DAKARMalgré ses déboires, Loeb peut encore conjurer le sort sur le Dakar

Dakar 2024 : « Ça peut se jouer jusqu’à vendredi », malgré ses déboires, Sébastien Loeb peut encore conjurer le sort

DAKARLe leader Carlos Sainz et son poursuivant Sébastien Loeb ne sont plus séparés que par treize minutes en tête du classement général du Dakar 2024, avant les deux dernières étapes jeudi et vendredi
Malgré de nouveaux déboires mercredi, Sebastien Loeb a repris sept minutes au leader Carlos Sainz et peut encore remporter le Dakar 2024 lors de deux dernières étapes jeudi et vendredi.
Malgré de nouveaux déboires mercredi, Sebastien Loeb a repris sept minutes au leader Carlos Sainz et peut encore remporter le Dakar 2024 lors de deux dernières étapes jeudi et vendredi.  - PATRICK HERTZOG / AFP
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • Après des débuts difficiles sur le Dakar 2024 et de nombreuses crevaisons, le pilote français Sébastien Loeb rattrape son retard et n’est plus qu’à 13 minutes du leader Carlos Sainz avant les deux dernières étapes du rallye-raid jeudi et vendredi.
  • Malgré son incroyable palmarès et ses qualités de pilote, Sébastien Loeb n’a jamais remporté le Dakar malgré ses trois deuxièmes places sur le podium.
  • Si ses qualités de pilote peuvent lui permettre de rattraper son retard pour conjurer le sort, ses grosses prises de risque peuvent également lui faire tout perdre.

D’innombrables galères pour autant de remontées, mais la deuxième place semble coller à la peau de Sébastien Loeb sur le Dakar. Et c’est encore à cette place du classement général, derrière leader Carlos Sainz, que le pilote français va s’élancer pour les deux dernières étapes de ce Dakar 2024, jeudi avec 420 km entre Al-Ula et Yanbu, et vendredi pour une boucle de 175 km autour de Yanbu.

Son palmarès - 80 victoires en rallye et neuf titres de champion du Monde WRC, un record à Pikes Peak en plus de ses 27 victoires d’étape sur le Dakar - est aussi long que l’étape de 48 heures de ce Dakar, la grande nouveauté de 2024. Pourtant le pilote français n’a jamais réussi à remporter le plus célèbre des rallyes-raids. En sept participations, il ne s’est jamais mieux classé qu’à cette fameuse deuxième place, à trois reprises. La faute a « des petits problèmes mécaniques », parfois « des conneries de sa part », aussi « des erreurs de navigation ». « Et chaque année j’en ai eu une des trois », rappelait Loeb avant le départ.

Cette année ne déroge pas à la règle, et après une multitude de crevaisons, il a dû faire face, mercredi, à de nouveaux soucis mécaniques assez dingue à ce niveau-là. Sans son cric hydraulique qui n’a pas été réparé, Loeb et son copilote belge, Fabian Lurquin, ont été obligés de trouver des rochers sur lesquels se poser pour remplacer un même pneu, victime de crevaison à deux reprises.

« Des petits problèmes qui laissent des traces psychologiques »

Sauf que la batterie du pistolet à écrou, pour rapidement changer la roue, n’avait pas été rechargée par son équipe. « Il a fallu sortir la caisse à outils pour aller récupérer la clé manuelle pour serrer la roue. Ça fait chier », s’est même emporté le pilote contre Prodrive, à l’issue de la 10e étape, mercredi. Et ce ne sont pas les sept minutes et quelques récupérées sur son adversaire, Carlos Sainz, désormais plus qu’à treize minutes devant lui, qui vont le consoler.

« Ce sont tout ces petits problèmes qui laissent des traces psychologiques. Quand on voit ce qui s’est passé pour Nasser Al-Attiyah avec les problèmes de fiabilité moteur, il y a aussi de quoi être inquiet. J’espère que son moteur ne va pas flamber, parce qu’il mérite au moins le podium », avance à 20 Minutes Luc Alphand, vainqueur du Dakar en 2006.

Un « flamboyant attaquant », avec les risques que cela comprend

Quand ce ne sont pas des erreurs de Prodrive, ou des problèmes de fiabilité à l’image des déclarations fracassantes de Nasser Al-Attiyah qui ne veut tout simplement plus « piloter » de voiture du préparateur anglais, c’est encore et toujours la poisse qui rattrape Sébastien Loeb sur le Dakar. Comme ces cinq crevaisons lors des trois premières étapes de cette édition 2024, qui l’ont placé à près de 45 minutes de la tête du classement général.

Mais grâce à ses talents de pilotage, Loeb s’arrache depuis pour combler son retard et réaliser une remontada quasiment inimaginable il y a une semaine encore.

« Ol cravache, et gagne étape sur étape au point d’en avoir gagné plus que certains vainqueurs du rallye, que lui n’a toujours pas gagné. C’est aussi peut-être parce qu’il est autant à fond. Le Dakar, c’est 14 jours et 14 étapes et ça dépasse le seul pilotage. Il faut rouler vite, mais propre. Stéphane Peterhansel n’a pas autant gagné juste parce qu’il allait vite, mais aussi parce qu’il savait préserver sa voiture. Seb y arrive un peu moins, c’est plus un flamboyant attaquant », avance Luc Alphand. »

« Ça peut se jouer vendredi », prévient Luc Alphand

Le pilote français n’aura de toute façon pas le choix que d’attaquer, tandis que Carlos Sainz sera plus dans la gestion. Parce que l’Audi, bien que « la voiture la plus rapide » du plateau selon l’ancien skieur, connaît elle aussi beaucoup de problèmes de fiabilité. « L’inconnue de la fiabilité est un peu le ver dans la pomme pour Sainz et Audi », image même Luc Alphand. Sans son coéquipier Mattias Ekström qui est venu le dépanner d’une roue après trois crevaisons, « El Matador » aurait même pu perdre la tête du classement général mercredi.

Avec une nouvelle journée compliquée sur les roches abrasives de cette 11e étape de 400 km de spéciale entre Al-Ula et Yanbu jeudi, tout peut encore se jouer entre Sainz et Loeb. « Et ça peut même encore se jouer vendredi, parce que 175 km ce n’est pas rien. J’ai déjà vu un concurrent perdre 20 minutes le dernier jour à cause d’une mauvaise navigation », rappelle Luc Alphand. Bien qu’absent du Dakar pour la première fois depuis 1998 en raison de tests sur une voiture à l’hydrogène, le vainqueur du Dakar et champion de ski ne ratera pas une miette de ces deux dernières étapes : « Ça promet ! », prévient-il.