INTERVIEWLa ZTL devrait permettre de réduire de « 20 % » la pollution à Paris

Paris : La zone à trafic limité devrait permettre « une réduction de 15 à 20 % du bruit et de la pollution »

INTERVIEWLe maire PS de Paris Centre, Ariel Weil, dévoile deux scénarios pour le périmètre de la future zone à trafic limité (ZTL), mais « le choix final dépendra de la préfecture de police »
En 2024, il sera impossible de transiter par le centre de Paris. (illustration)
En 2024, il sera impossible de transiter par le centre de Paris. (illustration) - Clément Follain / 20 Minutes / Pixpalace
Aude Lorriaux

Propos recueillis par Aude Lorriaux

Alors que le dossier pour la future zone à trafic limité (ZTL) vient d’être envoyé à l’Autorité environnementale, comprenant deux scénarios de périmètres, Ariel Weil, le maire PS de l’arrondissement Paris Centre, où elle devrait quasi exclusivement se déployer, explique les contours du projet.

Pour les Parisiens et Parisiennes qui n’ont pas suivi les débats, qu’est-ce que la zone à trafic limité (ZTL) et pourquoi c’est important ?

L’un des engagements de campagne et à l’échelle de Paris Centre c’était de réduire le trafic. J’avais résumé la formule pendant ma campagne en disant : « Paris Centre n’est pas un raccourci ». Nous ne voulons plus que Paris Centre soit une zone de transit. C’est un endroit très dense, cela ne peut pas être un endroit très circulé. Mais il faut conserver le trafic des riverains, le trafic nécessaire pour les commerçants, les transports en commun, et tous les usages expressément nécessaires comme les secours ou la propreté. En Italie, c’est très connu, quasi toutes les villes petites et grandes ont des ZTL, depuis vingt ans parfois, c’est vrai aussi en Espagne.

Quand va être mise en place cette zone ?

Nous nous étions engagés à le faire en 2024, cela devait être au début de l’année, mais la préfecture de police a demandé que ce soit reporté après les Jeux olympiques. Nous voulons avec la maire que cela se fasse juste après les JOP (Jeux olympiques et paralympiques), donc en septembre. C’est notre intention, mais nous allons voir les détails avec la préfecture.

Quel sera le périmètre de cette ZTL ?

Le périmètre couvre tout Paris Centre [1er, 2e, 3e et 4e arrondissements], celui sur lequel on s’est engagés pendant la campagne [En 2022 la ville a souhaité l'étendre jusqu’au boulevard Saint-Germain, mais les maires concernés n’ont finalement pas souhaité le faire]. C’est le scénario principal, celui qu’on présente à l’Autorité environnementale. Néanmoins dans les discussions avec la préfecture, elle a exprimé un désaccord. Elle a la compétence exclusive sur certaines voies, et souhaite un périmètre plus restreint, qui ne comprend pas les quais hauts et les îles. On a fait une étude de l'alternative, pour que l’Autorité environnementale l’étudie. Le choix final dépendra de la préfecture de police, qui a le pouvoir de bloquer des choses. Mais l’idée, c’est d’avancer ensemble, nous travaillons tous en bonne intelligence. Il faut des mesures importantes de réduction de la pollution, nous n’avons pas le choix. La ZTL est un moyen parmi d’autres, comme le changement de plan de circulation qu’on a mis en œuvre dans le Marais et que nous sommes en train de mettre en place en dialogue avec la Préfecture de Police dans le secteur Louvre Opéra, qui passe par la création de voies de bus, la piétonnisation, etc.

Le périmètre de la future ZTL proposé par la mairie de Paris.
Le périmètre de la future ZTL proposé par la mairie de Paris. - Ville de Paris
Le périmètre de la future ZTL proposé par la préfecture de police de Paris.
Le périmètre de la future ZTL proposé par la préfecture de police de Paris. - Mairie de Paris

Pourquoi n’êtes-vous pas d’accord avec la préfecture de police ?

Avoir une ZTL pour tout Paris Centre, c’est mon engagement quand j’ai été élu, et les habitants de mon arrondissement y sont très favorables dans leur ensemble. D’autant que si nous faisons une ZTL plus petite, nous allons surcharger certains points où l’on aura des reports de trafic plus intenses, en particulier sur les quais hauts rive droite. A défaut il faudrait qu’on puisse mettre une voie de bus protégée, qui garantirait que les bus puissent circuler, et qu’on puisse compléter la piste cyclable qui existe déjà autour des quais, entre Hôtel de ville et Tuileries. Je souhaiterais dans ce cas-là que la préfecture de police autorise cette piste cyclable, car cela dépend d’elle. Nous avons exprimé tout cela dans un vœu voté au conseil de Paris de juin 2023.

Comment concrètement va-t-on faire pour interdire le trafic de transit ? Faudra-t-il un macaron spécial pour pouvoir entrer dans la zone ?

Il y aura des panneaux et des contrôles. Les contrôles se feront en sortie, et au tout début ce sera surtout à but pédagogique. Ensuite, il faudra prouver qu’on est riverain, par une carte de riverain que certains ont déjà, ou qu’on fait partie du public qui bénéficie d’une exception, comme les livreurs, les commerçants… A terme, on pourra faire de la vidéo verbalisation.

Est-ce qu’on sait dans quelle proportion la ZTL va réduire la pollution ?

Oui, on a des estimations, contenues dans l’étude que nous avons envoyée à l’Autorité environnementale. Nous attendons une réduction de 15 ou 20 % du bruit et de la pollution atmosphérique, voire 30 % en certains endroits. J’ai les résultats d’une étude qui montre que rue du Renard ou rue de Beaubourg, il y a eu une réduction de 30 % du dioxyde d’azote, suite à un changement du plan de circulation et à la suppression d’une voie de circulation générale, après un an. C’est ça l’objectif pour la ZTL.

Près de 60 % des Franciliens et Franciliennes ont exprimé des craintes voire une franche opposition (22 %) quant au projet de ZTL, comment comptez-vous faire pour les rassurer ?

Il y a une enquête publique qui va concerner aussi les communes voisines. La ville de Paris a souhaité prendre le temps de discuter avec toutes les parties prenantes et j’encourage les habitants à se saisir de la question. Pour tous les professionnels il n’y aura pas de sujet, mais je le dis aussi l’objectif c’est d’améliorer la situation des transports en commun, dont la densité dans le centre de Paris est particulièrement grande, et c’est au bénéfice des habitants, y compris franciliens. La traversée de Paris qui passe par le centre n’a aucun sens patrimonial, environnemental et économique.

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