EDUCATIONA Nantes, « inquiétude » autour du futur collège symbole de mixité sociale

A Nantes, « énorme inquiétude » autour du futur collège symbole de mixité sociale

EDUCATIONA la rentrée 2024, un nouveau collège du centre-ville de Nantes doit accueillir des élèves des environs mais aussi du quartier populaire du Breil. Familles et personnels demandent « des moyens et des garanties »
Vue du futur nouveau collège du centre-ville de Nantes
Vue du futur nouveau collège du centre-ville de Nantes - © Cobalt Architectes / © Cobalt Architectes
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Une manifestation doit se tenir ce jeudi à partir de 16h30 devant le collège Rosa-Parks, dans le quartier prioritaire du Breil à Nantes.
  • Parents et personnels réclament des réponses avant la fermeture de leur établissement, dont une partie des élèves seront scolarisés dans un nouveau collège du centre-ville.
  • Ils demandent notamment « des moyens suffisants » pour que ce projet, visant à améliorer la mixité sociale à l'école, puisse fonctionner et remporte l'adhésion auprès des familles, tentées pour certaines par l'enseignement privé.

Les vacances de Noël approchent mais c’est la rentrée scolaire 2024 qui occupe les discussions. Au collège public Rosa-Parks de Nantes, une manifestation se prépare chez les personnels et parents d’élèves de cet établissement situé dans le quartier populaire du Breil. A partir de 16h30 ce jeudi, le collectif Papermix et plusieurs syndicats appellent à se mobiliser pour demander « des moyens et des garanties » quant au projet de resectorisation de plusieurs collèges, qui aboutira à la fermeture de celui-ci en septembre prochain, au nom de davantage de mixité scolaire.

Pour rappel, le conseil départemental avait décidé en avril de chambouler la carte scolaire : il avait annoncé que trois collèges allaient fermer leurs portes pour déménager dans le nouvel établissement actuellement en construction dans le centre-ville (qui remplacera l’ancien lycée Vial). Si l’on savait que les élèves plutôt favorisés de Jules-Verne et de Guist’hau, juste à côté, y seraient affectés, la nouveauté était qu’une partie de ceux du collège Rosa-Parks, plus modestes, y auront aussi leur place.

« Nous soutenons l’idée de davantage de mixité pour une meilleure réussite de tous les élèves, mais pour que ça fonctionne il faut des moyens suffisants, s’inquiète aujourd'hui Sylvain Marange, du collectif Papermix. Nous n’avons pour l’instant aucune garantie. »

Le collège Rosa-Parks à Nantes
Le collège Rosa-Parks à Nantes - J. Urbach / 20 Minutes

« La mixité, il faut la préparer »

Alors que la réflexion fait lentement son chemin en France autour de cette question, le collectif (qui assure regrouper des centaines de parents et d’enseignants des six collèges et des neuf écoles concernées) a listé plusieurs revendications. « Nous demandons d’abord une réduction des effectifs des élèves sur tous les niveaux de classe dans les collèges d’accueil, poursuit Sylvain Marange, lui-même enseignant et parent d’élève. Cela doit s’accompagner de moyens de vie scolaire suffisants, avec des assistants d’éducation, des infirmières, des assistantes sociales… »

Autre préoccupation, surtout des quelque 70 enseignants concernés, l’absence d’information sur les futures affectations. « Il y a une énorme inquiétude chez ces personnels qui ne savent pas où ils seront envoyés, voire s’ils seront mutés ailleurs ou je ne sais où, indique Erwan Le Bouch du Snes FSU 44. C’est très important car la mixité, il faut bien la préparer, ce n’est pas juste mélanger des publics. » Chez les familles, de grosses barrières culturelles et organisationnelles sont encore à lever, comme l’épineuse question de l’éloignement géographique de l’établissement.

Une « fuite » vers le privé ?

Sans réponses à « ce grand flou », le risque soulevé par les parents et personnels mobilisés c’est la « fuite vers le privé », qui concerne actuellement un élève sur deux dans le département. « Les familles s’inquiètent et elles cherchent des solutions, constate Sylvain Marange. Les inscriptions se font très tôt donc si l’Education nationale ne veut pas faire autrement que respecter le calendrier classique, ce sera beaucoup trop tard pour convaincre les familles de faire le choix du public. » Interrogé sur le sujet en avril, le conseil départemental assurait au contraire que les familles allaient « revenir dans le public, justement pour que leurs enfants puissent étudier dans ce nouveau collège ».

Quant au projet de mixité en lui-même, il peut s’appuyer sur un récent rapport de l'institut des politiques publiques (IPP) qui montre que « la diversité sociale des camarades de classe a des effets modérés mais hétérogènes sur la réussite scolaire, transitant essentiellement par leur niveau scolaire » et sur différentes expérimentations, comme à Paris et à Toulouse, où les résultats sont inégaux. Mais selon la note de l’IPP, « les effets de la diversité sociale des camarades de classe vont au-delà de la seule performance scolaire : elle favorise le développement des capacités socio-émotionnelles des élèves, réduit la prévalence des stéréotypes raciaux et sociaux, et, pour les élèves socialement défavorisés, améliore l’insertion professionnelle ».