Outta LoveComment bosser avec son ex ? Le défi à relever de Stéphane Séjourné

Gouvernement Attal : Comment bosser avec son ex ? Le défi à relever de Stéphane Séjourné

Outta LoveStéphane Séjourné a été nommé au ministère des Affaires étrangères et devra travailler avec son ex, le nouveau Premier ministre Gabriel Attal
Gabriel Attal, Premier ministre, Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères
Gabriel Attal, Premier ministre, Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères - NICOLAS MESSYASZ/Michel Euler/SIPA / SIPA / Canva
Cécile De Sèze

Cécile De Sèze

L'essentiel

  • Les ministres du nouveau gouvernement formé par Gabriel Attal ont été annoncés jeudi soir. Parmi eux, Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance, rejoint le quai d’Orsay.
  • Le nouveau ministre des Affaires étrangères a été par le passé pacsé avec son Premier ministre. De quoi se poser la question : comment fait-on pour travailler avec son ex qui est aussi son chef ?
  • Attention spoiler : Quand c’est impossible, quand l’une ou les deux personnes refusent le dialogue, l’éloignement va devenir la seule solution… S’éviter le plus possible, favoriser le télétravail.

Gare aux turbulences dans le salon Murat. Outre les ego éclatants des nouveaux et anciens membres du gouvernement, leur vie sentimentale risque aussi de faire trembler les murs en Conseil des ministres. Gabriel Attal a en effet nommé Stéphane Séjourné au ministère des Affaires étrangères. Le Premier ministre a été pacsé avec son nouveau chef de la diplomatie française, avant leur séparation il y a deux ans, confirmée par 20 Minutes. De quoi se poser la question des difficultés de travailler avec un ou une ex, d’autant plus lorsque les deux personnes ont un lien de subordination.

« C’est très chaud », résume à 20 Minutes Raphaëlle de Foucauld, thérapeute de couple et créatrice du podcast 2minutesdebonheur. « "No zob in job", c’est mon mantra », assure, pour sa part, Marion depuis qu’elle a été jetée il y a treize ans par son ex sur les marches de leur boîte, de bon matin en allant au travail. La rupture au bureau, c’est le risque à prendre quand on tombe dans les bras d’un ou d’une collègue. Un risque pris par 75 % des personnes interrogées pour un sondage conduit par Live Career et qui déclarent avoir déjà eu une relation amoureuse avec un ou une collègue. Et la plupart des relations ne durent pas toute la vie. Donc une rupture est vite arrivée et avec elle, toute l’animosité qu’elle peut entraîner dans l’open space ou dans la queue de la cantine.

Communicatus, communicatis, communcatunt

Tout dépend de la rupture en question. Si elle émane d’une décision commune, que les deux personnes sont en paix l’une avec l’autre, la relation professionnelle pourrait être épargnée, voire se développer en une relation d’amitié et de confiance. Mais dans le cas contraire, quand il y a « du ressentiment, de la colère, de la trahison, de la rancœur qui persistent, les tensions peuvent rendre le quotidien très compliqué », établit Amandine Ruas, coach professionnelle et de vie.

La communication, base de toute relation saine et équilibrée, est dans ce cas une nouvelle fois la clé pour éviter de se jeter les stylos au visage. « Il faut en parler pour voir comment travailler mieux ensemble, exprimer les non-dits et surtout avoir un espace d’expression hors de l’espace professionnel », conseille Amandine Ruas.

L’éloignement impossible

Quand c’est impossible, quand l’une ou les deux personnes refusent le dialogue, l’éloignement va devenir la seule solution. S’éviter le plus possible, favoriser le télétravail. C’est parfois impossible. « Dès le premier jour, il a fallu tenir toute la journée sans le croiser. Un échec, sachant qu’on avait des réunions en commun le matin et en début d’aprèm et que le service dans lequel je travaillais œuvrait étroitement avec le sien », se souvient ainsi Marion pour qui ça a été « le "Koh-Lanta" de l’évitement durant des mois ». « Continuer à se croiser, c’est compliqué. En plus, on est dans une boîte où on a un vrai environnement social, on se voit dehors, on fait du sport ensemble… Je me suis mis en retrait vis-à-vis de la boîte où je travaille, ça a été difficile », raconte également Jean (le prénom a été modifié).

