prouesseAu CHU de Nantes, un grand brûlé sauvé par l’hémoglobine de vers marins

Nantes : Un très grand brûlé sauvé grâce à l’hémoglobine de vers marins

prouesseUn pansement innovant mis au point à partir de vers de vase a permis au CHU de réussir la cicatrisation d’un patient brûlé à 85 % dont le pronostic vital était engagé
Une opération chirurgicale au CHU de Nantes (illustration).
Une opération chirurgicale au CHU de Nantes (illustration). - S.Rieussec/AFP / AFP
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Pour la première fois en France, un patient brûlé à 85 % du corps a pu être soigné grâce à un pansement enrichi en hémoglobine animale.
  • Ce pansement est doté d’hémoglobine de vers marins dont le pouvoir d’oxygénation est très important.
  • Le CHU de Nantes se réjouit d’une « réussite » et de « résultats spectaculaires ».

C’est une première en France sur une surface cutanée aussi importante, se réjouit le CHU de Nantes. Au cours de l’été dernier, un patient brûlé à 85 % et dont le pronostic vital était engagé a été pris en charge par les équipes du centre des brûlés de l’hôpital public nantais. La surface corporelle totale brûlée du patient était telle que « le ratio entre les zones à greffer et les zones de peau prélevables » était « très défavorable ». Face à la gravité de la situation, les médecins ont opté pour un traitement exceptionnel : un pansement innovant doté d’hémoglobine animale, en l’occurrence de vers marins.

Les résultats ont été « spectaculaires » puisque le recours à cette solution à permis de « faire redémarrer le processus de cicatrisation en continu ». Le patient a pu être transféré en centre de rééducation spécialisé après trois mois d’hospitalisation en centre aigu, se félicite le CHU, qui évoque une « réussite ».

Des vers de vase présents dans l’Atlantique et la Manche

« Habituellement, pour les brûlés à 85 % nous réalisons de nombreuses interventions pour exciser les brûlures et les remplacer petit à petit par la peau du patient. Chez ce patient, afin de limiter la surface à greffer et donc à prélever sur les rares zones non brûlées, nous avons opté pour ce pansement afin d’essayer de faire cicatriser sans chirurgie le thorax, l’abdomen et le dos, permettant de conserver les sites donneurs de greffe pour les mains et les membres inférieurs », explique Pierre Perrot, chef de service du centre des brûlés de Nantes.

Développé à partir de la technologie d’Hemarina, un laboratoire bioparhamecutique breton, le pansement utilisé est enrichi en hémoglobine d’arenicola marina, des vers de vase présents sur les plages de l’Atlantique et de la Manche. Son principal atout est son pouvoir d’oxygénation : l’hémoglobine de vers, qui peut être injectée directement dans la circulation sanguine, transporte 40 fois plus d’oxygène que l’hémoglobine humaine. Nettement plus petite qu’un globule rouge, elle est également « capable d’atteindre des zones très difficiles d’accès ».

Les perspectives d’avenir pour ce nouveau traitement sont « immenses », considère le CHU de Nantes. Car ce pansement vise aussi à soigner les plaies hypoxiques comme les ulcères du pied diabétique, les escarres, ou autres plaies « pour lesquelles il n’existe aujourd’hui aucune solution thérapeutique satisfaisante ».

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