le téléphone pleurePourquoi Claude François a ressuscité sur les réseaux sociaux dernièrement ?

Pourquoi le nom de Claude François s’accompagne de plus en plus du terme « pervers » sur les réseaux sociaux ?

le téléphone pleureSur les réseaux sociaux, le nom de Claude François et sa relation avec les jeunes ressort. Mais pourquoi ?
Claude François réapparait ces derniers jours sur les réseaux sociaux.
Claude François réapparait ces derniers jours sur les réseaux sociaux.  -  ASLAN/SIPA / SIPA
Lina Fourneau

Lina Fourneau

L'essentiel

  • Depuis plusieurs jours, les relations sombres de Claude François avec les jeunes filles ressortent sur les réseaux sociaux.
  • Pourtant, les chansons de « Cloclo » ne sont pas tant réputées chez la gen Z.
  • Alors d’où vient cette « tendance » ? « 20 Minutes » a émis plusieurs hypothèses.

45 ans après sa mort, Claude François ressuscite sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas tant ses chansons qui marquent les internautes, mais plus l’attirance du chanteur pour les jeunes filles et ses relations avec. Chanteur pourtant peu connu de la Gen Z – peut-être auront-ils entendu Cette année-là dans une soirée années 70' – le sombre passé de Claude François semble les préoccuper. Mais comment ces affaires laissées à l’abandon à l’époque peuvent-elles ressurgir en ligne ? Voici quelques hypothèses.

Les archives

Sur Internet, aucune archive ne disparaît des yeux du grand public et les réseaux sociaux en sont souvent gourmands. Sur TikTok, l’entretien par Claude François accordé dans les années 1970 au média public belge, la RTBF, est nettement partagé. Au cours de cet échange, son attirance pour les jeunes filles ne fait aucun doute. « J’aime jusqu’à 17-18 ans, après je commence à me méfier. Bien sûr, j’ai des aventures au-delà de 18 ans, heureusement, mais après 18 ans je me méfie, parce que les filles commencent à réfléchir, elles ne sont plus naturelles, ça commence même quelquefois avant. Et puis, on retrouve cette forme humaine et équilibrée après une bonne trentaine d’années. Il y a une espèce d’horrible moyenne entre 18 et 30 ans ».

Plus récemment, la diffusion d’un documentaire sur W9 intitulé « Claude François, les derniers secrets » a aussi été largement repris sur TikTok. Un compte nommé « Reportages passionnants » lui consacre même une soixantaine de publications qui cumulent pour chaque vidéo entre 50.000 et 100.000 vues. Sur les commentaires, les internautes interrogent l’ignorance de l’époque. « C’est un autre monde, ce genre de discours ne choquait personne », « La pédophilie passait à l’époque, genre c’est Claude François qui voit des gamines et c’était normal ».

La reprise de la Star' Ac

Seconde hypothèse, l’hommage à la télévision. Depuis plusieurs semaines, la Star Ac' consacre quelques moments forts en plateau à des artistes anciens et contemporains. Seulement, cette accumulation de personnalités problématiques semble saouler les internautes. Pour le dernier prime de l’année 2023, le 30 décembre dernier, dédié à l’univers de la boum, un temps était consacré à Claude François et son célèbre Alexandrie Alexandra. Ce qui ne passe pas chez les jeunes téléspectateurs. « N’oubliez pas que tous les élèves ont chanté Claude François donc on va tous les boycotts à partir de maintenant, merci », propose l’un d’eux.

Ça aurait pu s’en arrêter là, mais la semaine suivante l’émission a une nouvelle fois énervé les téléspectateurs en proposant des chansons de Lomepal, rappeur accusé de viol. En interprétant Trop beau, Pierre – un des candidats – s’est pris plusieurs remarques. « Bruel, Claude François et maintenant Michael Jackson et Lomepal, c’est pour nous tuer », s’indigne un premier. « Et pendant ce temps la Star ac promeut Claude François qui a violé des ados », gronde un autre.

L’effet Depardieu

Plus largement, l’impunité ne semble plus passer du côté de la plus jeune génération et l’affaire Depardieu – visé par plusieurs plaintes pour agression sexuelle ou viol – récemment n’arrange rien. De quoi ressortir les nombreuses affaires passées sous silence depuis de nombreuses années. « Avant Depardieu, Claude François aussi », titre de nombreuses vidéos sur TikTok. Pour le sociologue Arthur Vuattoux, il existe effectivement un sursaut féministe et une conscience de genre qui se développent chez les plus jeunes, mais restent toutefois compliqués à mesurer. « Ce qui était avant cantonné dans des espaces militants, des réflexions sur le consentement, une lecture critique des médias au prisme du genre et des violences, ça s’est diffusé au-delà de ces cercles de débat, y compris chez les plus jeunes », résumé le sociologue.

L’exemple le plus marquant de rejet serait sans doute le boom autour du film Le Consentement il y a quelques semaines sur TikTok. Sorti en octobre dernier en salles, le film adapté du livre de Vanessa Springora a connu un véritable succès grâce à une tendance sur le réseau social. L’idée pour les internautes ? Se filmer avant puis après le film avec une mine décomposée. Une tendance qui montre que les notions de « consentement » et les affaires d’agressions sexuelles sont de plus en plus prises au sérieux chez les plus jeunes. Pas tous, alerte toutefois le sociologue Arthur Vuattoux. « Là on parle d’une frange de la jeunesse qui est plutôt progressiste, mais il ne faut pas oublier qu’il y en a aussi une qui demeure assez conservatrice, masculiniste ou antiféministe. Les réseaux sociaux sont aussi ce lieu-là. C’est un miroir déformant ».