laisse bétonStrasbourg expérimente le décroutage de bitume pour laisser respirer le sol

Strasbourg : « C’est la vie qui revient… » Enlever le bitume d’un sol, ça donne quoi ?

laisse bétonStrasbourg expérimente la « désimperméabilisation » des sols en enlevant le bitume
Le revêtement en bitume d'un parking a été enlevé dans le cadre du Zéro imperméabilisation nette (Zin) à Strasbourg le 15 janvier 2024.
Le revêtement en bitume d'un parking a été enlevé dans le cadre du Zéro imperméabilisation nette (Zin) à Strasbourg le 15 janvier 2024. - G. Varela / 20 Minutes / 20 Minutes
Gilles Varela

Gilles Varela

Pas zinzin du tout. Avec le nouveau concept Zéro imperméabilisation nette (Zin), l’Eurométropole et la ville de Strasbourg veulent augmenter les espaces de pleine terre et réduire les espaces imperméables. Alors pour y arriver, elles « décroutent » le bitume. A coups de pelleteuse, la ville vient de faire sauter ce lundi 350 m2 de revêtement d’un parking dans le quartier de Cronenbourg. L’idée du Zin est de compenser chaque imperméabilisation par une action équivalente de désimperméabilisation.

Un concept qui fait finalement écho au futur Zéro artificialisation nette (Zan) décidé à l’échelon national - un dispositif pas encore tout à fait applicable, qui sera piloté par les régions. Ce Zan vise à stopper la bétonisation des sols en 2050, et concernera surtout les zones rurales ou en périphérie de ville. Le Zin strasbourgeois revient donc à une déclinaison de Zan urbain, ciblant la perméabilisation des sols.

Pour l’heure, les zones « débitumée » servent surtout à l’étude, « pour voir comment évolue un sol une fois que l’on enlève une couche de bitume, explique Suzanne Brolly, adjointe à la maire en charge de la ville résiliente. Comment évolue cette couche imperméabilisante, de quelle façon la nature reprend ses droits et de quelle façon nous pourrons bénéficier, après, des services qui sont rendus par la nature ». Cette étude à l’approche scientifique, nommée Permeasol, s’étendra sur trois années. Lancée en mai 2023, elle est menée en partenariat avec divers laboratoires universitaires (ICube, ESE, LIVE).

« La vie revient »

Concrètement, il s’agit de comparer deux zones limitrophes. Une où l’on conserve le bitume mais où l’on interdit toute activité humaine, et une autre où le bitume est enlevé. Déjà, un premier terrain d’expérimentation a été lancé en septembre dernier dans le quartier de la Robertsau au nord de Strasbourg, sur 600 m2. « Un mois après, on voyait apparaître sur le bitume où l’accès est interdit des mousses qui se développent énormément et occupent la moindre fissure. C’est la vie qui revient », explique Lisa Le Moller, doctorante menant le projet de recherche Perméasol.

« Sur la zone limitrophe où le bitume a été enlevé, on observe déjà des petites plantules, des mousses, le début d’un développement de la végétation ainsi que l’infiltration de l’eau à l’échelle du site, détaille la doctorante. On y voit d’abord les espèces qui vivent sur les côtés de la zone et qui vont s’y implanter en premier. Ce sont des espèces qui vivent en milieu très pauvre, car il y a très peu de matières organiques. Ce sont des plantes qui sont habituées au milieu urbain. »

La ceinture verte, territoire d’expérimentation

« A chaque fois que l’on désimperméabilise la ville, on gagne un petit peu en résilience, rappelle Suzanne Brolly. On va être en capacité d’infiltrer les eaux pluviales. Plus on aura un territoire éponge, plus on sera capable de résister à l’impact du dérèglement climatique, des inondations, mais c’est aussi, en été, la possibilité de réduire les îlots de chaleur grâce à des surfaces qui sont végétalisées, de laisser respirer les sols et donc de favoriser la biodiversité », assure l’adjointe écologiste.

Notre dossier environnement

Plusieurs secteurs de l’Eurométropole ont été identifiés pour l’expérimentation, presque exclusivement situés sur la ceinture verte de Strasbourg, cet écosystème long de 17 kilomètres qui encercle la ville et la protège climatiquement. « L’objectif est la régénération des sols désimperméabilisés pour tenter, à terme, d’atténuer les conséquences néfastes de l’imperméabilisation urbaine », explique l’adjointe. D’autres secteurs de la ceinture verte sont concernés par le Zin tels que la Réserve naturelle nationale du Neuhof Illkirch, le futur parc du quartier Archipel 2, ou bien encore le terrain du Grand-Pré dans le quartier de la Montagne Verte. Le Zin, une idée qui, si elle prend racine, pourrait bien un jour pousser dans d’autres grandes villes de l’Hexagone, espère la ville.

Sujets liés