volets fermésPourquoi la Bretagne a dit non à la taxe sur les résidences secondaires

Pourquoi la Bretagne a dit non à la taxe sur les résidences secondaires

volets fermésEn Bretagne, on estime que 23.000 nouveaux logements seraient nécessaires pour faire face à la demande
En Bretagne, certaines communes affichent un taux hallucinant de plus de 80% de résidences secondaires, rendant impossible pour les locaux de se loger à prix abordable.
En Bretagne, certaines communes affichent un taux hallucinant de plus de 80% de résidences secondaires, rendant impossible pour les locaux de se loger à prix abordable. - C. Allain/20 Minutes / 20 Minutes
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • La région Bretagne a voté un plan censé permettre d’améliorer la crise du logement qui la frappe depuis plusieurs années.
  • Confrontés à la flambée des loyers sous l’effet du tourisme estival, de nombreux habitants ne parviennent pas à se loger.
  • Le conseil régional n’a pas souhaité adopter un amendement proposant une taxe régionale sur les résidences secondaires.

Ce n’est pas réellement sa compétence. Mais face à l’urgence de la situation, la Bretagne n’a pas eu le choix. Confrontée à une véritable crise du logement, la région fait face à un terrible défi. Celui de loger dignement toutes celles et ceux qui frappent à sa porte sans pour autant construire n’importe comment. Première région agricole française, elle ne peut plus sacrifier ses terres cultivables, contraintes par les règles de la zéro artificialisation nette. Réuni en session depuis mercredi, le conseil régional a donc proposé, par la voix de sa majorité, un plan dédié au logement.

Plutôt salué par l’assemblée mais sans faire l’unanimité. La majorité de gauche a surtout refusé de voter un amendement proposant une taxe sur les résidences secondaires qui cristallise l’essentiel des tensions. La proposition émanait du groupe autonomiste Breizh a gleiz, qui souhaitait qu’une taxe régionale sur les résidences secondaires soit adoptée afin de « reverser » davantage de logements à vocation de résidence principale et d’éviter le phénomène des volets clos.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Le même groupe politique proposait la création d’un statut de « résident principal breton » permettant de donner priorité aux personnes souhaitant vivre à l’année pour l’obtention d’un logement. « On m’avait dit qu’il ne fallait pas créer une file d’attente pour acheter en Bretagne. Une file d’attente, ça sert à éviter la bousculade, la loi du plus fort, ça sert à ce que chacun ait son tour. Nous ne l’avons pas mise en place. Du coup depuis deux ans c’est la loi du plus fort (du plus riche), dans toute sa brutalité », s’est exprimé l’élu Nil Caouissin sur son compte X.

Sur le littoral, les résidences secondaires peuvent représenter 80% des logements

La majorité de gauche présidée par Loïg Chesnais-Girard a retoqué l’idée de la taxe, estimant que cette approche présentait « le risque de manquer d’une vision globale sur le logement », selon l’élue Fanny Chappé qui portait le plan logement. Le Rassemblement national s’y est aussi opposé, craignant que la sanction ne porte que sur les propriétaires.

En Bretagne, le problème des résidences secondaires n’est pas nouveau. Dans certains secteurs proches du littoral, le taux de ces maisons de vacances dépasse parfois les 80 % ! En les louant quelques semaines l’été sur des plateformes comme Airbnb, certains propriétaires peuvent gagner davantage qu’en les louant toute l’année. « On ne peut pas leur en vouloir s’ils peuvent gagner trois fois plus qu’en logeant un jeune salarié. Il faut revoir profondément la fiscalité au niveau national », estime le président de la région.

Le nombre de résidences secondaires a été multiplié par trois

Ce qui a profondément changé, c’est le marché de l’immobilier. Avec des chantiers à l’arrêt, des taux d’intérêt trop élevés et une démographie galopante, la Bretagne n’arrive pas à faire face. Une enquête dévoilée il y a quelques mois estimait à 23.000 le nombre de nouveaux logements nécessaires pour loger dignement ceux dans l’attente d’un toit. « On estime à 20 % la part de logements qui pourraient passer en résidence principale. Ça ne suffirait pas. On ne peut pas se concentrer que sur l’existant. On doit aussi agir sur le neuf », prévient Fanny Chappé. En cinquante ans, le nombre de maisons construites dans la région a plus que doublé. Mais le nombre de résidences secondaires a lui été multiplié par trois !

Un décret publié fin août avait offert à plus de 2.500 nouvelles communes la possibilité d’activer une surtaxe sur les résidences secondaires. Pour tenter de baisser le coût du logement, la région mise surtout sur l’État. Elle veut faire baisser la TVA pour les bailleurs sociaux qui accepteraient de construire ou encore relancer une foncière régionale permettant à la collectivité d’acquérir des terrains pour éviter la spéculation. « Notre enjeu, c’est de contribuer à faire baisser le coût du logement. Ce sera long. On ne sortira pas de cette crise en quelques semaines ou en quelques mois », prévient Fanny Chappé, également maire de Paimpol.