assisesUn récit accablant pour Zepeda, accusé du meurtre de Narumi Kurosaki

Narumi Kurosaki : « Une boîte d’allumettes et cinq litres de produit inflammable », le récit qui accable Zepeda

assisesL’officier de police judiciaire responsable de l’enquête sur la disparition de l’étudiante japonaise Narumi Kurosaki en 2016 à Besançon a livré jeudi un récit précis et détaillé, accablant pour Nicolas Zepeda
Renaud Portejoie (à droite ) et Sylvain Cormier (à gauche),  avocats de Nicolas Zepeda à la cour d'assises de Vesoul le 4 décembre 2023 court
Renaud Portejoie (à droite ) et Sylvain Cormier (à gauche), avocats de Nicolas Zepeda à la cour d'assises de Vesoul le 4 décembre 2023 court - Sebastien Bozon / AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Ce jeudi, à la cour d’assises de Vesoul en Bourgogne-Franche-Comté, c’était au tour de l’officier de police judiciaire responsable de l’enquête sur la disparition de l’étudiante japonaise Narumi Kurosaki en 2016 à Besançon de passer à la barre. Il a livré un récit précis, détaillé et accablant pour Nicolas Zepeda, qui comparaît pour assassinat. Si devant les jurés, David Borne, le brigadier-chef à la PJ de Besançon a reconnu que « c’est une faiblesse dans un dossier criminel de ne pas avoir de corps », il confie néanmoins que cela « a permis de pousser les investigations au plus profond de ce qu’on pouvait faire, pour répondre à tout. »

S’en est suivi un récit détaillé pendant deux heures, pendant lequel il raconte les investigations menées pendant quatre ans, mobilisant des services d’enquête français, mais aussi espagnols, japonais et chiliens, compilés dans un dossier de 8.000 pages. Le Brigadier-chef a commencé en évoquant les premiers soupçons, portés sur Arthur Del Piccolo, le petit ami de Narumi au moment de sa disparition. « C’est vrai que son comportement est particulier. Il intellectualise tout, il fait une enquête avec ses amis », explique David Borne.

Mais les enquêteurs ne collectent aucun élément qui permettrait de le placer en garde à vue. Au contraire, ils orientent rapidement leurs recherches vers un autre suspect, Nicolas Zepeda, le précédent petit ami de l’étudiante japonaise. Pour rappel, la déposition de l’enquêteur en première instance avait fait basculer le procès, qui avait abouti à la condamnation du Chilien à 28 ans de réclusion criminelle.

Rien d’étonnant à ce qu’alors, les avocats de la défense Renaud Portejoie et Sylvain Cormier, contestent à nouveau le fait qu’il dépose à la barre en s’appuyant sur des notes. « Il lit intégralement sa déposition, c’est interdit en cour d’assises », s’agace Renaud Portejoie. « Le principe d’oralité des débats est d’ordre public, ça me pose problème. » « Je vais vous demander de vous détacher de vos notes », intervient alors le président de la cour, Arnaud François, pour mettre fin à l’incident. Peu importe, le policier a poursuivi sans ciller son récit d’une enquête hors norme qu’il connaît sur le bout des doigts.

L’officier est donc revenu sur les « cris d’horreur » entendus dans une résidence universitaire dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016. « On se rend compte que ce soir-là, il y a vraiment quelque chose de grave qui s’est passé à proximité de la chambre de Narumi », expose l’enquêteur. Plus tôt dans la soirée, Narumi Kurosaki avait dîné au restaurant avec Nicolas Zepeda. La police judiciaire a ainsi fait la lumière, à l’aide de l’exploitation du bornage téléphonique, des paiements par carte bleue, sur le déroulé du séjour du Chilien en France.

Une liste d’achat qui intrigue

« Il achète des articles pour le moins troublants : une boîte d’allumettes, cinq litres de produit inflammable et un spray de produit détergent », détaille David Borne : « ça nous surprend. » La vidéosurveillance a mis en évidence un individu au visage dissimulé qui « s’intéresse à la résidence universitaire » quelques jours plus tôt : « il la prend en photo, essaie d’entrer par la porte de la buanderie. » Les apparitions de l’individu devant les caméras de surveillance correspondent exactement aux heures et jours où Nicolas Zepeda s’est rendu sur le campus.

L’officier décrit aussi comment l’accusé avait « pris possession » des réseaux sociaux de la victime. « Jaloux », il « n’accepte pas que Narumi puisse s’être fait des amis masculins sur le territoire français », observe-t-il. « Il a une obsession particulière pour Arthur Del Piccolo ». Des messages, envoyés notamment par Facebook depuis le compte de la victime plusieurs jours après sa dernière apparition publique, ont « considérablement retardé le début de l’enquête », souligne le policier.

Notre dossier assassinat

L’officier précise aussi que Nicolas Zepeda s’était arrêté de nuit le 1er décembre dans une zone forestière « absolument pas touristique », à proximité d’une rivière. Il y retourne le 6, après la disparition, aux petites heures du jour, toujours dans l’obscurité. Pour l’accusation, ces arrêts correspondent à des « repérages », puis à l’abandon du corps. « On a fait venir les brigades fluviales, les maîtres-chiens. On a fait des battues, des recherches en bateau, mais on ne l’a pas retrouvé », regrette David Borne. Narumi Kurosaki « n’est pas partie d’elle-même, et on ne peut pas imaginer qu’elle s’est suicidée », termine-t-il. « La seule solution qu’on ait, c’est qu’elle se soit fait assassiner. Et le seul et unique suspect, c’est Nicolas Zepeda. »