ULTRA-LIBERALISMERecours et manif sur le « méga décret » dérégulateur de Milei en Argentine

Argentine : Recours et manifestation contre le « méga décret » dérégulateur de Milei

ULTRA-LIBERALISMELes plus de 300 mesures doivent théoriquement entrer en application vendredi
Argentine: Des manifestation contre le « méga-décret » dérégulateur de Milei
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté mercredi à Buenos Aires, donnant lieu à des bousculades avec la police et interpellations, lors du troisième rassemblement en huit jours contre un décret de dérégulation massive de l’économie par le nouveau président ultralibéral Javier Milei. En parallèle, le président élu le mois dernier a poursuivi sa révolution « libérale » en envoyant au Parlement argentin, en session extraordinaire depuis mardi et jusqu’à fin janvier, un ensemble de projets ou modifications de lois affectant maints domaines de la sphère publique et privée, du fiscal à l’électoral, au matrimonial, ou au contrôle des manifestations.

Devant le Palais de justice mercredi, les manifestants, à l’appel de plusieurs syndicats dont la grande centrale CGT, accompagnaient le dépôt d’un recours en justice par des syndicats contestant le caractère constitutionnel du « méga décret » du 20 décembre, comme l’a baptisé la presse. « Nous ne remettons pas en question la légitimité du président Milei, mais nous voulons qu’il respecte la séparation des pouvoirs. Les travailleurs ont besoin de défendre leurs droits lorsqu’il y a inconstitutionnalité », a déclaré à la presse Gerardo Martinez, dirigeant du syndicat de la construction, l’un des organisateurs.

Modification ou suppression de 300 normes

Le rassemblement s’est dispersé dans le calme après la mi-journée, mais des groupes épars ont continué à faire face à la police, déployée en nombre, qui tentait d’évacuer une avenue, donnant lieu à des bousculades. Sept personnes ont été interpellées pour rébellion, selon plusieurs médias. Milei a publié la semaine dernière, dix jours après sa prise de fonction un « DNU » (décret de nécessité et d’urgence), qui vise à modifier ou abroger plus de 300 normes, notamment supprimant l’encadrement des loyers, l’intervention de l’Etat pour protéger les prix de produits essentiels, affaiblissant la protection des travailleurs, habilitant des privatisations.

Le décret entre en vigueur vendredi, dans l’attente de sa validation effective par le parlement, qui ne devrait toutefois pas l’examiner dans l’immédiat. Théoriquement en pause estivale, le parlement siège depuis mardi en session extraordinaire, mais seulement pour examiner des projets de lois complémentaires, parallèles au DNU, déposés mercredi. La représentation nationale a le pouvoir d’abroger ce « décret d’urgence » avec la majorité absolue des deux chambres, ce qu’aucune formation politique ne détient. Le parti de Milei, la Libertad Avanza, n’est que la troisième force, même s’il peut compter avec l’appui du bloc de centre-droit, le deuxième en importance.

Ce paquet de mesures touche, pêle-mêle, au système électoral (visant la suppression les élections primaires obligatoires, coûteuses pour le contribuable selon l’exécutif), au régalien, en renforçant les sanctions pénales pour entrave lors de manifestations. Et aux retraites, en prévoyant un mode de calcul automatique « économiquement viable ». Il précise aussi les 41 entreprises publiques – dont le géant pétrolier YPF, la compagnie aérienne Aerolineas Argentinas, la société ferroviaire Ferrocarriles Argentinos – que l’Etat souhaite privatiser. Et « libéralise » aussi la sphère privée, avec l’instauration d’un « divorce express » par simple acte administratif.