épargneEn 2024, les femmes mettront de l’argent de côté… bien plus que les hommes

Mais pourquoi les femmes prennent-elles plus de résolutions financières que les hommes ?

épargneSelon une étude, 82 % des femmes ont pris des résolutions financières pour 2024, contre 74 % des hommes. Un écart qui se creuse encore plus sur les questions d’épargne
82% des femmes ont pris des résolutions financières pour 2024, contre seulement 7
82% des femmes ont pris des résolutions financières pour 2024, contre seulement 7 - Syda Productions / Syda Productions
Jean-Loup Delmas

Jean-Loup Delmas

L'essentiel

  • C’est la nouvelle année, et si vous êtes une femme, vous avez statistiquement plus de chances d’avoir pris une bonne résolution concernant l’argent que si vous êtes un homme.
  • C’est en tout cas ce que démontre une récente étude : 82 % des femmes, contre 74 % des hommes, sont bien décidées à vivre une année 2024 mieux gérée financièrement.
  • Entre culture de la prudence, charge mentale et salaire moindre, 20 Minutes explique ce phénomène.

Et si les fameuses résolutions du Nouvel An étaient, elles aussi, genrées ? Selon l’étude du groupe de gestion d’épargne en ligne Yomoni*, 82 % des femmes interrogées ont pris une bonne résolution financière pour l’année à venir, contre seulement 74 % des hommes. Et l’écart se creuse sur la question unique de l’épargne : 69 % des femmes ont décidé de programmer des versements automatiques et récurrents sur leurs comptes épargne alors que les hommes seront seulement 53 % à faire ce choix.

Des résultats qui ne surprennent pas Hélène Gherbi, fondatrice de Femca, plateforme de formation aux finances personnelles et à l’investissement des femmes et autrice de Développez vos super-pouvoirs financiers ! (Hachette Pratique, 2023). Premier éléphant dans la pièce : les revenus moins importants. Selon l’Insee, en 2021, une femme dans le privé touchait en moyenne un salaire 24 % inférieur à celui d’un homme. « Moins d’argent, c’est moins de capacité à investir et plus de raison d’épargner – ou de faire attention à ses finances – pour garder une sécurité », rappelle l’experte.

Charge mentale et éducation à la prudence

A ce faible salaire s’ajoute une charge mentale plus importante, poursuit Fabienne Dupuij, fondatrice de l’Ecole de l’Argent, qui propose des suivis personnalisés sur la gestion de ses revenus. « La femme a davantage la charge de la gestion des ressources au sein du foyer, comme les courses alimentaires, la rentrée scolaire des enfants, etc. Cela la pousse à avoir une vision à long terme, mais aussi à opter pour la sécurité, puisque son argent n’est pas que pour elle-même. »

Selon une étude du Cercle des Epargnants en 2022**, 18 % des femmes épargnent en effet pour aider financièrement leurs enfants, petits-enfants, voire parents, contre à peine 14 % des hommes. Dans tous les domaines de l’épargne « pour soi » – comme devenir propriétaire ou acheter une voiture, les hommes sont au contraire plus nombreux à épargner.

Et tant qu’on est sur des raisons de culture… « Les femmes sont éduquées dans la prudence et la peur des risques, notamment financiers. Du coup, elles ont souvent peur d’investir, ce qui ne laisse que l’épargne comme choix de placement. Cette peur explique également que les femmes prennent plus de résolutions financières. Elles se sentent moins fortes, et veulent donc ''s’améliorer'' dans ce domaine », développe Hélène Gherbi.

Et ce n’est (toujours) pas la société qui va les aider à devenir les super héroïnes de l’éco. Preuve en est, cette étude de la banque en ligne britannique Starling Bank datant de 2022. On y apprend que 90 % des articles parlant d’argent aux femmes se concentrent sur les astuces pour faire des économies ou des bonnes affaires pendant les soldes. En revanche, 70 % des articles économiques s’adressant aux hommes traitent, eux, d’investissement et de placement à risque.

Du positif et une évolution notable

Et pourtant, Fabienne Dupuij le rappelle : « toutes les études montrent que les femmes investissent mieux que les hommes. Leurs résultats sont moins faramineux que certains hommes, mais en moyenne, elles sont plus souvent bénéficiaires. » La vie n’étant qu’une nuance de gris, la prudence tant limitante par moments est cette fois la raison du succès. « Leurs placements sont plus sûrs, plus mûrement réfléchis et également plus diversifiés. Les hommes aiment parfois tout mettre dans un seul investissement, risqué qui plus est, ce que fera rarement une femme », décrypte encore l’experte.

Et puisque en 2024, une autre bonne résolution est d’être plus optimiste, Hélène Gherbi conclut sur une note positive : « dans cette étude, l’écart n’est pas si important entre les hommes et les femmes, et il se réduit au fil des décennies. Même dans la presse, on trouve enfin des articles féminins sur l’investissement. Les mentalités évoluent et vont dans le bon sens, même s’il reste du chemin à parcourir. »

* : Enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 2 211 personnes résidant en France, âgées de 1 ans et plus. Sondage effectué en ligne à partir du panel de répondants BuzzPress.

**Etude rendue publique le 8 août 2022 par le Cercle de l’Epargne, un « think tank » sur l’épargne et la retraite, et réalisée auprès d’un panel de 1.007 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus.