de son immeuble abritant un point de deal. Vers 0h30, des individus circulant à bord d’un véhicule ont fait feu vers des immeubles et « un homme de 55 ans a été mortellement blessé par un des tirs alors qu’il se trouvait à son domicile », a indiqué le procureur de la République de Dijon Olivier Caracotch.

L’homme, déclaré décédé à 0h50, se trouvait dans son appartement situé au premier étage avec son épouse et sa fille, a précisé une source policière. La fusillade a eu lieu près d’un point de deal dans le quartier Stalingrad et deux individus sont en fuite, selon la même source. Cet homme de 55 ans semble « être une victime bien dramatique et bien malheureuse qui n’a été touchée que par le fait qu’elle habitait à proximité immédiatement au-dessus » d’un « point de deal », a précisé Olivier Caracotch lors d’un point presse.

« J’aimerais que la France protège mieux ses habitants »

« Mon père et moi, avec ma mère, on a été réveillé par une succession de coups de feu puis ça s’est arrêté. Puis ça a repris, et quand on est allé voir mon père qui dormait dans son lit, il était mort », témoigne sa fille, âgée de 23 ans, qui a souhaité garder l’anonymat. Elle a précisé que son frère de 24 ans se trouvait également dans l’appartement de cette famille kosovare arrivée en France il y a quatorze ans.

« Il y a quelques années, il y a déjà eu des coups de feu sur la façade de l’immeuble qui avaient déjà touché notre appartement », a expliqué la jeune femme, estimant qu’il s’agissait « sûrement d’un règlement de comptes ». « J’aimerais que la France protège mieux ses habitants, moi je veux quitter Dijon », a-t-elle dit sous le choc et en larmes.

Le fils de la victime a raconté de son côté que son père avait fait dans le passé un infarctus « parce qu’il s’énervait à cause des gens alentour ». Dans l’entrée de l’immeuble, des impacts de balles sont encore visibles. Une femme les cheveux recouverts d’un foulard noir s’effondre en pleurant. « C’est un point de deal, ça fait depuis longtemps que c’est comme ça », est intervenu un voisin qui n’a pas voulu donner son nom. Un autre voisin d’une cinquantaine d’années a déclaré : « Ça fait depuis longtemps qu’ils viennent ici chercher de la coke, c’est un vrai business, ils font la queue dès 10 heures du matin ».

Une liste de victimes collatérales qui s’allonge

Interrogés par l’AFP, plusieurs habitants de l’immeuble ont confirmé sous couvert de l’anonymat des problèmes « réguliers » avec des dealers et consommateurs. Le quartier aux allées arborées, où ont été récemment construits des HLM proprets, est situé derrière un centre de demandeurs d’asile et abrite plusieurs familles de réfugiés politiques ou de demandeurs d’asile. La Direction territoriale de la police judiciaire (DTPJ) a été saisie, selon le procureur. La CRS 8, l’unité de CRS spécialisée dans le maintien de l’ordre, va être envoyée à Dijon, a ajouté le ministère de l’Intérieur.

Les guerres de territoires entre trafiquants font de plus en plus de victimes, en raison de l’usage d’armes plus meurtrières. Dans les Bouches-du-Rhône, particulièrement meurtries, ces conflits ont fait plus d’une quarantaine de personnes cette année, dont trois victimes collatérales. Une jeune femme de 24 ans a notamment été fauchée par une rafale de Kalachnikov en septembre, alors qu’elle se trouvait à son domicile avec sa mère, au 3e étage d’un immeuble de Marseille. A Nîmes, le petit Fayed âgé de dix ans a perdu la vie fin août, touché par balles dans une fusillade liée à la guerre de la drogue dans le quartier populaire de Pissevin. Neuf personnes dont un mineur de 17 ans ont été mises en examen mi-novembre dans cette enquête.