Coupable ou non coupable ? « Tout pour Agnès » explore le mystère Agnelet

Affaire Maurice Agnelet : Coupable ou non coupable ? « Tout pour Agnès » explore le mystère autour de son amant

ÉNIGMELa série « Tout pour Agnès » revient en quatre volets sur la disparition de l’héritière niçoise Agnès Le Roux, en 1977, dont on n’a jamais retrouvé le corps
«Tout pour Agnès» : L'histoire du fait divers le plus mystérieux du siècle dernier
Laure Beaudonnet

Laure Beaudonnet

L'essentiel

  • La série Tout pour Agnès, diffusée le 8 janvier sur France 2, revient sur la disparition énigmatique d’Agnès Le Roux, riche héritière du casino le Palais de la Méditerranée, en 1977.
  • Son amant, l’avocat Maurice Agnelet, est le principal suspect dans cette affaire et sera condamné à vingt ans de prison en 2014 à l’issue du troisième procès.
  • La série, portée par Michèle Laroque et Yannick Choirat et librement adaptée du livre de Roger-Louis Bianchini, explore cette affaire criminelle irrésolue et hors norme.

Le mystère de la disparition d’Agnès Le Roux a hanté les Niçois pendant près de quarante ans. La jeune héritière du casino le Palais de la Méditerranée, s’est volatilisée en 1977, sans laisser de trace. Tout pour Agnès, réalisée par Vincent Garenq, revient en quatre épisodes sur cette histoire irrésolue qui a brisé la famille Le Roux. Diffusée le 8 janvier sur France 2, la série prend le parti de laisser peu de place au doute sur la culpabilité de Maurice Agnelet, avocat sulfureux et principal suspect dans la disparition de la jeune femme. Pourtant, en l’absence du corps et de la moindre preuve matérielle, cette affaire continue de susciter des interrogations.

Agnès Le Roux a-t-elle été tuée par son amant condamné à vingt ans de prison en 2014 au terme d’une enquête interminable, ou par la mafia à laquelle elle a revendu ses parts du casino pour 3 millions de francs ? Le tournage de la série portée par Michèle Laroque et Yannick Choirat a été lui aussi marqué par de nombreux débats parmi les membres de l’équipe. Malgré les accusations de son ex-maîtresse et de son fils Guillaume Agnelet, qui ont fait basculer le troisième procès en 2014, la personnalité perverse de Maurice Agnelet et son emprise sur Agnès ouvrent la voie aux conjectures.

« Cette histoire, c’est la définition d’une tragédie »

Vincent Garenq a passé quatre mois enfermé à lire tous les livres et articles de presse sur l’affaire, à visionner les images d’archives de Maurice Agnelet interviewé par son fils. Il a eu accès au dossier d’instruction pour écrire cette histoire criminelle qui se déroule dans la ville de Nice gangrenée par la mafia et la corruption dans les années 1970. « Il y avait cette double tragédie de la famille Le Roux, qui perd Agnès, et de la famille Agnelet dont les enfants sortent traumatisés. Tout le monde perd, c’est la définition des tragédies, pointe Vincent Garenq. Pour contrecarrer le défaut de cette histoire qui n’est pas complètement résolue, il y avait ce dénouement avec le fils Agnelet qui dénonce son père ».

Le téléspectateur termine cette fiction, convaincu de la culpabilité de Maurice Agnelet. « Tout ce que vous voyez dans ces quatre épisodes, c’est ce qui l’a fait condamner, et c’est absolument accablant. Les annotations de ses livres de la Pléiade, la scène où il dit à Agnès : "Je ne t’empêche pas de te suicider, j’ai trop d’estime pour toi", il a vraiment tenu ces propos dans une lettre. Quand on lit le dossier d’instruction, on a vraiment l’impression qu’il l’a poussée au suicide », souligne le réalisateur. La fiction montre une seule tentative de suicide – au lieu de deux – de la jeune femme. « Selon un témoin qui partageait sa chambre d’hôpital, elle a dit : "Je ne comprends pas, je ne me suis jamais coupé les veines " », poursuit-il. Comme si quelqu’un – son ancien amant ? – s’était introduit dans son appartement pour l’aider à terminer le travail.

En réalité, un doute existe. Maurice Agnelet avait accès à l’argent d’Agnès, grâce à un compte commun ouvert en Suisse, qu'il transférait sur un autre compte à son nom. Avait-il besoin de la faire disparaître pour jouir de sa fortune ? Il semblerait que non. Follement amoureuse de lui, elle était sous son emprise, et il avait accès à cet argent à travers ce compte commun. Une fois Agnès disparue, par contre, il n’a jamais pu y toucher. Sa défense reposait entièrement sur son rôle de « séquestre ».

« Cet homme reste une énigme »

« Je ne sais pas s’il l’a tuée, mais je pense vraiment qu’il a été complice d’un meurtre, avance Michèle Laroque qui interprète Renée Le Roux. La comédienne, qui a grandi à Nice et a même dansé au Palais de la Méditerranée lorsqu’elle était enfant, n’exclut pas l’hypothèse de la mafia. « Dans la réalité, Agnès a vendu deux fois ses parts. Maurice Agnelet était mort de trouille, on ne fait pas ça avec la mafia, il risquait sa vie aussi. Je pense qu’il servait ses complices quand il a voulu se venger de Renée Le Roux, mais je ne suis pas sûre qu’il l’ait tuée », avance-t-elle.

« Même en ayant joué ce personnage, cet homme reste une énigme, et effectivement le mobile est fragile… Peut-être qu’il n’était plus amoureux d’Agnès, spécule Yannick Choirat qui s’est plongé dans les images d’archives pour interpréter l’avocat. Il lui fallait de l’argent pour se débarrasser de la question de l’argent, s’offrir la liberté de vivre ce qu’il avait envie de vivre. » Si la série prend le parti d’écarter un peu le sujet de la mafia, elle restitue implacablement les faits et parvient à révéler les failles de chaque personnage. La fragilité narcissique de Maurice Agnelet, l’instabilité psychologique d’Agnès et la dévotion aveugle de Renée Le Roux à son Casino. Une plongée troublante dans la psyché d’un meurtrier présumé qui est mort avec son secret.

L'intégralité de la série Tout pour Agnès est déjà disponible sur la plateforme france.tv