FootballMalgré la raclée face au PSG, « ce n’est que du bonheur » pour Revel

Revel-PSG : Blagues, bringue et tatouages… Malgré la raclée, « ce n’est que du bonheur » pour les Revélois

FootballSoutenus par un public fervent à Castres, les amateurs de l’US Revel ont savouré leur match de 32es de finale de Coupe de France pourtant largement perdu (0-9), dimanche face au Paris Saint-Germain
Le Revélois Jonathan Vieu en discussions avec le Parisien Randal Kolo Muani, dimanche soir au stade Pierre-Fabre de Castres, en 32es de finale de la Coupe de France.
Le Revélois Jonathan Vieu en discussions avec le Parisien Randal Kolo Muani, dimanche soir au stade Pierre-Fabre de Castres, en 32es de finale de la Coupe de France. - Valentine Chapuis / AFP / AFP
Nicolas Stival

Nicolas Stival

L'essentiel

  • Club de Régional 1 (sixième division), l’US Revel n’a pas fait le poids face au Paris Saint-Germain de Kylian Mbappé, auteur de trois des neuf buts du leader de Ligue 1 (0-9), dimanche soir en 32es de finale de Coupe de France.
  • Malgré cette raclée, joueurs et entraîneur haut-garonnais garderont un souvenir impérissable (et positif) de cette rencontre, jouée devant 10.000 spectateurs au stade Pierre-Fabre de Castres.
  • Depuis le tirage au sort du 11 décembre, les Revélois ont vécu sur un petit nuage dont ils doivent désormais redescendre, pour retrouver leur quotidien d’amateurs.

A Castres,

Environ 10.000 habitants à Revel, à peu près 10.000 personnes au stade Pierre-Fabre de Castres pour cet improbable choc face au Paris Saint-Germain, en 32es de finale de Coupe de France. En schématisant à peine, toute la population de la charmante bastide haut-garonnaise s’était transportée dimanche soir à une vingtaine de kilomètres plus au nord-est, dans l’antre habituel des rugbymen du CO pour LE match de l’histoire du vénérable club né en 1910.

Comme prévu, le leader de Ligue 1, même fortement remanié, a surclassé le premier de la poule B Occitanie de Régional 1, cinq étages plus bas. Après un quart d’heure de résistance du « petit », il l’a même écrasé (0-9). Ou plutôt « respecté », comme on dit dans le foot lorsqu’une équipe plus huppée joue le jeu à fond et fait bien sentir à son modeste opposant l’écart qui les sépare.

Luis Enrique et Marco Asensio, les deux Parisiens dépêchés devant la presse, ont d’ailleurs employé l’expression. « La différence de niveau était évidente, mais je pense que nos adversaires vont garder un bon souvenir de cette partie », a ajouté l’entraîneur espagnol, après avoir pu s’entretenir avec son homologue revélois Nicolas Giné.

Ce dernier n’a caché ni son admiration pour le technicien espagnol – « c’est la bonne personne au bon endroit » – ni sa fierté. « L’adjoint au maire nous a félicités car on a véhiculé une bonne image avec le club, a-t-il lâché. Le score est lourd, mais on savait que cela pouvait arriver. Mais nous étions avec nos supporteurs, dans un stade plein, et les garçons n’ont rien lâché jusqu’à la fin. A ce niveau, c’est une soirée très réussie. »

Le gardien revélois a « pris un pied fou »

Mise au vert exceptionnelle au lac de Saint-Ferréol (ici, on dit « Saint-Fé »), ouverture du trajet en car par les gendarmes jusqu’au stade, accueil devant l’enceinte de Pierre-Fabre par des centaines de fans déchaînés, entre chants et fumis… Les amateurs revélois, avec leurs deux entraînements hebdomadaires, ont savouré l’expérience d’une vie, prolongeant le rêve né près d’un mois plus tôt, lors du tirage au sort. Leur joie diffusée sur les réseaux sociaux avait alors généré des millions de vues et fait le tour du monde.