Car la principale difficulté dans ce cas de figure, c’est de voir la personne tous les jours. En plus de la mauvaise entente, cela retarde le processus de deuil de la relation. « Il est important de couper les ponts, d’éviter de voir la personne car on a une histoire, des souvenirs en commun et il faut fermer ce chapitre pour se permettre de construire un quotidien sans l’autre », explique Raphaëlle de Foucauld. En outre, dans un environnement déjà contraignant, croiser son ex au travail « peut ajouter de la lourdeur, du stress et déconcentrer l’employé soumis à des émotions douloureuses », souligne encore Amandine Ruas.

La production des employés concernés peut aussi être altérée et donc, celle de l’entreprise. Quand l’avenir de la boîte entre en jeu, que « le fonctionnement est parasité par l’émotion », la hiérarchie peut prendre des mesures d’éloignement forcé, « comme la promotion, la mutation, le licenciement », énumère Philippe Zawieja, chercheur à l’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (Osmet) et psychosociologue (cabinet Almagora).

L’enfer, c’est les autres

Si la relation était connue de tous, on devient rapidement le sujet principal de discussion à la machine à café. Peut-être que les ministres auront d’autres chats à fouetter mais dans l’entreprise de Marion, c’était devenu « Angelina contre Jennifer », raconte-t-elle en référence à l’opposition longtemps faite par les fans entre Angelina Jolie et Jennifer Aniston, deux ex de Brad Pitt. « Les collègues portaient limite des tee-shirts, "je soutiens Marion" ou "je soutiens Alfred''. Les boules. En soirée taf, je savais que ça débattait de la rupture. Qui avait fait quoi ? qui avait dit quoi ? »

Les collègues risquent aussi d’être des victimes collatérales des disputes. S’ils peuvent réussir à éviter le jet de gomme dans l’open space, ils pourront se retrouver en pleine querelle sur le lieu de travail. « Cela a un effet délétère sur l’ambiance au travail et cela ajoute du stress pour venir travailler le matin », confirme Philippe Zawieja, sachant que « la mauvaise ambiance, un mauvais climat de travail sont des facteurs de souffrance au travail ».

Subordination : admiration ou défiance

Comme c’est le cas pour nos chers ministres, le lien hiérarchique va encore compliquer les choses. C’est particulièrement difficile de « suivre les directives de quelqu’un pour qui on n’a pas de respect ou l’on ressent de la colère ou si on le connaît dans sa vulnérabilité, cela peut décrédibiliser la personne dans sa posture de manager », développe Amandine Ruas. C’est ce qui est arrivé à Marion qui se rappelle de « remarques post-rupture qui blessent. Il m’attaquait sur mes compétences professionnelles en racontant des détails, faux, sur ma vie sexuelle à ses collègues. C’est devenu encore pire quand j’ai eu de nouvelles fonctions dans la boîte ». Mais à l’inverse, si les anciens conjoints se sont quittés en bons termes, « on peut trouver justement de la légitimité au poste occupé par son ex », nuance notre experte.

D’autre part, « celui qui a l’ascendant hiérarchique sur l’autre est potentiellement en faute de fait, d’autant que cela peut mener à des phénomènes de discrimination négative, voire un harcèlement potentiel », alerte par ailleurs Philippe Zawieja. De manière générale, même si elles sont « extrêmement contestables éthiquement et sans aucun appui légal, les démarches de prévention sont privilégiées », explique-t-il. En espérant qu’Emmanuel Macron a fait passer le message à ses troupes avant la formation du nouveau gouvernement.