justicePremières mises en examen après l’accident de Puisseguin en Gironde

Gironde : Premières mises en examen après l’accident de Puisseguin qui a fait 43 morts en 2015

justiceDeux personnes morales sont concernées : la société de transport qui avait affrété le camion et l’entreprise à l’origine de la pose d’un réservoir de carburant additionnel sur le camion. Deux personnes physiques de ces sociétés sont aussi visées
Photo le 26 octobre 2015 des carcasses de l'autocar et du camion qui étaient entrés en collision trois jours avant à Puisseguin, en Gironde
Photo le 26 octobre 2015 des carcasses de l'autocar et du camion qui étaient entrés en collision trois jours avant à Puisseguin, en Gironde - MEHDI FEDOUACH  / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Huit ans après Puisseguin, l'un des plus terribles accidents routiers survenus en France, de premières mises en examen ont été annoncées. Quatre mises en examen ont été prononcées en novembre au cours de l'enquête sur cet accident dramatique qui avait coûté la vie à 43 personnes en 2015. L'affaire avait été rouverte en mars.

« On a besoin d'aller plus vite »

Deux personnes morales sont concernées: la société de transport qui avait affrété le camion impliqué dans l'accident avec l'autocar ; et l'entreprise à l'origine de la modification du poids-lourd avec la pose d'un réservoir de carburant additionnel.Deux personnes physiques, les représentants de ces deux sociétés, sont également visées dans cette enquête pour homicide involontaire « par manquement à une obligation de prudence ou de sécurité ».

Ces quatre mises en examen prononcées les 9 et 10 novembre interviennent à la faveur de la réouverture de l'instruction sur cet accident de la route, le plus meurtrier en France depuis celui de Beaune en 1982 (53 morts), après que la cour d'appel a infirmé en mars un non-lieu rendu en 2021.

« Notre persévérance fait qu'on a ces quatre mises en examen mais le bilan (de l'instruction) est un peu maigre au bout de huit ans », a réagi Me Marie Mescam, l'une des avocates du collectif de victimes de Puisseguin, en faisant part de leur « impatience »: « On a besoin d'aller plus vite. »

Le drame s'était noué au matin du 23 octobre 2015 quand un semi-remorque s'était déporté sur la gauche au sortir du village de Puisseguin, à l'est de Bordeaux, avant de percuter un car de retraités en excursion venant en sens inverse.

Pris au piège dans les flammes et des fumées toxiques, 41 personnes à bord étaient mortes brûlées vives ou asphyxiées. Huit en avaient réchappé. Le chauffeur du camion et son fils âgé de trois ans étaient décédés dans l'accident.

« Le côté positif, c'est que l'enquête est relancée »

Dans son ordonnance de non-lieu, un juge d'instruction de Libourne estimait en 2021 que si des fautes avaient été commises, elles n'avaient pas de lien de causalité direct avec l'accident, dont l'origine était selon lui l'excès de vitesse du conducteur du camion. Aucune mise en examen n'était intervenue durant la procédure.Mais la chambre de l'instruction, le 2 mars, a ordonné un supplément d'information.

Une commission rogatoire a notamment été diligentée en Allemagne pour de nouvelles investigations sur la conception de l'autocar par le constructeur Mercedes et sa filiale EvoBus. « Le côté positif, c'est que l'enquête est relancée », a relevé Danièle Gauvin, présidente du collectif des victimes à l'issue d'une réunion avec les avocats des parties civiles mardi soir.

Elle a néanmoins déploré les longs délais de l'instruction, évoquant des victimes « exaspérées » pour ces lenteurs: « On nous avait dit au départ que (ce supplément d'information) risquait de prendre deux ans. Sur les deux ans, on a déjà mangé un tiers » depuis le mois de mars, a-t-elle déploré.