FOOTBALLDarmanin aurait aidé le PSG à ne pas payer de taxes sur le transfert de Neymar

PSG : Gérald Darmanin aurait aidé le club à esquiver des millions d’euros de taxes sur le transfert de Neymar

FOOTBALLSelon une enquête de Mediapart, le ministre de l’Intérieur, alors ministre des comptes publics, et son directeur de cabinet, auraient rendu service au PSG en lui évitant de payer des taxes sur le deal Neymar, allant à l’encontre de la jurisprudence
Neymar, à l'époque où il évoluait au Paris Saint-Germain.
Neymar, à l'époque où il évoluait au Paris Saint-Germain. - Christophe Saïdi / Sipa / Sipa
William Pereira

W.P.

Le transfert de Neymar du FC Barcelone au Paris Saint-Germain pour 222 millions d’euros, à l’été 2017, reste à ce jour le plus gros transfert de l’histoire du football. Un effort financier que beaucoup considèrent aujourd’hui injustifié au vu du rendement du Brésilien lors de son passage dans la capitale, mais qui aurait pu être bien plus lourd. Selon Mediapart, Paris aurait en effet bénéficié de l’aide de Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics de l’époque, et son directeur de cabinet de l’époque, pour éviter de payer des dizaines de millions d’euros de taxes sur le montant de la clause libératoire du joueur brésilien.

L’affaire était pourtant mal embarquée. « Le risque de taxation en France est fort », avaient prédit les avocats fiscalistes du PSG, estimant que le fisc et l’Urssaf pourraient réclamer entre 67 et 224 millions d’euros sur le transfert. Crainte confirmée par le cabinet Ernst & Young, qui table plutôt sur 88 millions de taxes. C’est beaucoup. Trop pour la direction du club, en dépit de son obsession vengeresse à l’égard du Barça, quelques mois après la remontada en Ligue des champions. Il fallait donc trouver un moyen d’esquiver ces encombrants millions d’euros supplémentaires. Et des gens pour aider.

Le directeur de cabinet de Darmanin aurait apporté des solutions au PSG

Ça tombe bien, car le directeur de la communication du club de l’époque, Jean-Martial Ribes est très ami avec le député macroniste Hugues Renson (également vice-président de l’Assemblée nationale jusqu’en 2022) lui-même grand fan du Paris Saint-Germain. Très vite, ce dernier entre en contact avec Gérald Darmanin et le rapporte au dircom du club. « « Il [le ministre] a bien le truc en tête et me dit qu’il y travaille. » Par ricochet, le directeur de cabinet de Darmanin, Jérôme Fournel, entre en contact avec l’ancien directeur général du PSG, Jean-Claude Blanc, et lui transmet une note. Lui aussi se montre pessimiste quant à la taxation probable. La jurisprudence n’est pas du côté parisien :

« Les Urssaf se sont récemment prononcées, dans des cas assez similaires, dans le sens de l’assujettissement dans le cadre de contrôles dans le secteur du rugby. […] Même avec la meilleure volonté, les Urssaf pourront difficilement opérer un virage à 180 degrés sur ce dossier. » Mais il s’avère que ce proche de Darmanin avait des pistes à proposer au PSG pour éviter au champion de France de verser des cotisations sociales.

« C’est le deal sportif du siècle »

La machine se remet alors en route. Ribes transfère la note avec les solutions à Renson, demande s’il « a des nouvelles du ministre », envoie au député le mémo du PSG pour une proposition sans taxes basée sur les solutions envoyées par Fournel. « Ils doivent pouvoir accepter ça pour que l’on finalise », dit le directeur de communication du Paris Saint-Germain, tout en mettant la pression sur son ami, quitte à jouer sur la corde sensationnaliste. « Si ça ne passe pas cela aura un impact sur beaucoup de choses. […] C’est le deal sportif du siècle, il ne faut pas qu’il soit tué par l’administration. »

Après une ultime réunion décisive à Bercy, le PSG recevra finalement deux « rescrits » fiscaux adressés par le fisc et l’Urssaf d’Île-de-France : le club n’aura ni impôt ni cotisations sociales à payer.

Comme beaucoup l’ont souligné depuis la publication de l’article de Mediapart, Gérald Darmanin s’était ensuite enthousiasmé, « des impôts qu’il [Neymar] va pouvoir payer en France », à quelques heures de l’officialisation de la signature du Brésilien à Paris. Des propos qui sonnent faux après coup, bien que Ney ait approximativement rapporté 24 millions par an à l’État et à la Sécu en impôts et cotisations sociales liés à son salaire.