ULTRALIBERALISMEInvesti président de l’Argentine, Milei annonce un « choc » d’austérité

Argentine : Investi président, Javier Milei annonce un « choc » d’austérité budgétaire

ULTRALIBERALISMEAprès sa prestation de serment, Javier Milei a lancé « il n’y a pas d’argent ! », indiquant même que la situation allait « empirer à court terme »
Javier Milei après son investiture comme président de l'Argentine, à Buenos Aires le 10 décembre 2023.
Javier Milei après son investiture comme président de l'Argentine, à Buenos Aires le 10 décembre 2023. - Sebastian Hipperdinger/Faro Collective / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L’Argentine a officiellement pris le virage de l’ultralibéralisme. Elu le 19 novembre, Javier Milei est devenu dimanche président, annonçant un inévitable « choc » d’austérité.

« Il n’y a pas d’alternative à un ajustement, il n’y a pas d’alternative à un choc » budgétaire, car « il n’y a pas d’argent ! », a-t-il lancé à plusieurs milliers de partisans, à l’extérieur du Parlement, où il venait de prêter serment. « Nous savons que la situation va empirer à court terme. Mais après nous verrons les fruits de nos efforts », a-t-il ajouté, promettant « toutes les décisions nécessaires pour régler le problème causé par 100 ans de gaspillage de la classe politique ».

Milei voit l’Etat comme un « ennemi »

Face à lui, une mer ciel et blanc de drapeaux argentins acclamait ses interventions, aux cris de « Libertad, Libertad », voire « Motosierra ! » (à la tronçonneuse !), en référence à l’outil qu’il brandissait en campagne, pour symboliser les coupes à venir dans l'« Etat ennemi ».

A la mi-journée, Javier Gerardo Milei, 53 ans, est devenu le douzième président de l’Argentine depuis le retour de la démocratie il y a quarante ans, jurant devant les parlementaires d’honorer « avec loyauté et patriotisme » cette charge, puis revêtant l’écharpe présidentielle. Il a aussi reçu le traditionnel sceptre fait sur mesure pour chaque président, portant dans son cas gravées sur le pommeau les gueules de ses cinq chiens mastiffs anglais – « ses enfants », comme il les appelle.

Milei a été investi sous le regard bienveillant de dirigeants ou politiciens nationalistes ou conservateurs, qui avaient salué sa victoire avec enthousiasme : le Brésilien Jair Bolsonaro, le Hongrois Viktor Orban, le chef de la formation espagnole d’extrême droite Vox, Santiago Abascal. Présent aussi l’Ukrainien Volodymyr Zelensky, avec qui Javier Milei a partagé une longue accolade. Le roi d’Espagne, les présidents d’Uruguay, du Chili, du Paraguay voisins étaient également à Buenos Aires. Le Brésilien Lula, vivement critiqué par Milei par le passé, avait délégué son chef de diplomatie.

Une inflation à 143 % sur un an

Troisième économie d’Amérique latine mais engluée dans une inflation chronique, à 143 % sur un an, un endettement structurel, et 40 % de pauvreté, l’Argentine se prépare à des ajustements douloureux.

Une incertitude demeure sur les toutes premières mesures : dévaluation du peso ? Premières coupes budgétaires ? Restriction, voire interdiction d’émission monétaire ? Dimanche, Javier Milei a réaffirmé qu’un premier objectif concret sera une réduction de 5 % du PIB du déficit budgétaire, qui « tombera sur l’Etat, pas le secteur privé ».

Mais d’ici là, « les gens vont avoir pour la première fois depuis longtemps des prix "libres" : la fin des "prix encadrés" », estime Viktor Beker, économiste de l’Université de Belgrano, prédisant une forte inflation en décembre, janvier. Milei lui-même a prévenu que l’inflation ne sera pas maîtrisée avant « 18 à 24 mois ».