FAKE OFFLe Hamas a spéculé en bourse sur le 7 octobre ? Des experts écartent l’idée

Guerre Hamas-Israël : Le Hamas a-t-il profité en bourse de l’attaque du 7 octobre ? Des experts écartent l’hypothèse

FAKE OFFDeux chercheurs américains ont pointé du doigt un volume anormal de transactions quelques jours avant l’attaque lancée par le Hamas. Des hypothèses auxquels ne croient pas des spécialistes de la bourse de Tel Aviv
Des combattants du Hamas lors d'une parade en juillet.
Des combattants du Hamas lors d'une parade en juillet. - SOPA Images/SIPA / Sipa
Mathilde Cousin

Mathilde Cousin

L'essentiel

  • Deux chercheurs américains affirment avoir détecté un volume anormal de transactions en bourse quelques jours avant l’attaque du Hamas le 7 octobre contre Israël.
  • Le responsable des transactions à la bourse de Tel Aviv a battu en brèche les arguments des deux chercheurs américains.
  • Israel Securities Authority, le régulateur du marché financier israélien, a déclaré auprès de Reuters que « dans les jours précédant l’attaque terroriste du Hamas, aucune anomalie significative dans les transactions qui aurait nécessité une enquête plus approfondie n’a été détectée ».

Un rapport « inexact », une publication « irresponsable ». La bourse de Tel Aviv, citée par l’agence de presse Reuters, ne s’est pas montrée tendre mercredi avec un rapport de deux chercheurs américains.

Dans ce document publié le 3 décembre, intitulé « Trading on terror ? » [Boursicoter sur le terrorisme], Robert Jackson et Joshua Mitts, professeurs de droit à l’université de New York et à Columbia, affirment avoir détecté un niveau d’activité boursière suspecte le 2 octobre, cinq jours avant l’attaque du Hamas sur Israël. Une activité qui s’est avérée lucrative pour les spéculateurs, notent les auteurs, qui annoncent un bénéfice de 3,2 milliards de shekels, la monnaie israélienne, soit environ 800 millions d’euros.

Les auteurs ne pointent pas directement du doigt le Hamas, mais plusieurs médias ont repris le rapport en faisant un lien avec le mouvement islamiste.

FAKE OFF

Les chercheurs n’ont pas utilisé la bonne unité dans leur rapport, a noté Yaniv Pagot, le responsable des transactions à la bourse de Tel Aviv, auprès du journal israélien The Globe. Les transactions en question se font en effet en arogot, l’équivalent des centimes, et non en shekels, l’équivalent des euros. Le bénéfice estimé annoncé par les chercheurs doit donc être divisé par cent : il ne doit plus être estimé en milliards de shekels, mais en millions. Une erreur que les chercheurs ont rectifiée dans une deuxième version de leur rapport disponible en ligne.

De plus, « il n’y avait rien d’inhabituel dans les positions courtes en bourse dans les deux mois précédant l’attaque », a expliqué à Reuters le même Yaniv Pagot. Israel Securities Authority, le régulateur du marché financier israélien, a déclaré auprès de l’agence de presse américaine que « dans les jours précédant l’attaque terroriste du Hamas, aucune anomalie significative dans les transactions qui aurait nécessité une enquête plus approfondie n’a été détectée ».

Yaniv Pagot écarte également auprès du journal The Globe l’hypothèse d’un délit d’initié du Hamas ou d’un délit commis via des sociétés écrans : « Si nous supposons que quelqu’un a effectué une énorme vente à découvert d’une action, la personne qui a effectué cette vente à découvert serait totalement transparente pour le régulateur local parce qu’elle doit signer un accord de prêt d’actions avec un membre du TASE [la bourse de Tel Aviv ».

Le spécialiste continue : « Un membre du Hamas ou une société de paille agissant en son nom signerait-il un accord de prêt d’actions sur le TASE ? Même si quelqu’un veut emprunter des actions d’une valeur de 500 millions de NIS, il doit s’identifier auprès d’une banque et obtenir un cadre de crédit. La banque a donc besoin d’informations sur les personnes impliquées. Il y a des questions comme le blanchiment d’argent, etc. En d’autres termes, un tel scénario n’est pas envisageable. »

Le Financial Times évoque une autre option pour expliquer le volume d’échanges le 2 octobre : ce jour correspond au premier jour de bourse du trimestre. Pour le quotidien spécialisé, il se pourrait que les mouvements observés soient la décision d’un fonds d’investissement, qui aurait décidé de modifier ses positions le jour de l’ouverture. Une seconde hypothèse qui reste à confirmer, mais qui est bien éloignée du scénario du délit d’initié.