virusPourquoi l’OMS redoute une épidémie mondiale de variole du singe ?

Variole du singe : Pourquoi l’OMS redoute une propagation internationale de l’épidémie

virusLes cas de mpox, longtemps appelée variole du singe ou « monkey pox », explosent en République démocratique du Congo, et l’OMS craint une transmission internationale
Le mpox - ou variole du singe - est une maladie infectieuse déclenchant une éruption cutanée douloureuse, des pustules, un gonflement des ganglions lymphatiques et de la fièvre.
Le mpox - ou variole du singe - est une maladie infectieuse déclenchant une éruption cutanée douloureuse, des pustules, un gonflement des ganglions lymphatiques et de la fièvre. - halfpoint / Canva
Lise Abou Mansour

Lise Abou Mansour

L'essentiel

  • Les cas de mpox, longtemps appelée variole du singe ou « monkey pox », explosent en République démocratique du Congo (RDC).
  • L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est dite inquiète vendredi des risques d’une propagation internationale de l’épidémie.
  • Quels sont les pays touchés ? Pourquoi le variant 1 inquiète-t-il ? Que faire pour éviter la propagation du virus ? 20 Minutes fait le point.

L’inquiétude grandit. Les cas de mpox, longtemps appelée variole du singe ou « monkey pox », explosent en République démocratique du Congo (RDC). L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est dite inquiète vendredi des risques d’une propagation internationale. Cette maladie infectieuse, qui déclenche une éruption cutanée douloureuse, des pustules, un gonflement des ganglions lymphatiques et de la fièvre, n’est pas nouvelle. Endémique depuis longtemps dans plusieurs pays d’Afrique centrale et de l’ouest, elle s’était ainsi propagée dans 75 pays non endémiques en 2022, notamment eu Europe et aux Etats-Unis.

Si l’OMS avait levé l’alerte en mai 2023 tout en appelant à rester vigilant, une nouvelle épidémie est donc en train d’émerger en RDC, portée par le variant 1 du virus. « Nous craignons qu’il y ait une transmission internationale », a déclaré la docteure Rosamund Lewis, spécialiste du mpox lors d’un point presse organisé à Genève. Quels sont les pays touchés ? Pourquoi le variant 1 inquiète-t-il ? Que faire pour éviter la propagation du virus ? 20 Minutes fait le point.

Quels sont les pays touchés ?

L’épidémie s’étend rapidement, on l’a dit, en RDC. « Plus de 13.000 cas suspects » ont été recensés en 2023, soit « plus de deux fois le nombre de cas signalés au cours des années précédentes », a annoncé la docteure Rosamund Lewis. Parmi eux, « plus de 600 décès ».

Plus globalement, à travers le monde, les cas notifiés à l’OMS sont repartis à la hausse. Ils sont passés d’une centaine par mois de juin à août à « plus que 1.000 par mois » aujourd’hui, a indiqué la médecin. Une flambée de cas qui touche aussi l’Asie, notamment le Japon, le Vietnam, la Chine et l’Indonésie. Le Cambodge a signalé cette semaine son premier cas. L’OMS a également été informée d’une suspicion de flambée de cas sur un bateau de croisière ayant navigué en Asie du Sud-Est.

Pourquoi ce variant 1 inquiète-t-il ?

Le virus s’étant propagé aux Etats-Unis et en Europe en 2022 était le variant 2 (IIb) du mpox. L’épidémie en cours en RDC, est, elle, liée au variant 1. Si les symptômes sont à peu près équivalents, « le variant 1 est connu pour donner des formes plus sévères », explique Jean-Daniel Lelièvre, médecin épidémiologiste et chef du service des maladies infectieuses de l’Hôpital Henri-Mondor à Créteil.

« Les formes graves de mpox sont aussi plus mortelles avec ce variant », assure l’épidémiologiste. En Afrique, le taux de mortalité du variant 1 est de 10 %, dix fois plus que le variant 2. « Les formes plus sévères de ce variant peuvent s’expliquer par les capacités plus limitées de ces pays à s’occuper de patients », nuance le médecin.

Autre préoccupation de l’OMS : sa transmission. Jusqu’à présent, le variant 1 présent sur le continent africain se transmettait au contact de certains animaux, notamment les rongeurs. « Il créait donc des épidémies circonscrites et qui s’arrêtaient vite », selon le professeur. Sauf que, pour la première fois, une transmission sexuelle parmi des malades atteints du variant 1 vient d’être observée. « La population cible semble plus importante, poursuit Benjamin Davido, médecin infectiologue, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’Hôpital Raymond Poincaré à Garches. On est face à un agent infectieux plus transmissible. » Le profil des personnes touchées a effectivement évolué. Si en 2022, la grande majorité des malades européens étaient des hommes, les femmes sont aujourd’hui atteintes elles aussi.

Comment éviter sa propagation ?

Surveillance épidémiologique, renforcement des capacités de diagnostic, prise en charge adaptée des cas, mise à disposition de vaccins efficaces, développement de la recherche pour mieux comprendre les modes de transmission… Les pistes à privilégier pour éviter la propagation de l’épidémie sont nombreuses.

En France, la vaccination contre la variole humaine était obligatoire jusqu’en 1979. Depuis, seule une partie de la population cible concernée par l’épidémie de variant 2 en 2022 a été vaccinée, majoritairement des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Une faible partie des Français, donc, d’autant plus que « le vaccin utilisé lors de cette campagne est efficace mais sa couverture ne dure qu’environ deux ans », rappelle Jean-Daniel Lelièvre.

D’après les deux scientifiques interrogés, toute la question est donc de savoir si ces vaccinations seront suffisamment efficaces pour contenir une potentielle reprise épidémique sur le territoire français. « Il y a encore beaucoup de points d’interrogation, reconnaît Benjamin Davido, mais c’est le principe d’une alerte de l’OMS. »

Si le chef du service à l’hôpital Henri Mondor estime qu'« on peut craindre une épidémie de mpox en France », il rappelle que « les cliniciens connaissent les symptômes et font très attention ». Et si la France ne possède pas d’important stock de nouveau vaccin contre mpox, « elle en commandera en cas de besoin ». Pas de panique donc. Pour l’instant.