les relous, c’est nous, c’est vousCes relous qui disent « Noyeux Joël » ou « ça va comme un lundi »

Ces relous qui disent « Noyeux Joël » ou « ça va comme un lundi »… Et si on disait stop ?

les relous, c’est nous, c’est vousTous les 15 jours, « 20 Minutes » s’intéresse aux relous du quotidien, ceux qui nous agacent sans le vouloir sur des manies pas bien méchantes mais très énervantes
Des expressions peuvent vite devenir insupportables
Des expressions peuvent vite devenir insupportables - Montage - Africa Images / Montage - Africa images
Jean-Loup Delmas

Jean-Loup Delmas

L'essentiel

  • Tous les 15 jours, 20 Minutes se penche sur les relous du quotidien. Celles et ceux qui nous titillent sans le vouloir sur des trucs pas bien méchants… mais très énervants.
  • Dans ce deuxième épisode, on s’intéresse aux relous par la parole. Vous savez, ceux qui adorent les expressions malaisantes, du type « Noyeux Joël » ou « Ça va comme un lundi »…
  • Qui sont-ils ? Quels sont leurs arguments ? Qu’en dit la science ? 20 Minutes a mené l’enquête.

Un voisin de salle de ciné qui gratouille sa boîte de pop-corn XXL pendant tout le film. Un conducteur qui passe à l’orange avant de bloquer tout le carrefour. Le « finisher » du marathon qui se sent obligé de donner son chrono à tout le monde lundi matin au bureau... L’idée de départ est simple : s’intéresser à ces petits gestes « relous » qui nous titillent au quotidien. A ce « sentiment de toute-puissance qui nous fait dire “si je ne le fais pas, l’autre le fera, donc autant le faire moi” », comme le décrit le psychologue Robert Zuili, auteur du Pouvoir des liens (Mango ed., septembre 2023).

Ces petites choses reloues, elles sont légion. Et surtout, surtout, elles nous concernent tous. Car au final, « nous sommes tous le relou de quelqu’un ». Notamment dans nos expressions favorites, le thème du jour.

Le fait relou :

Votre bonne humeur est en apnée depuis plusieurs mois, mais courage : en ce mercredi 20 décembre, il ne vous reste plus que quelques jours dans cet open space moisi avant des vacances 50 % méritées / 50 % nécessaires. C’était sans compter Arthur, votre collègue, bien décidé à vous faire boire le calice jusqu’à la lie. Il a dégainé son plus beau sourire, annonciateur de ce qu’il pense être une réplique bien sentie, et au moment de plier bagage, vous assène un « Et Noyeux Joël en avance ! » plus crispant que la craie sur le tableau noir.

A ce moment-là, il est déjà trop tard, le mal est fait. Tout juste pouvez-vous vous fixer comme résolution 2024 de prendre des cours de ju-jitsu afin de pouvoir mettre un high-kick à Arthur la prochaine fois pour le rendre silencieux.

Alors oui, à 20 Minutes, on tient habituellement une ligne éditoriale pacifiste et bienveillante, mais Arthur n’en est pas à son coup d’essai. Il faut le voir parader à la machine à café avec ses « Ca va comme un lundi » à chaque début de semaine, tenter des « A l’année prochaine » quand un collègue prend deux semaines en décembre, ou se croire drôle avec sa blague phare 2022-2023 : « Ah bah "woke", pour moi, ça veut dire un bon pad thaï ».

Pourquoi c’est méga relou ?

« Mais parce que c’est pas drôle, bordel ! », témoigne une Leslie un poil exaspérée de la vie à 32 ans. Qui, passé 6 ans, où l’esprit critique s’éveille et où les blagues Carambar n’apparaissent plus comme des sommets d’humour, peut trouver amusant « Noyeux Joël » ? Ou se dire « quelle punchline incroyable » en entendant « T’as mangé un clown ce matin » ? Passé la dizaine (et encore, on est gentil), il est temps d’être exigeant niveau blagues, de chercher des doubles sens, de l’inattendu, du graveleux, de l’absurde, bref un fond. « Là, il n’y a rien, c’est l’encéphalogramme plat de l’humour », rajoute Julie.

