Or blancLa dure reconversion des petites stations de ski face au réchauffement

Pyrénées : La difficile reconversion des petites stations de ski

Or blancConfrontées au manque de neige naturelle, les stations de ski tentent de diversifier leur modèle économique
Des skieurs, le 3 janvier 2024, dans la station de ski de Porté-Puymorens, dans les Pyrénées-Orientales.
Des skieurs, le 3 janvier 2024, dans la station de ski de Porté-Puymorens, dans les Pyrénées-Orientales. - E. Jones / AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

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Menacées par le manque de neige dû au réchauffement climatique, trois petites stations de ski des Pyrénées-Orientales se sont associées pour développer des activités toute l’année. Mais leur projet est pointé du doigt par la chambre régionale des comptes et des écologistes.

Du télésiège qui monte à 2.500 mètres d’altitude, jusqu’à la neige naturelle, Eric Charre, directeur du projet baptisé « Trio », montre la partie basse de la station de Porté-Puymorens : là, pas un flocon en ce début janvier. « Maintenant, on nous demande d’accélérer la diversification et on va prouver chaque année qu’on l’accélère », ajoute-t-il.

Pénurie d’eau pour les canons à neige

Outre des restaurants, des boutiques, de la randonnée ou du vélo en montagne, la diversification doit inclure d’autres propositions valables en toute saison, afin de ne pas miser que sur la neige, de moins en moins présente. Elles restent à définir. « Le choix définitif de ces activités de pleine nature n’est pas encore fait », précise Hermeline Malherbe, présidente (PS) du conseil départemental, principal actionnaire de la société publique locale (SPL) Trio, qui compte aussi les stations du Cambre d’Aze et de Formiguères.

La Chambre régionale des comptes a jugé « fragile » l’actuel « modèle fondé sur des recettes majoritairement issues du ski alpin », compte tenu des « conditions climatiques attendues » pour les trois prochaines décennies. D’autant, estime-t-elle, qu’au manque d’enneigement s’ajoute la pénurie d’eau qui pourrait rendre problématique la production de neige artificielle dans ce département, le plus touché en France par la sécheresse.

« Mobiliser ces millions d’euros pour la reconversion de milliers d’emplois »

De ce fait, ce projet « innovant et ambitieux pour repenser le tourisme en montagne catalane au XXIe siècle » risque de « se trouver rapidement en déficit, sans recette suffisante liée à l’activité estivale, condition nécessaire pour une transition vers un modèle quatre saisons ». Selon la Chambre, Trio doit « revoir son plan d’affaires ».

« On a beau proclamer partout qu’on va faire du quatre saisons, l’essentiel de l’argent public investi concerne (…) des installations destinées au ski alpin », fustige David Berrué, porte-parole local d’EELV. « Les millions d’euros mobilisés pour changer des télésièges pourraient l’être pour la reconversion de quelques milliers d’emplois sur le territoire », hors ski, ajoute-t-il.

Des « écolo-extrémistes »

Un point de vue que ne partage pas Hermeline Malherbe : « La volonté d’un certain nombre d’extrémistes et parfois, je dirais, d’écolo-extrémistes, est de mettre la montagne sous cloche (…) On a la volonté de s’adapter, tout en continuant à vivre dans nos montagnes catalanes, avec des emplois et des services publics, pour accueillir un certain nombre de personnes, été comme hiver ».

« Le ski va s’arrêter, c’est inéluctable, note David Berrué, estimant qu’il faut entretenir les installations existantes tant qu’on pourra et arrêter de moderniser ou de remplacer des équipements qui risquent de ne pas être amortis et d’aggraver l’endettement des collectivités. »