PSG : Sur une échelle de « Everton-Souza à Lucas Moura », où situer les deux recrues brésiliennes du PSG ?
FOOTBALL•Le PSG a recruté des jeunes joueurs brésiliens présentés au pays comme le futur de la Seleção, reste maintenant à savoir s’ils tiendront les promesses ou s’ils rejoindront la colonie de « pépites » brésiliennes ayant coulé plus vite que le TitanicAymeric Le Gall
Le Paris Saint-Germain a retenu la leçon. Un an après avoir fait marrer l’Europe entière en ratant, avec le concours un peu sadique de Chelsea, le transfert d’Hakim Ziyech sur le gong, les Rouge et Bleu n’ont cette fois-ci pas attendu la dernière minute pour faire leurs emplettes en signant la doublette brésilienne Gabriel Moscardo-Lucas Beraldo. Respectivement arrivés en provenance des Corinthians et de Sao Paulo, les deux gamins de 18 et 20 ans ont atterri à Paris vendredi afin de parapher un contrat de cinq ans avec le club de la capitale et les deux transferts sont estimés chacun à 20 millions d’euros. Selon Fabrizio Romano, docteur ès mercato, l’officialisation n’interviendra que la semaine prochaine. Quoi qu’il en soit, avec ces deux gamins in the pocket, le PSG renoue ainsi avec une politique sportive d’achat de jeunes prospects venus d’Amérique latine quelque peu abandonnée ces dernières années.
De quoi redonner un peu de fierté aux supporters parisiens, qui avaient pris la mauvaise habitude ces derniers temps de voir les meilleures pépites de la planète leur filer entre les doigts. Et la dernière en date, qui remonte mine de rien à dix ans quasiment jour pour jour, et que Paris avait réussi à arracher contre un gros chéquos de 40 millions d’euros, en l’occurrence Lucas Moura, ne fut pas la réussite du siècle malgré nos efforts inconsidérés pour le faire passer pour le nouveau Neymar.
Si le Parc se souviendra éternellement de ce presque-but-du-siècle-mais-Rod-Fanni-tu-connais, un soir frisquet de Classique contre l’OM en Coupe de France, il faut bien admettre que le PSG a rarement eu le nez creux quand il s’est agi d’aller piller le continent américain de ses meilleurs filons. Et quand on sait que la dernière doublette brazilou ramenée par le PSG dans son baluchon en plein hiver n’est autre que Everton-Souza, aka Shirley et Dino, un fiasco sans nom signé Alain Roche, le directeur sportif de l’époque en 2008, on s’autorise à temporiser toute enflammade inconsidérée.
De gros potentiels (sur le papier)
Même si, pour le coup, Luis Campos et le PSG semblent avoir visé juste avec Moscardo et Belardo, du moins sur le papier. S’il est toujours risqué de tirer des plans sur la comète en se goinfrant de skills sortis tout droit de YouTube, on défie quiconque de ne rien ressentir en regardant les exploits de Moscardo à la récupération de balle, dans un rôle de milieu défensif dans lequel il s’épanouit cette saison chez les Corinthians. Dans un style sans fioriture, le jeune garçon semble trouver sa raison de vivre dans les tacles glissés et les « récup' the ball » autoritaires dans les pieds adverses, tout en n’étant pas dénué de qualités techniques à la relance et possédant une qualité de passe et de frappe évidente.
Lancé cet été chez les pros en équipe première, le garçon, qui s’est immédiatement imposé dans l’entre-jeu, aura cependant besoin d’un peu de temps pour s’acclimater à l’intensité physique du championnat de France. Lui dont le physique un peu frêle pourrait toussoter quand il s’agira d’aller à la bagarre avec les lascars de L1, sur les terrains gelés au mois de janvier. « Bien sûr qu’il va devoir s’adapter, a concédé l’ancien Manceau Grafite, aujourd’hui consultant au Brésil, à nos confrères de L’Equipe. Mais son peps, son dynamisme, sa faculté à aller de l’avant peuvent très bien aider le PSG. Il me fait penser à Verratti en début de carrière. Lui aussi était très jeune quand il est arrivé, non ? ». Affirmatif.
Paris (re) mise sur la jeunesse
Lucas Beraldo ne devrait pas avoir de problème à se mettre rapidement dans le grand bain de la Farmers League, lui qui compte « déjà » plus de 50 matchs en pro au Brésil et qui fait preuve d’une maturité étonnante pour son âge, à un poste de défenseur central qui réclame pas mal de bouteille. « J’aime bien ce joueur, il est intelligent, se positionne bien. Je lui vois un avenir au sein de la Seleçao. En tout cas, il a le potentiel pour y prétendre. Il est déjà mature pour son âge et je ne vois pas pourquoi il aurait besoin de six mois pour s’adapter », explique Carlos Mozer, l’ancien « Shérif » de l’OM de 1989 à 1992, dans L’Equipe de vendredi.
Déjà considéré comme l’une des références du championnat brésilien, Beraldo est promis à un grand avenir selon Carlos Belmonte, directeur du football de São Paulo, qui assurait dans la presse locale que « ce que fait Beraldo sur le terrain est hors du commun, il est temps de lui donner sa chance chez les A en sélection ». En attendant de postuler en Seleçao, les deux hommes vont d’abord devoir séduire Luis Enrique et tenter de grappiller du temps de jeu dans une équipe parisienne toujours privée de Fabian Ruiz au milieu et de Presnel Kimpembe en défense.
De son côté, le public du Parc devrait leur réserver un bel accueil, lui qui a tissé au fil des ans une relation si particulière avec les joueurs estampillés Samba. Et s’il devra aussi se montrer patient avec ces jeunes garçons plein d’avenir, en attendant le retour de Xavi Simons la saison prochaine, il peut aussi envisager l’avenir avec enthousiasme, le PSG semblant bel et bien décidé à changer de braquet dans sa politique sportive afin de bâtir une équipe compétitive dans les années à venir.