Enlèvement d’Alex Batty : Ce qu’a dit l’adolescent aux gendarmes sur la « communauté spirituelle » dont il s’est échappé
itinéraire•Méditation, réincarnation et nomadisme. Alex Batty, le garçon retrouvé près de Toulouse six ans après son enlèvement, a succinctement décrit aux gendarmes sa vie dans la communauté dont il s’est enfuiHélène Ménal
L'essentiel
- Alex Batty, un garçon anglais enlevé en 2017, a été retrouvé dans la nuit de mercredi à jeudi, errant au bord d’une route près de Toulouse.
- Ces dernières années, il a vécu « dans les Pyrénées », au sein d’une communauté spirituelle itinérante, versée dans les « énergies » et la méditation.
- Des investigations vont être menées sur ce groupe alternatif, « peut-être sectaire », dont on ignore jusqu’au nom.
Il « marchait la nuit et dormait le jour, se nourrissant dans les champs et les jardins ». C’est ainsi qu’Alex Batty, un jeune Anglais victime d’un rapt familial en 2017, a décrit aux gendarmes de la brigade de recherches de Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne) les quatre jours d’errance qui l’ont ramené à la civilisation dans la nuit de mercredi à jeudi.
Un mode de vie itinérant auquel il était semble-t-il habitué, à en croire les premières déclarations, succinctes, qu’il a faites sur la façon dont il a vécu depuis 2017 et ce jour où sa mère et son grand-père maternel, qui n’avaient pas sa garde, ont décidé de ne pas le ramener à Manchester, après des vacances en Andalousie.
Des potagers et des panneaux solaires pour seuls bagages
A l’époque, la grand-mère et tutrice d’Alex, Susan Caruana, soupçonnait son ex-mari et sa fille de l’avoir entraîné dans un « mouvement sectaire alternatif ». L’adolescent, de 17 ans aujourd’hui, « n’utilise pas le terme de secte. Il parle de communauté spirituelle », a précisé ce vendredi Antoine Leroy, le procureur adjoint de Toulouse.
L’adolescent – dont « il n’est pas certain qu’il ait réalisé qu’il était recherché », a d’abord vécu « un peu plus de deux ans au Maroc » après sa disparition. Il est arrivé en 2020-21 « dans les Pyrénées » comme il dit, où le trio a rejoint un groupe constitué d’autres familles, mouvant dans sa composition, et évoluant dans un vaste périmètre allant des environs de Perpignan (Pyrénées-Orientales) à l’Aude, en passant par l’Ariège. « Ils se déplaçaient souvent de grandes maisons en grandes maisons, toujours en covoiturage », a indiqué le magistrat. « Les seuls bagages qu’ils transportaient étaient leurs panneaux solaires et leurs potagers », a ajouté Léa Chambonnière, la commandante de la compagnie de Villefranche-de-Lauragais.
Méditation et réincarnation
Au quotidien, la communauté vivait de menus travaux de réparation ou de restauration. Très versée dans les « énergies », elle méditait, menait « un travail sur l’ego, sur la réincarnation », basé sur « l’inexistence du monde réel ». Alex, qui n’a par conséquent jamais été scolarisé, a insisté sur le fait qu’il n’avait « strictement jamais » subi de violence physique durant la parenthèse pyrénéenne, mais il a évoqué des « violences sexuelles », dans son enfance anglaise, avant l’enlèvement.
Sa « fuite » de la communauté le weed-end dernier serait liée à la décision de sa mère de partir vivre en Finlande. Ce qu’elle aurait fait la semaine dernière selon les gendarmes. Sans Alex, décidé à prendre sa vie en main et à retrouver sa grand-mère en Angleterre. Son grand-père serait selon lui décédé dans la communauté, il y a « à peu près six mois ».
Si « aucune enquête n’est ouverte, ni en France, ni en Espagne sur son enlèvement », sur lequel les investigations appartiennent exclusivement à la police de Manchester, Antoine Leroy précise que, côté français, « les gendarmes vont lancer des investigations » sur cette « communauté spirituelle », « peut-être sectaire », où se croisent Espagnols, Québécois, Indiens, et qui n’a a priori jamais fait parler d’elle.
Tout savoir sur l'affaire Alex BattyQuant à Alex, retrouvé épuisé et sans papier d’identité, il devrait regagner Manchester et les bras de sa grand-mère d’ici « un à deux jours », le temps d’accomplir les formalités administratives ; Tant qu’il sera à Toulouse, les autorités sont décidées « à protéger son intimité ». Outre-Manche, David Cameron, le ministre des Affaires étrangères, a également appelé la presse à préserver ce garçon à l’incroyable destinée, au moins le temps des retrouvailles.