JUSTICEPrison avec sursis pour les manifestations interdites à Sainte-Soline

Sainte-Soline : Prison avec sursis pour l’organisation de manifestations interdites

JUSTICETrois opposants aux « bassines », réserves d’irrigation controversées, ont été condamnés mercredi à des peines comprises entre 6 et 12 mois d’emprisonnement avec sursis pour l’organisation de manifestations interdites
La manifestation de mars 2023 avait dégénéré en affrontements avec les gendarmes, faisant de nombreux blessés.
La manifestation de mars 2023 avait dégénéré en affrontements avec les gendarmes, faisant de nombreux blessés. - Ugo Amez / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La manifestation de mars 2023 avait dégénéré en affrontements avec les gendarmes, faisant de nombreux blessés. Deux manifestants avaient passé plusieurs semaines dans le coma. Le tribunal correctionnel de Niort a condamné ce mercredi trois organisateurs de manifestations interdites à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) contre les « bassines », ces réserves d’irrigation contestées, à de la prison avec sursis.

Julien Le Guet, porte-parole du collectif « Bassines non merci » (BNM), a été condamné à douze mois avec sursis, conformément aux réquisitions, et à une interdiction de paraître à Sainte-Soline et Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) pendant trois ans. Joan Monga, alias Basile Dutertre, et Nicolas Garrigues, alias Benoît Feuillu, deux membres du collectif Les Soulèvements de la Terre, ont eux été condamnés respectivement à neuf mois et six mois de prison avec sursis.

Amendes contre six autres prévenus

Le tribunal correctionnel de Niort a également prononcé des amendes contre les six autres prévenus pour leur implication dans quatre mobilisations survenues autour des chantiers contestés dans le Poitou entre le 26 mars 2022 et le 25 mars 2023. Parmi ces six autres prévenus figuraient deux membres de la Confédération paysanne, deux syndicalistes locaux affiliés respectivement à la CGT et Solidaires, un membre de BNM et un agriculteur bio.

Ces « réserves de substitution », qui visent à stocker de l’eau puisée dans les nappes en hiver afin d’irriguer les cultures en été, sont pour leurs partisans une assurance-récolte indispensable à leur survie face aux sécheresses à répétition. A l’inverse, leurs détracteurs décrivent un « accaparement » de l’eau par l’agro-industrie.

« Jugement politique » pour les organisateurs, « soulagement » pour les agriculteurs

« Nous espérions avoir un juge indépendant. Au contraire, nous avons eu un jugement politique avec un juge aligné sur des positions gouvernementales à l'envers du bon sens et de l'urgence climatique », a réagi Julien Le Guet, dénonçant « l'argumentaire clairement pro-bassines du juge ». Il a ensuite indiqué faire appel de cette décision comme quatre des huit autres prévenus.

Pour les agriculteurs irrigants, qui avaient évoqué à l'audience leur « traumatisme », ce jugement est un soulagement. « Être reconnus comme victimes, pour nous, c'est important », a déclaré à la presse Thierry Boudaud, président de la Coop de l'eau, groupement d'agriculteurs qui porte le projet de 16 réserves contestées.

Prochaine mobilisation attendue en juillet, juste avant les JO

Après de premières violences lors de la manifestation d’octobre 2022 à Sainte-Soline, la manifestation de mars 2023 avait dégénéré rapidement en affrontements avec les gendarmes, faisant de nombreux blessés. Dans un rapport, la Ligue des Droits de l'Homme a dénoncé un « usage disproportionné » des armes (grenades lacrymogènes, LBD) par les forces de l’ordre.

Une commission d’enquête parlementaire a conclu pour sa part mi-novembre à la « responsabilité écrasante » des trois mouvements qui avaient appelé à manifester à Sainte-Soline, en dépit d’interdictions préfectorales. Une prochaine mobilisation contre les « bassines » est annoncée en juillet prochain dans le Poitou, juste avant les Jeux olympiques de Paris.

Comme lors du procès, les soutiens des mis en cause, opposants aux « mégabassines », ont appelé mercredi matin au rassemblement devant le tribunal.