Nantes : La polémique sur le Voyage en hiver se dégonfle, mais des critiques demeurent
place aux avis•Les illuminations et animations de l’événement « Voyage en hiver » ont été dévoilées samedi. Au-delà des critiques des jours précédents, les Nantais ont donc pu juger sur pièces. Les avis sont très partagés
Frédéric Brenon
L'essentiel
- Les illuminations des rues ont été dévoilées samedi, en même temps que démarrait la deuxième édition de l’événement « Voyage en hiver ».
- De vives critiques sont adressées à la mairie de Nantes depuis plusieurs jours. Il lui est reproché de vouloir gommer les éléments distinctifs de Noël.
- Les avis des nombreux Nantais ayant découvert les installations sont finalement très mitigés.
«Beaucoup de bruit pour pas grand-chose », résume Philippe, un Rezéen venu en voisin « boire un vin chaud » et « voir ce qui fait polémique ». Lancées par CNews la semaine passée, les critiques se sont poursuivies ces derniers jours, jusque sur le plateau de Cyril Hanouna, poussant la maire de Nantes, Johanna Rolland, à réagir. La ville de Nantes était en effet accusée par plusieurs médias et commentateurs de vouloir « gommer Noël » en « remplaçant le Père Noël par une mère Noël en jogging », en supprimant les sapins et guirlandes et en choisissant des « couleurs pastel » pour ses décorations.
La programmation du deuxième « Voyage en hiver », cet événement visant à animer la ville de façon un peu décalée comme ce qui est déjà proposé l’été, était particulièrement pointée du doigt. Sauf que celui-ci n’a officiellement débuté que samedi soir. Les critiques avaient donc été exprimées sans voir le résultat. Les très nombreux Nantais présents ce week-end en centre-ville ont, eux, pu juger sur pièces.
« Je la trouve sympa mais sans plus »
Premier constat : le Père Noël n’a pas été remplacé, il a enchaîné les photos dans son chalet scintillant de la place Royale, précédé par une longue file d’attente de parents et enfants. Le marché de Noël, noir de monde, est fidèle à lui-même, des sapins sont bel et bien visibles dans les rues adjacentes, tandis que le manège-sapin de la place Graslin est toujours au rendez-vous. Moins élégant, le manège évoquant un bonhomme de neige a, lui aussi, fait son retour place du Bouffay.
La fameuse « petite maman Noël », sculpture signée de l’artiste Virginie Barré, était à découvrir à quelques mètres de la place, suspendue à un anneau, un peu à l’écart des flux piétons. « Elle n’est pas très grande et on ne la voit pas beaucoup à cet endroit, c’est dommage. Ils auraient mieux fait de la mettre rue Crébillon par exemple », estime Philippe. « Je ne l’avais pas remarquée », avoue Clotilde. « Je la trouve sympa mais sans plus. Il n’y avait pas de quoi en faire tout un fromage », considère Sébastien, son mari. Delphine se montre plus indulgente. « Une femme pour représenter Noël, c’est bien, ça change. Elle me fait penser aux sculptures réalistes du musée d’arts. »
« Lorsqu’elles sont illuminées, c’est magnifique »
Déjà visibles l’an passé, les installations lumineuses du « Voyage en hiver » apparaissent à davantage de façades cette année. Etonnament, le choix des couleurs ne semble, finalement, pas déranger grand monde. « C’est très joli, c’est chaleureux, ça ne me pose aucun problème », indique Clotilde. « Autant de jour c’est assez moche avec un effet carnaval, autant la nuit, lorsqu’elles sont illuminées, c’est magnifique », juge Jean-Yves. « J’aime beaucoup les candélabres multicolores, ajoute Jenny, rue d’Orléans. Les mascarons, je suis moins fan, ça n’apporte pas grand-chose je trouve. Le plus chouette, c’est l’illumination colorée des façades. »
Une critique revient dans les conversations : ces illuminations ne sont pas assez nombreuses. « Je ne sais pas si c’est pour faire des économies, ce qui pourrait se comprendre d’ailleurs, mais ça manque. Regardez, la plupart des bâtiments n’en ont pas », soulève Philippe, le Rezéen. « C’est un peu léger, confirme sa compagne. Quand on va du côté de Feydeau et de Commerce, il n’y a qu’une ou deux façades illuminées. C’est dommage. Il y a encore de la marge avant de devenir la capitale de Noël. » « Quand on sort du centre-ville, alors là c’est la catastrophe, il n’y a plus rien désormais, même pas une pauvre guirlande », se désole Agnès. « Il n’y en a que pour le centre-ville », peste une autre passante.
Quant aux concerts de cloches, et à leurs sonorités déformées résonnant jusque sur les piles des ponts de Loire, la plupart des visiteurs interrogés ce dimanche ne s’en sont « pas rendu compte ». « Si si, je les ai bien entendues tout à l’heure, mais je ne savais pas que c’était en rapport avec le Voyage à Nantes », réagit Jenny. Les promeneurs les plus curieux devaient aller jusque dans les douves du château pour découvrir certains modèles de cloches prêtées par l’abbaye de Fontevraud. « C’est impressionnant de voir leur taille de près. C’est une belle initiative », apprécie Agnès.
Prévu pour durer cinq années, le Voyage en hiver a coûté un peu plus d’un million d’investissement à Nantes métropole, budget auquel il faut ajouter une dépense de fonctionnement de 600.000 euros.
