éducationPourquoi la « commission parentalité » fait-elle polémique ?

Pourquoi la « commission parentalité » fait-elle polémique ?

éducationA peine créée par la ministre des Solidarités et des Familles, la commission parentalité suscite des remous en son sein et à gauche, notamment en raison de son côté « répressif »
Un jeune homme s'attaque à une agence bancaire lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, en juin dernier (illustration).
Un jeune homme s'attaque à une agence bancaire lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, en juin dernier (illustration). - SENER YILMAZ ASLAN/SIPA / Sipa
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles, a annoncé la création d’une « commission scientifique » pour faire des propositions sur « les défis de la parentalité ».
  • Dans le même temps, la ministre a présenté plusieurs mesures, notamment la mise en place de travaux d’intérêt général pour les parents défaillants, ce qui choque la gauche qui y voit une volonté de « culpabiliser » les parents.
  • Suite à cette annonce, certains membres ont claqué la porte de la commission, déplorant qu’elle soit placée sous « l’égide de méthodes répressives ».

Faire payer aux parents les bêtises de leurs rejetons. C’est, grosso modo, le postulat avancé, samedi dernier, par la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, lorsqu’elle a annoncé la mise en place d’une commission pour « relever les défis de la parentalité ». Si cette commission est chargée de proposer une liste de mesures concrètes, il en est une, revendiquée par la ministre, qui semble déjà actée : des travaux d’intérêt général pour les parents défaillants. Un côté « répressif » qui offusque la gauche et jusqu’à certains membres de la commission.

C’est quoi cette « commission parentalité » ?

L’affaire a commencé, samedi dernier, lorsque la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, a annoncé la création d’une « commission scientifique » dont le travail consistera à faire des propositions pour « relever les défis de la parentalité ». Par cette dernière expression, la ministre englobe les cas de parents dépassés dans l’éducation de leurs enfants, les conflits familiaux, les jeunes violents et dépendants.

Le travail de cette commission a été lancé, lundi, et la ministre a accordé six mois à ses membres pour lui délivrer des propositions concrètes. A la tête de la commission, le pédopsychiatre Serge Hefez et Hélène Roques, autrice de Sauvons nos enfants. Les autres membres sont des démographes, des magistrats, des pédopsychiatres, des philosophes.

Les raisons de la colère

Dans l’idée, le postulat à l’air carré. Sauf que les premières propositions de la commission n’émaneront pas de ses membres. En effet, Aurore Bergé à inscrit en haut de la liste une série de mesures : travaux d’intérêt général pour les parents défaillants, paiement d’une contribution financière pour les parents d’enfants coupables de dégradations et une amende pour les parents ne se présentant pas aux audiences concernant leurs enfants. « Il y a clairement un enjeu d’autorité à restaurer, ce n’est ni ringard ni réac de le dire », a assumé la ministre.

« C’est une idée indigne, qui vise à culpabiliser ou à rendre responsables des parents qui, je crois, pour l’immense majorité d’entre eux, veulent le meilleur pour leurs enfants », a déploré pour LFI, Manuel Bompard. « Quand on constate le fait que la pauvreté explose, ce qu’on doit faire, c’est non pas pénaliser et réprimer encore un peu plus les parents, mais c’est venir à leur aide », estime l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint. Le député PS Jérôme Guedj déplore, lui, que « là aussi on fragilise les familles » pendant que « tous les réseaux d’aide à la parentalité voient leurs moyens diminuer du fait de la suppression des emplois aidés ».

Conséquences immédiates

Dans la foulée de la première réunion de la commission, qui s’est tenue lundi, certains de ses membres ont jeté l’éponge. La sociologue de la famille, Irène Théry, son homologue, Claude Martin, et la chercheuse au CNRS Agnès Martial, ont claqué la porte de la commission, déplorant que « les travaux annoncés soient placés sous l’égide de méthodes répressives ». Irène Théry a par ailleurs assuré que d’autres membres étaient, comme eux, très « réservés ».

S’il a décidé de rester en poste, le co-président de la commission, Serge Hefez, a tout de même regretté que la ministre annonce dans le même temps la création de la commission et les « mesures coercitives » qu’elle souhaitait mettre en place.

Pour calmer le jeu, les deux co-présidents, Hélène Roques et Serge Hefez, ont d’ailleurs tenu à préciser que la commission parentalité « n’est pas la commission ''surveiller et punir'' ». « Cette commission va être amenée à mettre des mots sur des nouveaux enjeux, des nouveaux risques, auxquels font face les enfants et donc les familles, et la façon dont on peut aider les parents à aider les enfants dans un contexte anxiogène », a déclaré à l’AFP Hélène Roques.