Fashion consoLa ginger beer, bouée de sauvetage des soiffards pendant le Dry January

Dry January : Comment la ginger beer a sauvé les soiffards pendant le mois sans alcool

Fashion consoDans un monde qui manque encore cruellement d’imagination pour les boissons softs, la ginger beer s’impose comme la star du « Dry January »
« Vite, une ginger beer pour tenir dans cette soirée  sans alcool. »
« Vite, une ginger beer pour tenir dans cette soirée sans alcool. » - Le radeau de la méduse & Ipe Image / Le radeau de la méduse & Ipe Image
Jean-Loup Delmas

Jean-Loup Delmas

L'essentiel

  • De temps en temps, le monde de la boisson en France tombe sur une pépite à surexploiter : le rosé pamplemousse en son temps, le Moscow Mule ou encore le spritz.
  • De telles tendances existent aussi dans le sans alcool. Notamment la ginger beer, qui a doublé son chiffre d’affaires en France en deux ans.
  • A l’occasion du « Dry January », 20 Minutes revient sur le succès de cette boisson fermentée (et sans alcool, vous l’aurez compris).

De notre envoyé spécial dans la hype,

Tout soiffard qui relève le défi du Dry January le sait : n’importe quelle soirée pendant ces 31 jours sans alcool contient deux difficultés majeures. La première, survivre aux commentaires moyen-âgeux : « On ne savait pas que tu étais chiant » et autres « Pourquoi tu fais ce défi ? T’es pas alcoolique ? » (courage à vous tous). La deuxième : on ne remplace pas si facilement la bière. Les cocktails sans alcool ? Souvent aussi chers que bourrés de sucre. Les sodas ? On a passé l’âge. La bière sans alcool ? Merci, mais on a encore un minimum de palais. Dernière alternative, le Perrier citron, mais à 5,6 euros, autant boire nos larmes directement.

Mais le supplice de Sisyphe que consistait le choix au bar a pris fin avec l’arrivée de l’élue. La ginger beer, reine des softs aux yeux de Sébastien : « Hors alcool, c’est clairement la meilleure boisson, et la seule qui peut tenir la comparaison avec une bière ou un ''vrai'' cocktail ». A 33 ans, cela fait cinq ans qu’il se plie au « Dry », avec, depuis trois ans, une sacrée facilité : « C’est beaucoup plus simple à tenir grâce à la ginger. Avant, je préférais éviter les soirées »

Un soft pour les gouverner tous

Les ventes de la ginger beer ont plus que doublé en deux ans en France, passant de 5 à 12 millions d’euros, renseigne le cabinet Nielsen. Un succès rare dans un domaine plutôt en gueule de bois. Miné par l’inflation et une météo estivale 2023 donnant peu envie de siroter des verres sous la pluie, alcool et sans alcool ont vu leurs ventes chuter en volume. Exception fait donc de la ginger, dont la demande explose. Et l’offre suit : « En moyenne, on trouve quatre marques différentes de ginger beer en supermarché en 2023, contre seulement trois en 2021. C’est un petit segment de consommation, mais à la progression extrêmement dynamique », note Yannis Chemlal, analyste consultant chez Nielsen.

Les bars, eux aussi, surfent sur la vague au gingembre. Sylvie, gérante du Mouton Noir à Perpignan, s’en frotte les mains : « C’est un peu le 'spritz' des sans alcool : d’un coup, tout le monde prend ça. C’est la boisson que le client va consommer s’il ne sait pas quoi boire et qu’il veut rester sobre. » En ce mois de janvier, la ginger beer est la troisième boisson la plus vendue de son bar, derrière les incontournables bières et cafés. « Mais même en dehors du Dry January, elle ne quitte jamais le top 5 », soutient Sylvie.

L’alternative la plus crédible

La ginger beer, Maxime* est tombé dedans quand il était adulte, après des années sombres composées de beaucoup trop de beuveries. Désormais membre des Alcooliques anonymes, il confesse : « La ginger beer m’a beaucoup aidé dans ce processus, car ça se rapproche d’une bière au bar. Dans la façon de la consommer, elle dure longtemps car on la boit par petites gorgées, contrairement à un coca, par exemple, que je peux siphonner en deux minutes. J’ai donc enfin à peu près le même débit que mes amis qui boivent encore. Egalement, la texture ressemble beaucoup à une bière. Et c’est plus sain ».

Un côté sain devenu l’argument marketing numéro un de la ginger, détaille Clémentine Hugol-Gential, professeure et spécialiste des enjeux contemporains de l’alimentation à l’université de Bourgogne. « Cette boisson surfe pleinement sur l’imaginaire healthy. Elle est sans alcool, bien sûr. Elle utilise du gingembre, présenté comme un aliment plein de vertus. Et elle est fermentée, ce qui la distingue des sodas sucrés dans l’esprit des gens, alors qu’elle aussi est pleine de sucre. »

Et l’experte de reprendre notre introduction : « Il y a une tendance à moins boire et les bons softs sont rares. Si la ginger beer marche autant, c’est aussi par faute de concurrence sur le secteur. » Justine, qui se lance dans son premier Dry cette année, l’admet : « C’est LA boisson que tout le monde m’a conseillée ». Plus expérimenté que la trentenaire, Sébastien confirme : « C’est un peu le secret qu’on se confie, le remède pour les bars où les autres boivent. » Pour les commentaires relous, par contre, aucune solution viable n’a été trouvée.

* Le prénom a été modifié

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