oupsMais c’est quoi cette « erreur de Costa » qui ébranle le Portugal ?

Portugal : Mais c’est quoi cette « erreur de Costa » qui ébranle le pays ?

oupsLe Premier ministre portugais António Costa a démissionné le 7 novembre pour avoir été mis en cause dans une enquête pour « corruption ». Problème : la justice s’est trompé de « Costa ».
Le Premier ministre portugais, Antonio Costa, lors d'un discours au pays et d'une conférence de presse au palais de Sao Bento, à Lisbonne, le samedi 11 novembre 2023.
Le Premier ministre portugais, Antonio Costa, lors d'un discours au pays et d'une conférence de presse au palais de Sao Bento, à Lisbonne, le samedi 11 novembre 2023.  - Armando Franca/AP/SIPA / SIPA
Marion Pignot

M.P. avec AFP

L'essentiel

  • Le Portugal a plongé dans la crise politique le 7 novembre, lorsque le ministère public a lancé une série d’arrestations et de perquisitions ayant notamment débouché sur la démission du Premier ministre socialiste António Costa.
  • Le nom du Premier ministre a été cité dans une enquête pour trafic d’influence visant plusieurs personnalités proches de lui. Sa démission a déclenché la convocation d’élections législatives anticipées le 10 mars prochain.
  • Mais dans la foulée, le ministère public portugais a reconnu qu’une erreur de retranscription aurait confondu le nom du Premier ministre et celui de son ministre de l’Economie, António Costa e Silva. 20 Minutes fait le point.

«On est fatigué de cette comédie. Depuis le mois de mai ça n’arrête pas. C’est scandale après scandale. » Silvia habite Murtal, près de Lisbonne, et l’affaire du « mauvais Costa » ne l’amuse pas vraiment. « C’est un truc improbable mais vrai, commente auprès de 20 Minutes la Portugaise de 36 ans. ''Ils se sont juste trompés de nom, c’est tellement stupide. A ça, tu ajoutes l’instabilité, la droite extrême qui remonte… ça nous tue. »

Au pouvoir depuis fin 2015, António Costa a remporté pour la première fois la majorité absolue lors des législatives anticipées de janvier 2022. Mais le 7 novembre, coup de théâtre : le Premier ministre démissionne. Ce jour-là l’opération « Influencer » entraîne la chute du gouvernement portugais. Il s’agit de révélations sur un scandale de corruption lié à l’attribution de licences d’extraction de lithium dans le nord du Portugal et à la construction d’un méga centre de données à Sines, à une centaine de kilomètres au sud de Lisbonne.

« La honte aussi bien pour nos politiques que pour notre justice »

L’affaire éclaboussant António Costa porte, selon le parquet général de la République, sur des soupçons de « malversation, corruption active et passive de titulaires de fonctions politiques et trafic d’influence ». Le Premier ministre est soupçonné d’être lui-même intervenu « pour débloquer des procédures », précise le parquet. Et les plus proches collaborateurs de Costa sont touchés, selon Observador, notamment son chef de cabinet et son ministre des Infrastructures, Joao Galamba. Fin de cycle », « séisme du 7 novembre », « bombe » politique, titreront les journaux pour décrire cette journée chaotique pour le pouvoir en place.

Les médias locaux n’imaginaient pas une seconde que la journée du 14 novembre pourrait éclipser celle du « 7 ». Une semaine après la démission d’António Costa, le parquet fait savoir qu’il a confondu António Costa, avec António Costa e Silva, ministre de l’Economie. Selon le compte X Nova Portugal qui reprend France Info, l’erreur « surréaliste » viendrait d’une transcription d’écoute téléphonique. « On plonge tellement dans le grand n’importe quoi en ce moment que cette bourde ne me surprend même pas, réagit Inès, une jeune Portugaise, contactée par téléphone. Vous, ça vous fait rire parce que des Costa il y en a 100.000 chez nous, mais nous, ça nous agace et ça nous replonge dans une crise sans fin. Et, franchement, c’est la honte aussi bien pour nos politiques que pour notre justice. »

« Pour le Portugal, c’est fini. »

Le ministère public portugais a reconnu un « gros bug » dans cette affaire. « La justice, après avoir dit : ''oui, on a des écoutes téléphoniques qui l’impliquent'', déclare une semaine plus tard : "en fait, on s’est trompé de nom, ce n’était pas lui, c’était le ministre de l’Economie, qui s’appelle aussi Costa" », résume sur France info Ana Navarro-Pedro, journaliste portugaise correspondante à Paris. Il n’en fallait pas plus pour discréditer le ministère public. Et ce, d’autant que c’est un avocat placé en détention provisoire dans ce dossier qui s’est rendu compte de l’erreur de transcription. C’est lui qui a prononcé la fameuse phrase à l’origine de ce scandale. En se replongeant dans le dossier, il a averti les juges qu’il parlait du ministre de l’Economie et non du Premier ministre.

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Selon les informations publiées par la presse locale, cette « erreur de Costa » ne blanchit toutefois pas le Premier ministre et ne remet pas en cause sa démission. Le nom du chef du gouvernement est effectivement cité dans des dizaines d’écoutes de conversations tenues entre les différents suspects. « António Costa devait succéder à Charles Michel, à la tête du Conseil européen mais maintenant son avenir est entre les mains de la justice portugaise, conclut Ana Navarro-Pedro. Pour le Portugal, c’est fini. »

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En attendant, la course à la succession d’António Costa est lancée. Au sein du Parti socialiste, l’ex-ministre des Infrastructures Pedro Nuno Santos sera opposé à l’actuel ministre de l’Intérieur, José Luis Carneiro. Le vainqueur sera désigné par les militants mi-décembre. Et jusqu’au 10 mars, date des législatives anticipées, António Costa et António Costa Silva resteront aux commandes.