série« Pamela Rose, la série », l’illusion des Etats-Unis en banlieue parisienne

« Pamela Rose, la série » : Comment donne-t-on l’illusion des Etats-Unis en banlieue parisienne ?

sérieSi les personnages de Bullit et Riper enquêtent à Washington, en réalité chaque épisode est tourné aux alentours de Paris. Le réalisateur et la chef déco nous expliquent comment ils ont procédé
Kad Merad et Olivier Baroux interprètent les agents du FBi Bullit et Riper
Kad Merad et Olivier Baroux interprètent les agents du FBi Bullit et Riper -  © Julien Panié/Gaumont/Canal+ / Canal+
Stéphanie Raïo

Stéphanie Raïo

L'essentiel

  • Canal+ diffuse la suite de « Pamela Rose, la série » ce lundi à 21 heures
  • Contre toute attente, la banlieue parisienne a servi de décor pour l’enquête de Bullit et Riper censée se dérouler à Washington.
  • Ludovic Colbeau-Justin, le réalisateur, et Gladys Garot, la chef déco, nous expliquent comment on donne l’illusion des Etats-Unis en tournant notamment à Noisiel ou Lésigny, en Seine-et-Marne.

Il n’y a pas de doute. Il suffit de voir le siège du FBI ou les pavillons de quartier pour s’en convaincre : c’est bel et bien aux Etats-Unis que Bullit et Riper mènent l’enquête sur le serial killer de youtubeurs dans Pamela Rose la série. Un joli tour de force quand on sait que les neuf épisodes mettant en scène Kad Merad et Olivier Baroux ont été tournés en banlieue parisienne. Comment donne-t-on cette illusion ? D’autant que, comme Gladys Garot, la chef déco, le précise : « Le but n’était pas uniquement d’être aux Etats-Unis, mais d’être aussi dans les images d’Epinal de séries américaines contemporaines ». Mindhunter, Homeland, ou Ozark sont cités par le réalisateur Ludovic Colbeau-Justin qui reconnaît au passage avoir regardé toutes les séries de FBI classiques avant de se lancer dans cette aventure.

Tout commence par un gros travail de recherche et de référence. « On regarde sur Google earth à quoi ressemblent les rues à Washington, le centre-ville, puis on s’éloigne dans la banlieue car ce n’est plus le même urbanisme, note Gladys Garot. On a procédé également ainsi pour Philadelphie car le tueur en série se déplace ». Le réalisateur admet qu’évidemment « la principale difficulté, c’est de trouver les décors ». Pour dénicher ces extérieurs américains en banlieue parisienne, il faut se pencher sur le travail de William Levitt. « Cet architecte américain avait construit plusieurs types de petits pavillons implantés autour de Paris, donc il y a trois-quatre zones qui sont des villages référencés avec ce côté "petite maison à l’américaine ", c’est-à-dire des jardins sans clôture, avec une allée centrale, précise le réalisateur. On a également beaucoup de bow-windows (des fenêtres à encorbellement) dans la série ».

Une trentaine de bâtiments visités pour le siège du FBI

Pamela rose, la série est ainsi tournée à Lésigny (Seine-et-Marne), mais pas seulement. « Dans le même département, on est aussi allés à Serris, ajoute Gladys Garrot. C’était pour les quartiers de Washington en centre-ville, qui correspondent à des immeubles de trois étages blancs, tous un peu collés, avec trois quatre marches à l’entrée. Cela a servi pour faire les extérieurs du personnage d’Olivier ». Elle évoque également des villes de Corbeil-Essonnes, avec des pavillons plus modestes qui ressemblaient à des repérages vus dans la banlieue de Philadelphie. En tout, la série compte 35 décors, et on passe à 70 avec les sous-décors, à savoir quand extérieur et intérieur ne sont pas tournés au même endroit. « La contrainte des lieux de tournage était très importante mais c’est quelque chose sur lequel on n’a pas voulu céder car la crédibilité passe par là », insiste Ludovic Colbeau-Justin.

Vient ensuite l’imposant siège du FBI. « J’ai visité une trentaine de bâtiments, entre ceux qui étaient occupés, ceux qui ne l’étaient pas, ceux qui étaient à construire », indique le réalisateur qui, finalement, jette son dévolu sur d’anciens bâtiments de Nestlé à Noisiel. « Ils étaient vides et fermés depuis le Covid. Là-dedans, avec la chef déco et le chef op', on a trouvé de grands volumes, qui nous plaisaient, qui nous permettaient de faire ces open spaces, avec des plafonds assez bas car, dans les films américains, on voit les plafonds, les structures. La prod a joué le jeu parce qu’elle a accepté qu’on crée des univers afin que l’on ne s’enferme dans deux petits bureaux », souligne le réalisateur.

Meubler « à l’américaine »

Pour la déco, il est décidé de conserver le mobilier de bureau classique présent sur place qui « fonctionne aussi bien en France qu’aux Etats-Unis », estime la chef déco, et des logos du FBI sont apposés sur des fichiers ou retravaillés en fond d’écran d’ordinateur. L’affaire se complique pour tourner les extérieurs du FBI. « C’était trop complexe, on ne trouvait pas », se souvient le réalisateur, qui propose alors de prendre une série d’images d’archives. « On en a même récupéré du film Mais qui a tué Pamela rose ? » , se rappelle-t-il. Quelques petites astuces renforcent également cette illusion d’un tournage outre-Atlantique. On meuble les intérieurs « à l’américaine », avec par exemple du mobilier de dimension plus grande qu’en Europe ou en disposant la tête de lit sous une fenêtre. « Je ne sais pas si c’est comme ça dans toutes les maisons mais ce sont des clichés à l’image de la cinématographie de ce pays », note la chef déco. Le réalisateur renchérit : « On a voulu garder la vision que nous avons des Américains. Aujourd’hui, à Washington, vous voyez que des Toyota ou des Audi sur les routes. Nous, on y a amené aussi des Cadillac car cela aide le visuel, ça renforce l’idée ».

Reste à filmer à la façon d’une série réalisée aux Etats-Unis. « De façon traditionnelle, ils filment avec les caméras assez basses, signale Ludovic Colbeau-Justin. Cela paraît être un détail mais ça change le point de vue. Ce n’est pas grand-chose mais, dans le package, ça joue. On a aussi tourné en vrai cinémascope. Ce sont tous ces petits plus qui ont permis de faire la blague ».