PRIME A LA CONVERSIONDes voitures vouées à la casse bientôt louées aux plus précaires ?

« Un immense gâchis »… Des voitures vouées à la casse bientôt louées aux plus précaires ?

PRIME A LA CONVERSIONAdoptée à l’unanimité au Sénat le 13 décembre, la proposition de loi du groupe écologiste doit désormais être débattue à l’Assemblée nationale
Si la proposition de loi des écologistes est adoptée à l'Assemblée nationale, des milliers de véhicules pourraient être sauvés de la casse.
Si la proposition de loi des écologistes est adoptée à l'Assemblée nationale, des milliers de véhicules pourraient être sauvés de la casse.  - Kenzo Tribouillard / AFP / 20 Minutes
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

L'essentiel

  • Depuis la mise en place de la prime à la reconversion, des milliers de voitures encore en état de rouler finissent à la casse.
  • Les écologistes souhaitent que certaines de ces voitures soient réattribuées à des personnes précaires via un système de location.
  • Adoptée à l’unanimité au Sénat le 13 décembre, leur proposition de loi doit désormais être débattue à l’Assemblée nationale.

Le dispositif existe depuis 2015 mais a vraiment décollé à partir de 2018. Avec la prime à la conversion, les ménages peuvent, sous conditions de revenus, toucher des aides pour acquérir un nouveau véhicule moins polluant à condition de mettre à la casse leur vieille voiture. Un coup de pouce de l’État qui vise à verdir le parc automobile et a déjà permis à plus d’un million de français d’acheter ou louer un véhicule neuf ou d’occasion plus propre. Le vif succès rencontré par cette prime à la conversion a toutefois ses travers. Car chaque année, des dizaines de milliers de voitures encore en état de rouler finissent broyées chez le carrossier. « Certaines n’ont que 30.000 ou 40.000 kilomètres au compteur et sont encore dans un état exceptionnel, témoigne un garagiste. C’est malheureux de voir ça mais il n’y a pas d’autre choix. »

Face à cet « immense gâchis », les écologistes, pas forcément connus pour être pro-bagnoles, proposent de prolonger la durée de vie de ces voitures mises au rebut pour en faire profiter des personnes précaires. Sur une idée de Joël Labbé, ancien sénateur du Morbihan, le groupe écologiste du Sénat a ainsi profité d’une niche parlementaire le 13 décembre pour présenter une proposition de loi « visant à favoriser le réemploi des véhicules au service des mobilités durables et solidaires sur les territoires. » Un texte qui a été voté à l’unanimité par la chambre haute, pourtant dominée par la droite et le centre. « C’est le texte emblématique de l’écologie de terrain : c’est pratique, c’est concret, ça rend service et il y a, derrière, un intérêt écologique certain », s’est félicité le président du groupe écologiste Guillaume Gontard.

« 15.000 à 20.000 véhicules pourraient être repêchés par an »

La proposition de loi va désormais poursuivre son chemin à l’Assemblée nationale qui devrait en débattre dans les prochaines semaines. Mais son adoption ne fait aucun doute selon le sénateur écologiste d’Ille-et-Vilaine Daniel Salmon. « Je n’ai pas beaucoup d’inquiétudes mais il faudra qu’elle le soit dans les mêmes termes », indique-t-il. Selon le texte adopté par le Sénat, seuls les véhicules essence classés Crit’Air 3 ou moins sont toutefois concernés par ce dispositif. « C’est quand même 15.000 à 20.000 véhicules qui pourraient être repêchés par an, ce qui n’est pas négligeable », assure Daniel Salmon.

Si la proposition de loi est définitivement adoptée, ces véhicules sauvés de la casse seront destinés à des structures d’insertion de type garage solidaire. « On croule sous les demandes et on n’a pas assez de véhicules pour y répondre », explique Guillaume Diulein, responsable de Mobil’Insertion.

Un texte « social » mais aussi « écologique »

Ce garage solidaire a ouvert ses portes il y a un an à Betton, au nord de Rennes, avec un parc de 22 voitures, principalement issues de dons de collectivités. Moyennant un tarif très bas, la structure propose à des personnes précaires la location de ces véhicules pour une durée d’un jour à trois mois. « L’objectif est de les aider sur le chemin de l’emploi en levant les freins à la mobilité », précise Guillaume Diulein.

« Social », le texte se veut aussi « écologique », selon Daniel Salmon. « On pousse bien sûr pour la fin des voitures thermiques mais il faut être aussi réaliste, estime-t-il. Car cela va prendre du temps et la voiture reste incontournable dans certains territoires. Mais avec ce texte, on rajeunit et on améliore quand même le parc automobile en permettant à des publics en difficulté d’avoir accès à des voitures moins polluantes. »