ProcédureAuchan échappe finalement aux poursuites après le drame du Rana Plaza

Auchan échappe finalement aux poursuites après le drame du Rana Plaza

ProcédureDix ans après l’effondrement d’un immeuble au Bangladesh qui avait coûté la vie à 1.138 ouvriers du textile, la cour de cassation a entériné le fait qu’Auchan, mis en cause par plusieurs associations, ne serait jamais poursuivi en justice
Les décombres du Rana Plaza, immeuble abritant des ateliers de confection de vêtements au Bangladesh, où sont morts en 2013 plus de 1.130 ouvriers (illustration).
Les décombres du Rana Plaza, immeuble abritant des ateliers de confection de vêtements au Bangladesh, où sont morts en 2013 plus de 1.130 ouvriers (illustration). - Bruno Lajara / Sipa
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • En mai 2013, un immeuble s’est effondré au Bangladesh dans lequel se trouvaient des ateliers de confection, faisant 1.138 morts.
  • Un an plus tard, des ONG ont porté plainte contre Auchan après avoir retrouvé des étiquettes de la marque dans les décombres.
  • En 2022, la procédure a débouché sur un non-lieu, confirmé en appel la même année. Le pourvoi en cassation s’est aussi soldé par un échec, la cour ayant conclu, mardi, qu’elle ne pouvait examiner la demande des trois associations.

En mai 2013, au Bangladesh, s’effondrait l’immeuble du Rana Plaza, dans lequel étaient installés des ateliers de fabrication de vêtements. Un drame dont le bilan humain final faisait état de 1.138 victimes, des ouvriers du textile. Un an plus tard, l’ONG Sherpa, ActionAid France et le Collectif Ethique sur l’Étiquette avaient déposé une plainte contre le groupe Auchan après que des étiquettes « In Extenso », la marque de vêtements du groupe, ont été retrouvées dans les décombres. Mais dix ans plus tard, les différentes procédures ont échoué et les plaignants ont pris acte, mardi, qu’Auchan ne serait jamais poursuivi.

Sherpa, ActionAid France et le Collectif Ethique sur l’Étiquette sont allés jusqu’en cassation pour tenter d’amener Auchan à répondre devant la justice de ce qu’ils qualifient de « pratiques commerciales trompeuses ». En vain, la juridiction ayant considéré, mardi, qu’elle ne pouvait examiner la demande des trois associations. « Quelques jours après le mouvement de contestation historique des travailleurs du textile du Bangladesh, Auchan, échappe définitivement à toute poursuite pour son implication dans l’effondrement du Rana Plaza », déplore Salma Lamqaddam, chargée des campagnes Droits des femmes au travail pour ActionAid France.

Deux non-lieux prononcés en 2022

Pour sa part, Auchan se dit « très satisfait de la décision de la cour de cassation ». Selon un porte-parole du groupe, « cela confirme ce que nous martelons depuis le début, à savoir que nous n’avons jamais eu recours à un fournisseur du Rana Plaza », explique-t-on à 20 Minutes. Le groupe soutient que le modèle de vêtement de la marque « In Extenso » retrouvé dans les ruines du bâtiment était le fruit d’une « sous-traitance sauvage » de l’un des deux fournisseurs d’Auchan.

En avril 2014, les trois associations avaient donc déposé plainte contre Auchan. Elles soutenaient que « les engagements éthiques d’Auchan, par lesquels elle se targuait de faire respecter les droits des travailleurs et travailleuses » constituaient une « pratique commerciale trompeuse » au vu des « conditions de travail régnant au Rana Plaza ». L’instruction judiciaire ouverte s’était conclue, en 2022, par un non-lieu en raison d’une « insuffisance de preuves ». Même chose, huit mois plus tard, devant la cour d’appel. Les magistrats avaient cette fois mis en avant les « audits sociaux » mis en place par Auchan et les « dispositions contractuelles » prises avec les fournisseurs du groupe pour « respecter des conditions de travail satisfaisantes ».

« Nous avons beaucoup appris de cette catastrophe, et avons signé et mis en œuvre le protocole ''Accord 1'' [accord sur la sécurité des entreprises textiles], dès 2013 », assure un porte-parole du groupe Auchan, précisant avoir « atteint 100 % des objectifs » et même étendu ce protocole lié au textile aux biens non alimentaires.