Et si c’est pour entendre des assonances et des contrepèteries un poil forcées, c’est bien aimable de te proposer, Arthur, mais on a déjà Nekfeu – ou Big Flo et Oli pour les plus chastes d’entre vous – qui font très bien l’affaire.

Enfin, une raison plus spécifique pour le fameux combo « ça va comme un lundi »/« vivement le week-end ». Et pour cela, j’appelle Charlène à la barre : « On a juste envie de secouer notre collègue de bureau, lui ordonner de se prendre en main, pour son bien et notre bien à nous, et que s’il est si malheureux que ça dans son travail, qu’il démissionne et aille trouver le bonheur qu’il mérite ailleurs ».

Les arguments du relou

  • L’argument « relativiste » par Benjamin, 36 ans, soupçonné de nombreux « Comme un lundi »

« Ça va, il y a pire dans la vie, ça ne fait pas de mal »

Un argument difficilement réfutable au vu de l’actualité géopolitique de 2023. Effectivement, entre acheter sa plaquette de beurre 17 euros à cause de l’inflation, voir Poutine envahir toute l’Europe et le Moyen-Orient se déchirer comme jamais, subir la montée du fascisme ou entendre un énième « Nojeux Joël », on prend, à contrecœur, la dernière option.

Argument qui existe en version plus agressive : « T’as que ça à foutre de faire un drame sur ça ? », mais on y reviendra dans la partie Science.

  • L’argument « miroir-miroir » par Marine, 32 ans, coupable de l’expression « J’y go d’agneau »

« Toi qui emploies le mot ''banger'' pour tout et rien, tu vas nous faire des leçons sur les expressions reloues ? »

Eh oui, un peu de modestie, on a tous et toutes des expressions insupportables, des catchs-phrases qu’on emploie à l’envie ou des tics de langage.

  • L’argument « Abbé Pierresque » par Laura, adepte du « A l’année prochaine »

« J’essaie de mettre un peu de gaîté en ce bas monde »

Par les temps qui courent, peut-on vraiment jouer les difficiles ? Une tentative, fût-elle ratée, de mettre du bonheur dans la vie des gens n’est-elle pas à saluer plutôt qu’à condamner ? On préfère tous un match de football où les attaquants tirent au but, quitte à rater leur frappe, que 90 minutes sans action. Tant pis pour les reprises en lucarnes.

Ce qu’en dit la Science

Selon une étude de l’agence d’intérim en ligne Qapa.fr datant de 2019, 46 % des Français déclarent que « oui, il faudrait bannir certaines expressions ». A titre d’exemple, 59 % des hommes avouent utiliser parfois le terrible « Comme un lundi », contre seulement 45 % des femmes (merci à vous).

Mais le relou n’est pas toujours celui qu’on croit. 63 % des Français pensent qu’il est préférable de bannir les personnes voulant censurer les expressions plutôt que de bannir les expressions elles-mêmes. Laissons donc les gens s’exprimer comme ils l’entendent.

Le truc infaillible pour faire comprendre au relou qu’il est relou

Vu qu’on ne vous recommande pas le high-kick, qui reviendrait à commencer 2024 par un licenciement pour faute grave, il vous faudra utiliser une arme tout aussi impactante : le silence. On vous rassure, il ne s’agit pas d’une pseudo-morale bouddhiste « la bave du crapaud ne doit pas t’atteindre, ignore tes ennemis ». Non, si on vous conseille de vous taire, c’est que le relou pseudo-punchlineur déteste le silence, il le terrifie.

Il suffit de le voir sortir une réplique nulle à chaque blanc de plus de 30 secondes : « eh bah, bonne ambiance ici », « vous êtes bavards ce matin ». Et le fameux « c’est tellement bon que personne ne parle » à chaque repas collectif un poil silencieux (oui Arthur, c’est un repas, on est là pour manger, pas pour débattre du sens de la vie).

Chaque seconde de vide que vous imposeriez à Arthur le fera hyperventiler, une bonne manière de se venger du mal qu’il vous a fait. Et JoY-eux Noël quand même, Arthur !