« Paradoxalement, j’ai encaissé neuf buts mais j’ai quand même pris du plaisir, avouait le gardien et capitaine Cyril Garcia, auteur d’une bonne dizaine de parades, notamment devant un Kylian Mbappé qui aurait pu planter un nonuplé plutôt qu’un « simple » triplé. J’ai même pris un pied fou. Dans le stade, c’était incroyable. Et de plus, en tant que natif de Castres, c’était formidable. »

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Le portier a ensuite « piqué » la caméra d’un journaliste pour s’amuser à poser une question à ses copains du milieu Jonathan Vieu (sans doute le meilleur de son équipe avec son abattage), Maxime Zahil et Thomas Calmettes, venus répondre ensemble aux médias. Le trio était déjà passé dans l’après-match, celui qui pourrait déborder du week-end, puisque les commerciaux, employés de supermarché ou policiers municipaux (entre autres) qui composent l’équipe avaient déjà posé leur lundi depuis le tirage au sort, ou pas loin.

Interrogé sur les dangers qui pourraient guetter les héros d’une ville après ces semaines en apesanteur, Vieu a ainsi rétorqué dans un sourire : « Le premier danger, ce sont les bars et les boîtes de nuit. » Puis, plus sérieux : « Le deuxième, c’est de se prendre pour des gens qu’on n’est pas, d’oublier qui on est, une bande de copains. C’est cela qui nous a amenés là ce soir [dimanche]. Après une soirée comme celle-là, avec des amis, la famille, on a du mal à se dire qu’on a des regrets. On aurait voulu faire un exploit, mais ce n’est pas grave. »

« C’est le maillot d’une vie »

« On va commencer à retomber un peu, mais ce n’est que du bonheur », a embrayé le vice-capitaine Zahil, qui a échangé quelques mots avant le début de la seconde période avec Kylian Mbappé, qu’il avait rencontré en catégories jeunes avec Rodez puis Colomiers, lorsque le capitaine des Bleus évoluait à Monaco. « J’ai quelques infos sur son transfert, mais je ne peux pas les dire », s’est marré le milieu offensif, après avoir récupéré la tunique dudit Kyks. Mais pas question d’un échange… « Notre maillot va finir encadré, c’est le maillot d’une vie. »

« Les vrais souvenirs, c’est dans nos têtes, on est liés à vie », a aussi lancé le volubile Zahil, qui a déjà prévu un tatouage avec ses deux potes pour immortaliser ce dimanche 7 janvier, si froid sur la pelouse mais si chaud dans les tribunes castraises. Malgré la raclée, les supporteurs, en grande partie des licenciés de l’Union sportive revéloise et leurs proches, ont communié avec leurs favoris jusqu’après le coup de sifflet final. « Le tour d’honneur, c’était un moment privilégié en tant qu’amateur, a relevé l’entraîneur Nicolas Giné. Deux de mes joueurs sont venus me voir en me disant : "Coach, on n’a plus envie de partir." »

Le numéro 10 revélois Maxime Zahil essaie d'échapper à Ethan Mbappé.
Le numéro 10 revélois Maxime Zahil essaie d'échapper à Ethan Mbappé. - Valentine Chapuis / AFP

Il le faut bien pourtant. Mardi, c’est le retour au boulot puis à l’entraînement, pour préparer le déplacement du week-end à venir en banlieue toulousaine sur la pelouse de Seysses-Frouzins, la lanterne rouge de R1. Questionné sur ce match dans l’anonymat à venir, le technicien a sorti, dans un large sourire : « Mais je pensais que vous alliez tous venir à Seysses ! » Toute cette bonne humeur valait bien les applaudissements des journalistes pour Giné et ses joueurs à la fin du « show » en salle de presse. Et pour celles et ceux que ça intéresse, la rencontre en question aura lieu samedi à 18 heures au stade François-Bonzom.