SECONDE MAINUsagés ou même cassés, les jouets ne veulent plus finir à la poubelle

Bretagne : Usagés ou même cassés, les jouets ne veulent plus finir à la poubelle

SECONDE MAINEntreprise de l’économie sociale et solidaire, Copains des jouets, basée à Retiers au sud de Rennes, revend ou transforme des jouets cassés ou d’occasion. Elle accueillera bientôt dans ses équipes des personnes autistes
Bretagne : Plus de cinq tonnes de jouets recyclés en quelques mois
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

L'essentiel

  • Alors que Noël approche, on estime que 120.000 tonnes de jouets finissent chaque année à la poubelle.
  • Plusieurs structures associatives ou de l’économie sociale et solidaire ont vu le jour ces dernières années pour mettre fin à ce gaspillage et redonner une seconde vie à ces jouets.
  • À Retiers au sud de Rennes, l’entreprise Copains des jouets transforme même les jouets cassés en objets de décoration. Dans les prochaines semaines, elle embauchera des personnes autistes pour favoriser leur insertion professionnelle.

Un rapide coup d’œil sur le GPS nous informe que nous sommes à plus de 3.000 kilomètres de la Laponie. Hormis la neige et les rennes, l’entrepôt ressemble pourtant à s’y méprendre à l’atelier du père Noël. À quelques jours du passage du gros bonhomme rouge, le local de Copains des jouets à Retiers (Ille-et-Vilaine), au sud de Rennes, déborde de peluches, de jeux de construction et de société, de poupées ou de figurines. Mais ici, pas de jouets neufs même si certains arrivent parfois dans leur emballage d’origine. Seulement des jouets usagés, abîmés ou cassés que la jeune société récupère auprès d’écoles, de crèches, d’entreprises ou de bailleurs des environs. Et chaque jour, la tournée apporte son lot de trésors. « On a régulièrement les yeux qui brillent », assure Fabrice Delalande.

À l’origine du projet lancé au printemps, ce grand enfant s’est donné pour mission de sauver de la poubelle tous ces jouets délaissés qui encombrent les chambres ou les armoires. La ressource ne manque pas, car, selon l’Ademe, 120.000 tonnes de jouets sont jetées chaque année. Et seulement 4 à 5 % réutilisés. Face à un tel gaspillage, plusieurs structures d’économie sociale et solidaire ont vu le jour un peu partout sur le territoire pour offrir une seconde vie à ces pauvres voitures télécommandées, robots et autres Playmobil. En quelques mois à peine, Copains des jouets en a déjà sauvé plus de cinq tonnes.

« Vous n’achetez pas un jouet chez nous, vous l’adoptez »

Après un tri par catégories et un petit coup de nettoyage, la moitié des jouets collectés sont revendus tels quels sur le site de la société bretonne, soit par lots ou au kilo. Avec des tarifs bien sûr avantageux pour les clients avec des jouets vendus « entre 10 et 70 % du prix du neuf », souligne Fabrice Delalande. « Mais, chez nous, vous n’achetez pas un jouet, vous l’adoptez », sourit-il. « Et un enfant ne sera pas plus heureux avec un jouet neuf », abonde Gaëlle Le Stradic, en charge de l’économie sociale et solidaire à la région Bretagne, qui a octroyé une subvention de 17.000 euros à Copains des jouets.

Si une figurine a été amputée de sa tête ou de sa jambe ou si une pièce d’un jeu de société manque à l’appel, Laëti et Julia, les deux employées, sortent alors les outils pour les réparer. « On reçoit énormément de jeux Docteur Maboul et il manque systématiquement l’os dans les boîtes, indique Julia. Du coup, on bricole pour en refaire un autre. »

Des personnes autistes bientôt embauchées

Alors que le recyclage des jouets, notamment de la matière plastique, s’avère encore très complexe, la société bretonne récupère même les jouets cassés dont plus personne ne veut. Des rebuts qui, grâce au talent et à la créativité des salariés ou d’artistes partenaires, vont devenir des objets de décoration comme des pots de fleurs et des abat-jour ou des bijoux. « Cela reste encore très amateur, reconnaît Fabrice Delalande. Nous avons donc hâte de passer à la vitesse supérieure, car il y a tellement de choses à inventer. »

Dans les prochaines semaines, l’entrepreneur donnera également corps à un autre volet de son projet avec l’embauche de personnes autistes. « Je pense que le cadre ici peut convenir à certains », indique le fondateur de Copains des jouets, lui-même en situation de handicap. En France, on considère que 90 à 95 % des personnes autistes sont éloignées de l’emploi.